Ce matin-là, au café des Brisants, le jour s’était levé sur un ciel d’étain. À travers les vitres embuées, j’observais les bateaux quitter le port de Léchiagat, silhouettes lentes, pavillon claquant au vent, qui s’en allaient pêcher vers la ligne d’horizon. La salle sentait le sel et le café chaud. Devant moi, un exemplaire froissé de Libération traînait sur le comptoir. J’y ai lu un article qui résume à lui seul la cécité d’une presse devenue dévote : un reportage de Frédéric Autran venu du Colorado et du Nouveau-Mexique, qui en fait des tonnes sur « l’armée des résistants », ces militants démocrates persuadés d’être la dernière digue contre la barbarie trumpiste.
On y parle de « résistants », de « peur », de « menaces ». On invoque la résistance, la clandestinité, presque la persécution. Comme si l’Amérique de Joe Biden était la France de 1942 ou la Hongrie de 1956. Tout y passe : le lexique de la Résistance, les slogans martiaux, les héroïnes de quartier érigées en figures de courage face à un ennemi omniprésent et invisible, la droite, les chrétiens, les « complotistes ». C’est du roman-feuilleton sous morphine morale.
Ce que Libé ne dit pas, c’est que les vraies violences, celles qui ensanglantent l’Amérique depuis dix ans, viennent souvent de ce même camp progressiste qu’il encense.
Qu’on se souvienne des émeutes de Black Lives Matter, en 2020 : 25 morts, des centaines de commissariats incendiés, des quartiers entiers réduits en cendres. Des dizaines de milliards de dollars de dégâts. Les médias, eux, parlaient de « manifestations pacifiques ». On brûlait des églises et des voitures de police au nom de la justice sociale, et Libération applaudissait à distance, l’œil humide et la conscience tranquille.
Et que dire de la terreur antifa, cette milice urbaine que la gauche française s’obstine à ignorer ? Pendant des années, leurs commandos ont semé la peur sur les campus américains, empêchant toute parole dissidente de se faire entendre. Charlie Kirk, fondateur de Turning Point USA, en fit les frais : menaces de mort, conférences annulées, agressions physiques. Il aura passé des années à devoir négocier son droit à parler dans son propre pays. Et il a fini par être assassiné par un gauchiste décérébré, lui qui croyait encore à la possibilité du débat dans une Amérique qui ne supporte plus la contradiction.
Pendant que les universités saccageaient les statues des pères fondateurs et réécrivaient l’histoire au profit d’une nouvelle religion de la haine raciale contre les Blancs, les rédactions européennes, Libération en tête, chantaient les vertus de la «résistance progressiste». Le mot «antifa» y sonne encore comme un gage de courage, quand il n’est que l’autre nom de la brutalité.
Ce que l’article d’Autran décrit comme une «armée de résistants» n’est rien d’autre qu’une avant-garde de conformistes, persuadés d’être héroïques parce qu’ils pensent ce que tout le monde pense déjà dans les milieux qui comptent : les universités, les plateformes, les médias. Ils n’ont pas besoin de se cacher ; ils règnent. Ils n’ont pas besoin de courage ; ils ont la loi, les juges et les réseaux sociaux pour eux.
Leur “combat” n’est qu’une posture morale sans risque, mais avec gratification automatique. Pendant qu’ils se mettent en scène comme victimes, les véritables dissidents, conservateurs, libertariens, croyants, patriotes, paient, eux, le prix réel de la parole libre.
J’ai refermé le journal, tandis que les chalutiers disparaissaient dans la brume. La mer s’ouvrait devant eux comme un champ de bataille calme et nécessaire. Je songeais qu’à force de travestir la lâcheté en héroïsme et le fanatisme en vertu, les progressistes ont inversé la boussole morale de l’Occident.
Les vrais résistants, aujourd’hui, ne sont pas ceux que Libération célèbre : ce sont ceux qu’il insulte.
Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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