Nicolas Vidal (Putsch Media) sort « La tempête qui vient » : « La colère populaire sédimente depuis quinze ans, et rien ne pourra plus l’arrêter » [Interview]

Fondateur de Putsch Media, journaliste indépendant et essayiste, Nicolas Vidal publie La Tempête qui vient (à commander ici), un court essai à la fois politique et visionnaire. Loin des analyses convenues des plateaux télévisés, il y décrit une France fracturée, épuisée par des décennies de trahisons politiques, de mépris social et d’abandon de souveraineté. Pour lui, l’affrontement entre le peuple et l’oligarchie n’est plus une hypothèse mais une certitude.

Dans cet entretien accordé à Breizh-info.com, Nicolas Vidal revient sur la sédimentation de la colère populaire, amorcée selon lui dès la trahison du traité de Lisbonne, nourrie par la révolte des Gilets Jaunes, la crise sanitaire et la réforme des retraites. Il dresse le portrait d’une caste politique “abâtardie”, déconnectée du pays réel, livrée à Bruxelles et à l’OTAN, et obsédée par la préservation de ses privilèges.

Face à cette décomposition du pouvoir, il voit émerger une France périphérique en éveil, qui s’organise loin des partis, des syndicats et des médias subventionnés. Une France qui, selon lui, ne demande plus la permission de choisir son destin.

Breizh-info.com : Ce livre est-il conçu comme un avertissement ou comme une prophétie politique ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Cet ouvrage n’est que l’expression de ce que je vois advenir depuis plusieurs années, notamment depuis la crise des Gilets Jaunes. Il est question de la sédimentation de la colère et de l’exaspération populaire face à une oligarchie politique qui a congédié la souveraineté du peuple en 2008 lors de la ratification du traité de Lisbonne par le Congrès réuni à Versailles. La surdité et le mépris de l’ensemble de la classe politique a construit inexorablement cette colère populaire qui est sur le point de sortir de son lit et qui deviendra incontrôlable.

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Breizh-info.com : Vous parlez d’une colère populaire inévitable : à quel moment avez-vous pris conscience que « l’affrontement » devenait, selon vous, inexorable ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Les Gilets Jaunes ont clairement marqué une fracture et ont incarné la sécession des élites décrite avec beaucoup de talent par Christophe Lasch. En réalité, la notion de « sédimentation » est absolument centrale si l’on veut prendre la peine d’appréhender et d’analyser cette vague populaire qui monte au fil des jours. La gestion autoritaire de la crise sanitaire, le passage en force contre la volonté du peuple sur la réforme des retraites, la révolte des agriculteurs ou la crise des Gilets Jaunes ont été des accélérateurs formidables de l’exaspération. À cela, il faut ajouter la colère sourde contre les ravages de la mondialisation qui a mis notre pays à sac et qui a été imposée contre l’avis des Français. «Libérez les énergies » a promis Emmanuel Macron, qui n’a été que le chant du cygne de la grandeur de notre pays, offert en victime expiatoire aux intérêts privés, aux marchés et aux fonds d’investissement. Cela relève d’une trahison de la macronie, avec la complicité d’une grande partie de la classe politique. Jamais il n’a été question ( et c’est encore le cas) de remettre en cause et de s’opposer frontalement aux diktats de l’Union européenne, qui n’est que le cheval de Troie de la mondialisation et qui détruit notre pays.  Ce pays a été vendu à la découpe par une oligarchie sans foi ni loi dans une apathie populaire plus que déconcertante.

Breizh-info.com : Vous décrivez une oligarchie « abâtardie » qui aurait confisqué le pouvoir. Qu’entendez-vous précisément par ce terme ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : L’effondrement prémédité de notre éducation nationale, l’abrutissement délibéré des Français depuis une trentaine d’années a fait d’une partie de ce peuple une foule de consommateurs qui se sont laissé déposséder de l’essentiel : leur pays et leur souveraineté. Et par là même, l’élite abâtardie qui aujourd’hui occupe les hautes fonctions de l’Etat n’a pas échappé à ce naufrage cognitif intellectuel et culturel.  Et lorsqu’un peuple se lie au malheur de laisser une telle caste au pouvoir, la fin ressemble très souvent au chaos.

