La seule vraie politique de rupture : en finir avec la Ve République [L’Agora]

Remaniement après remaniement, nomination après nomination, élection après élection, les Français assistent toujours au même spectacle navrant : un théâtre d’ombres où les acteurs changent de costume mais jamais de rôle. Un ministre tombe ? On le recase ailleurs. Un ancien Premier ministre oublié, type Manuel Valls, refait surface comme une vieille pièce de mobilier que l’on ressort du grenier. Des partis officiellement opposés se jettent des insultes en façade pour mieux négocier ensuite, dans les couloirs du pouvoir, de sordides compromis.

Et le peuple, lui ? Il n’est pas spectateur : il est prisonnier. Prisonnier d’un système verrouillé, usé, caduc. La Ve République, conçue par de Gaulle dans le contexte très particulier de 1958 — la guerre d’Algérie, la crainte de l’instabilité parlementaire — n’a plus rien à voir avec le monde d’aujourd’hui. Depuis, la société a changé, la France a basculé dans une mondialisation incontrôlée, les institutions se sont figées, mais le logiciel politique est resté le même : un système hypercentralisé, oligarchique, où l’électeur ne sert qu’à valider des candidats présélectionnés par l’appareil.

Des oppositions de façade

On nous rejoue le même scénario à chaque élection : d’un côté, l’extrême gauche de confort (La France insoumise), de l’autre, la droite de parade (le Rassemblement national). Mais qui croit encore que ces forces-là veulent vraiment changer les règles du jeu ? LFI crie à la révolution mais s’accommode parfaitement des subventions, des institutions et des fauteuils parlementaires. Le RN dénonce « le système » mais ne propose aucune rupture radicale : il rêve simplement de gouverner avec les outils de la Ve République, ces mêmes outils qui ont broyé tous ceux qui croyaient « faire autrement ».

L’un comme l’autre, ce sont des oppositions contrôlées. Ils aboient mais ne mordent pas. Ils canalisent la colère, l’orientent, la dégonflent. Leur rôle est d’empêcher qu’émerge la seule vraie contestation : celle qui vise le système lui-même.

Un système épuisé

La Ve République a transformé les institutions en une pyramide de notables et de carriéristes. On s’échange les ministères comme des jetons de poker, on recycle les têtes usées, on récompense la docilité par un portefeuille ou un poste doré. Pendant ce temps, les collectivités locales se multiplient : communautés de communes, agglomérations, départements, régions, toutes doublées de structures administratives obèses. Des milliers d’élus pour quel résultat ? Des impôts qui flambent, des normes qui s’accumulent, des décisions prises de plus en plus loin des citoyens.

La vérité, brutale, est là : la Ve République est devenue une machine à neutraliser le peuple. Une oligarchie électorale qui s’est peu à peu muée en caste.

Alors que faire ? Certainement pas s’indigner mollement ni attendre un énième « sauveur » sorti du chapeau. La seule rupture crédible, la seule véritable révolution politique, c’est en finir avec la Ve République. Non pas pour revenir à la IVe ou inventer une VIe République à la Mélenchon, c’est-à-dire un bricolage institutionnel de plus, mais pour instaurer une démocratie directe, radicale, ancrée dans le XXIᵉ siècle.

La Suisse a montré le chemin avec ses votations. Mais nous pouvons aller plus loin encore. Grâce aux outils numériques, chaque citoyen devrait pouvoir proposer une loi, exiger un référendum, contrôler les dépenses publiques. Finis les députés godillots qui votent ce qu’on leur dicte. Finis les élus ventripotents qui font carrière en se goinfrant d’indemnités. Le peuple doit redevenir souverain, au sens plein du terme.

