En 1945, paraissait au Canada un petit dessin animé très drôle et je ne résiste pas à l’envie de vous adresser le lien.
Dans celui-ci, le commentateur essayait de comprendre pourquoi les souris votaient pour des chats alors qu’à l’évidence, leurs intérêts étaient à l’opposé l’un de l’autre. Pourtant conscientes de cette divergence, à chaque élection, les souris continuaient à élire des chats. Elles changeaient simplement la couleur des chats, pensant que le problème se situait là ! Ayant épuisé toutes les couleurs et les apparences des chats, une petite souris tenta de leur faire remarquer ce qui était une évidence : à savoir que les chats mangeaient les souris ! Ancrés dans leur certitudes qu’elles ne pouvaient pas s’être trompées à ce point, les autres souris la mirent en prison pour ne plus l’entendre.
A y réfléchir d’un peu plus près, ne faisons-nous pas à peu près la même chose ?
Nous sommes persuadés, parce que le contraire paraît impensable, que les candidats qui se présentent devant nous veulent avant notre bien et sont là pour défendre nos intérêts. En fait, nous n’en savons rien et nous devons leur faire confiance.
Quels sont ces critères de confiance ?
A vrai dire, ils sont très subjectifs. Cela peut-être simplement un visage nouveau, avenant et souriant, ou encore un discours un peu nouveau , une sorte de « en même temps » qui n’engage à rien. Mais le plus important est d’être « médiatisé »
Je me souviens d’un échange avec Jacques Friedman, que j’appréciais beaucoup pour sa franchise, et qui avait été directeur de cabinet de Pierre Messmer lorsque celui-ci était Premier Ministre.
C’était début 1993 et nous parlions des prochaines élections législatives du mois de mars.
Il ne faisait guère de doute que celles-ci seraient gagnées par l’opposition de l’époque et que, Jacques Chirac ne voulant pas retourner à Matignon, c’est son ami de l’époque, Édouard Balladur, qui serait Premier Ministre.
La question que se posait Jacques Friedman concernait son ami d’enfance (ils étaient ensembles au lycée Condorcet) Jacques Chirac. Qu’allait-il bien pouvoir faire pendant deux ans ? Ce propos est loin d’être anodin car, en fin connaisseur, Jacques Friedman savait combien il était facile de tomber dans « l’oubli médiatique » dès qu’on ne parlait plus de quelqu’un. Et il me disait que seulement très peu de gens possédaient une telle « aura » médiatique pour pouvoir être candidat et que celle-ci disparaissait très vite si elle n’était pas constamment entretenue. En termes clairs, cela voulait dire que seul un tout petit nombre de personnes pouvait y prétendre et qu’il leur fallait constamment rester sous « le feu des projecteurs ».
C’était tout l’inverse d’un de Gaulle qui voulait que sa parole soit rare pour porter davantage et qui s’estimait suffisamment connu pour ne pas saturer les gens. De nos jours, c’est plutôt l’époque du « ma binette partout » , titre d’une rubrique du Canard enchaîné.
Cela fausse-t-il le jeu électoral ?
Incontestablement, et c’est une source d’inquiétude quant à la démocratie. Est-il envisageable qu’une personnalité, quelle qu’elle soit, totalement inconnue du grand public, puisse, grâce à une campagne médiatique appropriée, entrer dans ce club très fermé ?
Cela semble possible. Cependant, on pourrait penser que la diversité des médias d’opinion puisse être en elle-même une sorte de garantie quant à sa neutralité globale. Là où les choses se compliquent, c’est lorsque cette pluralité n’est que de façade car il peut exister un échelon supérieur de ces médias qui, lui, œuvre essentiellement pour une élite dirigeante qui, en aucun cas, ne veut apparaître sous les projecteurs. Les intérêts de cette élite peuvent ne pas ce confondre avec l’intérêt du peuple réputé souverain.
Notre Constitution a visiblement voulu se prémunir contre ce danger, qui est réel, en mettant un filtre redoutable qui est celui du prérequis des cinq cent signatures nécessaires à la candidature à l’Elysée.
Ce prérequis est-il efficace ? C’est une vraie question. Il peut, et cela s’est produit dans le passé, interdire des candidatures par ailleurs tout à fait respectables. Là encore, le rôle des médias est déterminant.
Finalement, et c’est là tout le problème, tout repose sur le candidat et quelle que soit l’élection, sur l’image qu’il donnera à ses électeurs. C’est pourquoi nous devons avoir, et c’est vital, notre propre discernement pour ne pas confier notre destin à des chats déguisés en souris.
Jean Goychman
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
2 réponses à “Pourquoi les souris élisent-elles des chats ?”
C’est le prix à payer quand on confie sa vie à la séduction. Ceux qui la servent deviennent nos bourreaux. Nous appelons cela « démocratie représentative », mais à la vérité nous savons bien que ce que nous y trouvons et qui nous plaît c’est que nous prétendons nous départir de nos contraintes tout en conservant notre libre-arbitre intact et en espérant pouvoir laisser libre cours à notre fantaisie et en fait à notre fainéantise. Mais ces séducteurs n’ont qu’un seul but, nous réduire en esclavage en nous affaiblissant tellement que nous ne puissions pas y réagir. Ils étaient en train d’y arriver quand divers acteurs ont malmené leur plan et nous ont laissé une chance d’en réchapper.
Quant à « nos valeurs » elles ne sont que du vent. Il nous faut bâtir nos sociétés sur du solide pas sur « des valeurs » changeant au gré de nos lubies ou plutôt de celle qui passent dans l’air du temps.
Tant que l’amour de nous-même jusqu’au dédain de la vérité est notre règle, nous n’obtiendrons rien d’autre!
Quand nous aimerons la vérité jusqu’au dédain de nous-mêmes nous aurons des dirigeants véridiques.
Nous avons les dirigeants que nous méritons sous ce point de vue.
« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » Jacques-Bénigne Bossuet
Les 500 parrainages font partie de l’arsenal éliminant les candidats non conforme au théâtre électoral, en particulier les frexiteurs. L’invisibilité médiatique, les sondages (bidonnés), les primaires, complètent l’arsenal (entre autre).