Ainsi, nous avons une classe dirigeante dont le patriotisme est équivalent à son intelligence, c’est-à-dire réduite à la portion congrue. J’en veux pour preuve la mascarade absolument effrayante que nous vivons avec la succession de gouvernements et de Premiers ministres.

Et lorsque je parle d’abâtardie, je pointe du doigt le fait que cette caste politique, tous bords confondus n’a plus qu’un seul objectif : la délirante et pathologique recherche de la  sauvegarde de ses postes et de ses intérêts. L’effondrement intellectuel et culturel se traduit vers une obsession de l’intérêt du parti qui n’est que la plus pure expression de la recherche de l’intérêt privé. Ces gens se sont en réalité désincarnés et désolidarisés des Français et de la nation. Le patriotisme a été sacrifié sur l’autel du carriérisme et des intérêts privés. Nous sommes passés de Pierre Mendès-France à Stéphane Séjourné et de Marie-France Garaud à Elisabeth Borne ou à Agnès Pannier Runacher. L’élite politique française a fait naufrage et la France en paie un lourd tribut.

Breizh-info.com : Vous mettez en cause autant Emmanuel Macron que l’opposition. Considérez-vous qu’il n’existe plus aujourd’hui de véritable alternative politique en France ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Pour les raisons invoquées plus haut, les convictions et le courage ont laissé place à l’ambition et au carriérisme. Et le moment dramatique et chaotique que nous vivons corrobore parfaitement cette analyse où une caste politique que les Français rejettent massivement et que beaucoup haïssent déploie des trésors d’imagination pour tenter de s’accrocher au pouvoir, aux postes, aux prébendes offerts par la République et financés par les Français.

Cette stratégie est valable pour l’ensemble des formations politiques représentées à l’Assemblée nationale. Chacune par un opportunisme d’urgence politique tente de faire croire à un simulacre de démocratie et essaie de s’extraire de la mêlée. Nous voilà entrés dans la coalition des pleutres.

Néanmoins, chacune se garde bien de pousser Emmanuel Macron dans ses retranchements en risquant une dissolution qui enverrait au tapis des centaines de députés. La LFI qui demande sa destitution sait pertinemment que le processus institutionnel n’a aucune chance d’aboutir alors que le RN ne s’y associe pas, dissimulé derrière le respect des institutions. Les autres formations tentent désespérément de participer à la tambouille politique tout en s’assurant de garder encore quelque temps les mandats de députés.

Breizh-info.com : Vous dénoncez la soumission à Bruxelles et à l’OTAN. Pour vous, la souveraineté française est-elle définitivement perdue ou reste-t-il une chance de la reconquérir ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : La souveraineté de la France ne se récupérera qu’à la condition d’un formidable courage politique. Néanmoins le naufrage que nous vivons marque en réalité la mort de ce système qui a dégénéré au fil des années et qui a donné naissance à une véritable caste. Et pour exister, elle a pris le parti du fédéralisme européen, dont le passage obligé devait mener à la dissolution de la France dans le magma européen. Car la mécanique bruxelloise repose sur une forme de corruption intellectuelle, non pas au sens pénal du terme, mais dans les promesses de carrière qu’elle offre pour ceux qui y prêtent allégeance : place de commissaires européens, mandats de députés européens, postes dans l’administration bruxelloise, opportunités de recyclage dans de grosses entreprises privées internationales, mais par-dessus tout, elle vous assure une place dans le camp du bien et dans la sphère du progressisme, qui remercie généreusement ses adeptes.

Là est le combat qui attend ceux qui voudront sortir la France de cette ornière qui s’est creusée au fil des années. Notre appartenance à l’OTAN n’est que le prolongement à cette soumission mondialiste dans laquelle la France a beaucoup perdu pour sa puissance économique et son rayonnement international. Cette stratégie touche à sa fin et l’espoir que nous pouvons nourrir aujourd’hui réside dans le fait que de plus en plus de Français font le lien absolument crucial entre leur déclassement économique et le mensonge éhonté de la mondialisation heureuse. Et la pression populaire pourrait être le meilleur carburant pour retrouver notre souveraineté en mettant une nouvelle classe politique au pouvoir.