Des mesures concrètes

  1. Réduction massive du nombre d’élus. Diviser par deux, voire par trois, le nombre de parlementaires, conseillers régionaux, départementaux et municipaux. Un élu n’est pas un métier mais un service.
  2. Suppression des collectivités parasites. Exit les départements, les communautés de communes et autres monstres administratifs. Une commune, une région (autonome), un État. Simple, clair, lisible.
  3. Contrôle direct par le peuple. Chaque dépense publique significative soumise à référendum local ou national. Les budgets ne seraient plus votés en catimini par des assemblées verrouillées, mais validés directement par les contribuables.
  4. Référendum d’initiative populaire. Pas celui vidé de sa substance qu’on nous promet depuis trente ans, mais un vrai : un nombre significatif de signatures, et la loi est soumise au peuple. Point.
  5. Fin des privilèges politiques. Salaires, retraites, avantages : les élus doivent avoir les mêmes droits que n’importe quel citoyen. Pas un de plus.

Une rupture civilisationnelle

Ce que nous proposons n’est pas seulement une réforme institutionnelle. C’est une rupture civilisationnelle. La fin d’un monde où une caste de politiciens recycle éternellement les mêmes têtes, les mêmes familles, les mêmes réseaux, pour perpétuer sa domination.

Il est temps d’arracher le masque. Le pouvoir actuel n’est pas démocratique : il est oligarchique. Les oppositions parlementaires ne sont pas des alternatives : elles sont des soupapes. Et la Ve République n’est pas une garantie de stabilité : c’est une camisole.

Les peuples d’Europe font face à des défis immenses : immigration de masse, effondrement industriel, perte d’identité, insécurité croissante. Or nos institutions actuelles, conçues il y a plus de soixante ans, sont incapables d’y répondre. Elles sont conçues pour étouffer le peuple, pas pour le libérer.

Il faut le dire sans détour : tant que la Ve République subsistera, aucune alternance réelle n’est possible. Remplacez Macron par un autre, mettez Bardella, Mélenchon ou n’importe qui : le système broiera les promesses et reproduira les mêmes logiques. La seule vraie rupture, c’est de briser ce carcan et de rendre le pouvoir au peuple. Non pas symboliquement, mais réellement, concrètement, juridiquement. Par des institutions radicalement nouvelles, fondées sur la démocratie directe.

« Du peuple, par le peuple, pour le peuple » : voilà la devise qui doit remplacer le simulacre actuel. Le reste n’est que bavardage.

Julien Dir

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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4 réponses à “La seule vraie politique de rupture : en finir avec la Ve République [L’Agora]”

  1. chana dit :

    Bravo, Julien, je plussoie totalement !
    Cela paraît être du bon sens et le seul moyen pour que cessent les barbouzeries et magouilles en tout genre…
    Mais avant, il faut sortir vite et impérativement de cette immense broyeuse qu’est devenue l’UE: FREXIT !!!!!

  2. Frédéric Cheval dit :

    Toujours aussi percutant et implacable. le constat est fait depuis longtemps, les solutions proposées me conviennent parfaitement. Bravo monsieur !

  3. Yann Gwern dit :

    Ce qui se décompose à grande vitesse, ce n’est pas la 5ème république. C’est la république elle-même, pseudo religion née de la terreur sur le fumier de l’absolutisme, et portée à son paroxysme par le dictateur Napoléon. Et dont le couronnement, après l’avortement constitutionnel va être la loi d’euthanasie qui est une priorité absolue. Ce systême est esssentiellement mortifère.

  4. mouchet dit :

    Excellent article constitutionnel et j’ajouterai qu’il faut une France fédérale avec un conseil fédéral présidentiel de 12 à 15 personnes. Comme par exemple des présidents de région, 2 généraux des représentants de partis et de syndicat afin d’avoir un consensus d’état économique financier social éducatif. Bref une vraie démocratie directe. Tous les élus avant d’être confirmés dans leur élection, devront passer un examen d’entrée en un questionnaire de 100 questions sur tous les sujets, afin de valider leur élection sur une moyenne de 15 sur 20. Mais ne plus jamais avoir un seul président psychologiquement mal à l’aise avec lui même, car c’est un danger pour la nation. L’exemple actuel est le pire jamais connu qui vient de ruiner la France.

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