Le dernier rapport du CRÉDOC réalisé pour la Chambre Syndicale Nationale des Arts Funéraires (CSNAF) dresse un portrait étonnamment apaisé de la relation des Français à leurs cimetières. Loin de n’être que des lieux de deuil, ils deviennent peu à peu des espaces de promenade, de culture et même de biodiversité.
Une image globalement positive
Deux tiers des Français déclarent avoir une bonne image des cimetières. Pour la majorité d’entre eux, ces lieux restent avant tout essentiels au travail de deuil et au recueillement (75 %). Mais ils sont aussi perçus comme des témoins de l’histoire et du patrimoine local (72 %). Ce regard favorable se renforce avec l’âge : 65 % des plus de 55 ans et 70 % des plus de 65 ans y voient un espace porteur de sens et de mémoire. À l’inverse, un tiers des moins de 35 ans exprime une image négative, jugeant les cimetières trop minéraux, peu fréquentés ou mal entretenus.
Si la symbolique demeure forte, les critiques sont nombreuses. 58 % des sondés dénoncent un manque de place pour les nouvelles sépultures, et 54 % regrettent l’absence d’équipements de base : bancs, robinets, points d’eau, lieux de recueillement abrités ou parkings.
La perception esthétique joue également : un Français sur deux estime que les cimetières manquent de verdure et 25 % les trouvent « laids ».
Cependant, l’idée qu’ils « prennent trop de place » ou « font baisser le prix de l’immobilier » reste minoritaire — seules 15 à 30 % des personnes interrogées partagent ce sentiment.
Des usages qui évoluent : le cimetière, un lieu de vie sociale et culturelle
L’un des enseignements les plus marquants de l’étude est la transformation progressive de l’usage des cimetières. La moitié des Français y sont entrés pour une autre raison que le deuil au cours des douze derniers mois.
Pour 54 %, il s’agissait de découvrir des tombes, des monuments funéraires ou l’histoire locale. 32 % s’y sont rendus pour se promener, et 20 %… pour remplir une gourde ou une bouteille d’eau.
Certains y ont même participé à des lectures ou des concerts (7 %), principalement dans les grandes agglomérations.
Les Parisiens, les diplômés et les cadres figurent parmi les plus nombreux à fréquenter les cimetières pour des raisons patrimoniales. Et 30 % des Français déclarent en avoir déjà visité à l’étranger, souvent lors de voyages culturels en Europe ou au Moyen-Orient.
Un attachement fort aux traditions funéraires
Sur les questions de pratiques, les Français restent très attachés aux rites traditionnels.
76 % refusent l’idée d’interdire le dépôt de fleurs naturelles, et 68 % s’opposent à la suppression des monuments funéraires. La « sobriété écologique » du deuil ne convainc pas : même si 92 % des sondés se disent sensibles à l’environnement, ils restent réticents à appliquer cette logique au domaine funéraire.
L’idée d’interdire les fleurs artificielles, pourtant polluantes, ne recueille qu’un soutien modéré (45 %).
Les attentes futures se concentrent sur deux priorités :
- La restauration des tombes et monuments remarquables (56 %) ;
- Le développement des espaces verts et de la biodiversité (49 %).
Ces orientations traduisent une volonté de réenchanter les cimetières en les ouvrant à la promenade, à la culture et à la nature. Certains sondés (30 %) aimeraient même la création de parcours historiques ou thématiques, tandis que 21 %se disent favorables à l’ouverture des cimetières aux sépultures d’animaux de compagnie.
En filigrane, l’étude du CRÉDOC révèle un double mouvement : les cimetières demeurent un ancrage spirituel et familial, mais deviennent aussi des espaces civiques et culturels. Alors que la société française s’éloigne de ses rites religieux, le cimetière reste un dernier lieu de lien social et de mémoire partagée.
Pour la CSNAF, cette évolution appelle une réflexion d’ensemble : comment concilier respect des morts, préservation de l’environnement et valorisation du patrimoine funéraire ?
Illustration : wikipedia (cc)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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2 réponses à “Les Français et leurs cimetières : entre mémoire, patrimoine… et écologie”
Dommage que beaucoup de cimetières soient depuis quelques petites années si mal entretenus. On devine un manque de respect envers les défunts et les vivants qui payent l’entretien de ces lieux. Les mairies vous répondent que cette charge revient aux familles. Ceci est aussi un signe du déclin de la nation.
Une question: de plus en plus de communes suppriment les concessions perpétuelles. Il ne reste plus, en cas de décès, qu’à creuser, en 24 heures, un caveau préfabriqué de deux places, où tout est improvisé, pour une concession maximale de 50 ans. Au terme, ce que l’on appelle pudiquement « les reliques » sont jetées à la fosse commune, le caveau est démoli, et la concession est reprise. Toute histoire de l’humanité disparait après 50 ans …