Breizh-info.com : Le mouvement des Gilets jaunes occupe une place centrale dans votre récit. Pensez-vous qu’il s’agisse d’un point de non-retour dans la conscience politique française ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : La Crise des Gilets Jaunes a marqué un tournant fondamental dans cette prise de conscience concernant la trahison de nos élites. Ils ont été les canaris dans la mine. Ces Français ont été les premiers à prendre conscience qu’ils étaient les victimes expiatoires d’une politique mortifère et les témoins impuissants d’une dépossession de leur pays.

Et ce qui fut vertigineux dans cette fracture fut que toute la classe politique n’y a finalement accordé que peu d’importance, si ce n’est le fait de mesurer la déflagration que cela pourrait avoir sur leur carrière politique.

Le chaos que nous vivons aujourd’hui est l’acmé de ce naufrage politique et de ce viol démocratique d’une caste politique tous bords confondus qui a méprisé les Français et a tout fait pour les éloigner du destin du pays. Nous vivons aujourd’hui ce point de non-retour.

Breizh-info.com : Vous parlez de collectifs, de rencontres quasi clandestines : voyez-vous déjà se structurer une nouvelle force populaire en dehors des partis et syndicats ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Depuis les Gilets Jaunes, je suis frappé par la mobilisation de milliers de citoyens au travers de collectifs, d’associations, de comité, et d’initiatives populaires aux quatre coins du territoire, qui s’est considérablement renforcé pendant la crise sanitaire.

Depuis deux ans, j’ai participé à une centaine de conférences et de dédicaces partout en France mais aussi en Belgique et au Québec. Et le constat se vérifie à chacune d’entre elles. Elles dessinent pour moi la parfaite cartographie de la colère.  Et vous avez entièrement raison de parler d’une nouvelle force populaire en dehors des partis et des syndicats. Considérer l’ensemble des Français comme des « veaux » est une erreur grossière faite par la classe politique qui distingue les Français en deux groupes : les militants et les adhérents, puis les abstentionnistes dépolitisés. De très nombreux Français ont fait le constat qu’il n’existait plus aucune incarnation politique dans le pays sur laquelle ils pouvaient se reposer. Ils sont également parvenus à la conclusion que les forces syndicales n’étaient plus qu’une courroie de transmission du pouvoir pour juguler les colères populaires et se prémunir des révoltes à venir.

Breizh-info.com : Estimez-vous que la fracture entre la France périphérique et les élites parisiennes est aujourd’hui irréversible ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Assurément, car les élites parisiennes qui comprennent le monde politique, médiatique, économique et le marigot show-business sont les promoteurs d’un monde mondialisé, fluide et liquide dans lequel la nation et l’identité sont des obstacles à sa réalisation. Leurs moyens financiers, leurs réseaux, leur endogamie avec le pouvoir et leur inculture les poussent à militer pour un monde sans frontière, dans lequel il n’y a plus de cadre, plus de limite où le brassage, le melting pot et la diversité sont des valeurs cardinales. Néanmoins, ces élites prennent garde de ne pas se mélanger et y préférant la bunkérisation de classe. L’écologie punitive est devenue leur religion alors qu’ils sont des adeptes d’une mobilité internationale à « l’empreinte carbone » considérable dont ils chérissent l’orthodoxie.

En réalité, ces « élites » parisiennes ont trouvé dans Emmanuel Macron le Saint Patron qui saurait dissoudre la France. Pour parvenir à cet objectif, la seule stratégie était de gouverner contre son propre peuple. Avec tous les risques que cela implique. Et inévitablement cela va très mal finir.

Breizh-info.com : Le titre de votre livre annonce une « tempête ». Parlez-vous d’une insurrection, d’un soulèvement organisé ou d’une recomposition lente et souterraine ? 

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Bien malin qui peut prédire ce qu’il adviendra. Ce dont on peut être sûr, c’est un processus de sédimentation de moins en moins silencieux qui s’opère dans le soubassement du pays. Pourtant, les alertes ont été nombreuses ces dernières années : crise des Gilets Jaunes, révoltes des agriculteurs, manifestations monstres contre la réforme des retraites, ou encore l’appel (avorté) du 10 septembre. Mais elles ont été traitées par le mépris et la criminalisation en arguant que les complotistes, les antivax et les ingérences russes étaient derrière ces soubresauts populaires. Emmanuel Macron en a profité pour multiplier les conseils de défense pour se prémunir des ingérences russes dans les affaires nationales et renforcer le contrôle sur ses propres citoyens et traquer numériquement ses ennemis politiques dans la société civile avec l’aide des GAFAM. Faire taire est leur seul projet.

