Jérôme Pensu (Sauvage !) : « Si l’humain préfère le pouvoir d’achat au pouvoir de vivre, il est d’ores et déjà perdu » [Interview]

Dans Sauvage !, un lanceur d’alerte dénonce l’un des trafics les plus discrets et les plus cruels de notre époque

Flamants roses amputés pour être gardés captifs, rapaces vendus à des zoos par des centres de soins, reptiles torturés pour alimenter le marché des animaleries, phoques capturés illégalement pour enrichir des aquariums, éléphants arrachés à leur troupeau pour des parcs d’attractions… Derrière ces faits qui paraissent relever de la fiction se cache une réalité bien française : celle d’un trafic d’animaux sauvages qui, chaque année, brasse des millions d’euros dans une quasi-impunité.

Dans Sauvage ! (éd. Max Milo), Jérôme Pensu, spécialiste de la faune sauvage et figure de la lutte contre ce commerce clandestin depuis plus de trente ans, livre un cri d’alarme sans concession. Il y décrit les rouages d’un système où se mêlent trafiquants, institutions défaillantes, complicités administratives et silence associatif, le tout sur fond d’indifférence politique.

Mais au-delà du constat, l’auteur appelle à une réaction collective. Pour lui, ce massacre du vivant n’est pas une fatalité : la société peut encore agir, à condition d’ouvrir les yeux sur l’ampleur du scandale et d’exiger des moyens réels pour défendre la biodiversité.

Breizh-info.com a rencontré Jérôme Pensu pour évoquer son combat, les affaires qui l’ont marqué et les mesures concrètes qu’il propose pour que la France cesse d’être, selon ses mots, « le pays du blanchiment animal ».

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire Sauvage ! ? Était-ce l’accumulation de dossiers trop choquants pour rester silencieux ?  Vous présentez votre livre comme un cri d’alarme. Qui cherchez-vous à réveiller en priorité : les autorités, le grand public, ou les professionnels de la faune ?

Jérôme Pensu : Depuis 35 année que je me consacre à la lutte contre le trafic il me semblait nécessaire d’écrire pour partager mon expérience et pour expliquer les mécanismes qui permettent le trafic. Il est réalisé certes par des gens peu scrupuleux mais il est surtout favorisé par des décisions administratives, parfois couvert par de haut fonctionnaire jusqu’à la direction de la police de l’environnement le tout sous l’œil incrédule est mal formé du monde associatif qui laisse faire sans bouger. Il me semblait important de raconterai en détaille ce qu’est le trafic, comment ça fonction a cause de qui au profit de qui et avec la complicité de qui.

Breizh-info.com : Quelle affaire, parmi toutes celles que vous avez suivies, vous a le plus marqué et révélé l’ampleur de ce trafic ?

Jérôme Pensu : C’est sans doute une affaire récente qui à elle seule illustre le problème et son ampleur, les mécanismes administratifs qui permette les opérations de blanchiment et la couverture par les administrations de contrôle que de façon tacite le couvre et le valide : Je découvre que deux tortues adultes nées dans les années 50 ont été blanchis par un zoo italien avec la validation de l’administration ministériel

Breizh-info.com : Vous décrivez un trafic qui pèse des millions d’euros en France. Qui sont les principaux acteurs : de petites filières locales ou de véritables réseaux internationaux ? Quels sont les animaux les plus touchés aujourd’hui en France et en Europe ?

Jérôme Pensu : Les acteurs du trafic sont inévitablement les mêmes que ceux de la filière commerciale traditionnel. Le trafic étant une émanation illégale du commerce légal. On y trouve donc des éleveur d’oiseaux de reptile de félins, des animaleries des zoos. Les reptiles et les oiseaux, notamment les perroquets et les rapaces sont sans nul doute les plus touchés par le trafic.

Breizh-info.com : Vous parlez de rapaces, de phoques, d’éléphants… Pourquoi ces espèces en particulier intéressent-elles les trafiquants ? Comment expliquer que des centres de soins ou même certains zoos participent, directement ou indirectement, à ce commerce ?