Breizh-info.com : Vous semblez certain que l’effondrement du système est proche. Quels signes concrets observez-vous qui vous confortent dans ce pronostic ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Un vent puissant de dégagisme souffle sur la France, et vise l’ensemble de la classe politique qui continue de participer à cette course effrénée pour rester aux affaires.

Les semaines que nous vivons traduisent le basculement d’une classe politique qui pourrit sur pied parce qu’elle n’a pas voulu défendre bec et ongles les intérêts de la France et des Français et qui se désintègre au contact de la pression populaire.

Une nouvelle fois, la question de l’incarnation démocratique se pose collectivement aux Français et l’enseignement d’une gouvernance contre le peuple est particulièrement intéressante. Il est essentiel de constater qu’alors que la situation politique est apocalyptique, de très nombreux députés n’ont qu’une obsession : sauver leur mandat, ce à quoi nous pouvons ajouter que l’intersyndicale est extrêmement silencieuse depuis le 18 septembre, date de la dernière mobilisation. En réalité, il y a une peur panique de part et d’autre que le dégagisme s’exprime violemment dans la rue hors des cadres et des organisations et balaie la France, la classe politique et les corps intermédiaires. En un mot, le système est terrorisé à l’idée de disparaître.

Breizh-info.com : Quel rôle peut jouer, selon vous, le journalisme indépendant dans ce contexte d’affrontement annoncé ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Le rôle du journalisme indépendant reste toujours le même, quelles que soient les vicissitudes du pays. Informer, faire vivre le pluralisme, et mettre l’honnêteté au centre de notre travail de journaliste. Ce qu’il me paraît crucial c’est d’apporter à nos lecteurs des grilles de lecture et des points d’accroche dans les événements que nous vivons et surtout prendre soin de ne jamais prendre nos lecteurs pour des imbéciles. Je suis très attaché à cette notion du journalisme et je refuse de faire ce que je reproche aux grands médias privés et publics. Quoi qu’il en soit, nos abonnés sont des juges de paix et s’ils estiment à moment donné que notre ligne dévie, ils nous abandonneront en chemin. Chez Putsch, nous avons des lecteurs qui ont des sensibilités politiques très larges mais nous pouvons compter surtout compter sur des citoyens qui sont avides de s’informer et de comprendre. Enfin mon engagement se place dans le pluralisme des voix.

Breizh-info.com : Vous dirigez Putsch Media et pris des positions qui vous valent parfois d’être classé parmi les voix « dissidentes ». Comment assumez-vous cette étiquette ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Je ne fais rien de plus que faire mon travail de journaliste tel que je le conçois. Si cela me vaut le qualificatif de voix dissidente, je m’en réjouis. L’indépendance est précieuse. La compromission n’est pas négociable même si cela peut vous coûter cher dans certains médias qui suivent des lignes éditoriales à géométrie variable. Après toutes ces années, comme créateur de médias, je me suis rendu compte avec stupéfaction, et parfois avec consternation, que la liberté totale des journalistes est assez rare et que l’effondrement économique accélère le fait que, pour certains, l’honnêteté a pris au fil du temps la texture d’un tuyau d’arrosage.

Breizh-info.com : Enfin, quel message ultime souhaitez-vous transmettre à ceux qui liront La Tempête qui vient ?

Nicolas Vidal (Putsch Media) : Ce petit livre tente de répondre à la question que beaucoup se pose sur ce qui sortira de cette situation apocalyptique. Quels sont les ferments de la révolte populaire et qui seront ces Français qui ne demanderont plus la permission de vivre et d’exister ? C’est un concentré des analyses et des observations que j’ai pu faire depuis la crise des Gilets Jaunes et des autres tourments populaires que j’ai suivis de l’intérieur. Enfin, je suis un produit de la France rurale et je vis au milieu des miens qui sont les meilleurs thermomètres de la colère populaire. Car les Français ne sont pas des sondages et des enquêtes d’opinion dont les médias mainstream nous abreuvent en continu. Les Français sont un peuple vivant et éruptif qui ne demande qu’à vivre paisiblement dans un pays souverain, indépendant et fier de ce qu’il est. Et ils sont sur le point de ne plus demander la permission de choisir leur destin.

Livre à commander ici

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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