Jérôme Pensu : Les filières légales sont de moins en moins présentes sur le marché, la demande en animaux que ce soit chez les particuliers ou dans les zoos est toujours aussi importante, la capacité de fournir légale étant amoindrie la demande est compensée par le trafic

Breizh-info.com : Vous insistez sur l’impunité des fraudeurs. Est-ce dû à un manque de moyens, à des complicités, ou à une indifférence politique ? Que valent réellement les lois françaises et européennes en matière de protection de la faune sauvage ? Sont-elles mal conçues ou mal appliquées ?`

Jérôme Pensu : Tout à la fois. Les textes règlementaires prévoient des sanctions parfois lourdes, mais les dossier présenté au tribunal le sont entre deux tentatives de viol une tentative d’effraction et un cas d’exhibitionnisme. Ils passent donc pour des dossiers sans importance et les associations n’ont toujours pas compris ce qu’est le trafic. Quant aux textes internationaux censés gérer le commerce et non l’interdire, ils sont d’une inefficacité dingue et sont la preuve que l’exploitation durable de la faune est un leurre qui ne marche pas.

Breizh-info.com : Vous dites que ce trafic n’est pas une fatalité. Quelles mesures concrètes pourraient, selon vous, stopper rapidement cette industrie ? Quel rôle peuvent jouer les citoyens au quotidien ? Boycotter certains parcs, refuser certaines pratiques, ou intervenir dans le débat public ?

Jérôme Pensu : Les mesures à mettre en place sont non seulement simples mais surtout finançables :

  • Un tribunal pour l’environnement ou a minima un parquet national de l’environnement avec des magistrat en capacité de comprendre les enjeux les risques les gains et les mécanismes du blanchement.
  • Augmenter la formation des agents de la police de l’environnent qui faute de savoir se font manipuler par les mis en cause
  • Ouvrir une vraie structure d’accueil pour animaux saisi et non un zoo prétexte comme il en existe tant en France
  • Une taxe biodiversité qui serait payer par l’ensemble des exploitant du vivant. Les zoos les animaleries les exploitant de bois exotique les vendeurs d’insecte de coquillage de peaux ou de viande d’animaux exotique. Taxe qui financerait ce qui précèdent

Breizh-info.com : Votre engagement personnel a un prix : menaces, pressions, solitude. Comment tenez-vous dans ce combat ? Si vous aviez un seul message à adresser aux jeunes générations qui liront votre livre, quel serait-il ?

Jérôme Pensu : Il a un prix, la pauvreté la solitude la diffamation mais tout ça n’a que peu d’importance au regarde de la cause que je défends. Je l’ai toujours fait de façon désintéresser et sans aucune compensation financière. Même les expertises judiciaires pour lequel j’ai été réquisitionné par les tribunaux je ne les ait jamais facturé alors qu’il y en avait pour plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Quant au message que j’aurais à faire passer ce serait : si l’humain préfère le pouvoir d’achat au pouvoir de vivre, il est d’ores et déjà perdu. Tous est encore jouable à condition de prendre des mesure radical, de dénoncer ceux qui par leur actes mettent en danger l’ensemble du vivant et faire comprendre à ceux qui savent et se taise qu’il sont juste complice.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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2 réponses à “Jérôme Pensu (Sauvage !) : « Si l’humain préfère le pouvoir d’achat au pouvoir de vivre, il est d’ores et déjà perdu » [Interview]”

  1. Ronan dit :

    Demat interview intéressante à part les fautes d’orthographe ; cela dit, la défense des animaux fait partie de la Charte des Patriotes qui s’engage à mettre fin à tous ces trafics illicites. Kenavo.

  2. Durandal dit :

    Bonjour,

    Et que penser du trafic légal dans les animaleries ? Ou bien, tous ces propriétaires d’animaux qui croient les aimer en les laissant seuls, et en les abandonnant plus ou moins ? Je suis toujours très sceptique sur ces défenseurs de la cause animale (je ne parle pas de l’auteur de ce livre) qui sont les premiers à les torturer, ou à sombrer dans un infantilisme grossier où ils préfèrent leurs animaux aux humains.

    Cdt.

    M.D

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