Fondée à Cork par Padraig et Grace Cantillon-Murphy, Mater Dei Academy forme une nouvelle génération d’Irlandais enracinés dans leur foi, leur culture et leur langue. Un vent de renaissance souffle sur l’île verte.
À l’heure où l’enseignement public irlandais s’uniformise et s’éloigne de ses racines chrétiennes, une initiative locale redonne sens à la transmission.
Fondée en 2020 à Cork, Mater Dei Academy s’impose comme la première école indépendante à proposer une éducation classique et catholique en Irlande.
Derrière ce projet, un couple : Padraig et Grace Cantillon-Murphy, parents de neuf enfants, convaincus que l’école doit avant tout former des esprits libres, enracinés et responsables.
Un projet né d’un constat : la disparition des repères
Ingénieur biomédical respecté, Padraig Cantillon-Murphy vient d’une famille d’enseignants. Il croyait l’école irlandaise restée fidèle à ses valeurs catholiques et à la mémoire nationale. Mais lorsqu’il rentre au pays en 2010 après plusieurs années passées aux États-Unis, il découvre un système désincarné, sans exigence intellectuelle ni référence spirituelle.
« Les écoles étaient encore dites catholiques, mais le mot ne voulait plus rien dire », résume-t-il aujourd’hui. Avec son épouse Grace, il décide alors d’agir plutôt que de se résigner.
De ce constat naît Mater Dei Academy, qui accueille d’abord douze élèves. Cinq ans plus tard, ils sont soixante, répartis dans les classes du secondaire, et d’autres suivent les cours à distance via un programme d’enseignement à domicile.
L’école enseigne les humanités classiques, les sciences, la langue irlandaise, la littérature, la musique et la foi catholique, dans une atmosphère volontairement éloignée de la culture numérique et consumériste.
L’éducation classique : une résistance au monde moderne
À Mater Dei, les journées commencent et s’achèvent par la prière. Les élèves débattent, apprennent l’art oratoire, jouent de la musique et pratiquent les sports gaéliques, héritage millénaire de la culture irlandaise.
L’objectif n’est pas de former une élite coupée du réel, mais de donner à chaque jeune une formation intégrale, capable d’élever l’esprit autant que la morale.
« Ce qui compte, explique Padraig Cantillon-Murphy, ce n’est pas que l’élève devienne médecin, avocat ou agriculteur, mais qu’il soit formé pour la vie, pas seulement pour le travail. »
Cette approche tranche avec la logique utilitariste et technocratique de l’éducation contemporaine. Ici, on éduque des âmes avant de former des travailleurs.
Un pont entre l’Europe et l’Amérique
Ironie de l’histoire : cette renaissance irlandaise doit beaucoup… aux États-Unis.
Des enseignants formés dans des universités catholiques américaines comme Hillsdale College ou Christendom College viennent chaque année à Cork grâce à la Fondation Saints and Scholars, basée en Virginie.
Cette structure, dirigée par Connie Marshner, soutient Mater Dei et promeut la création d’autres écoles du même type sur le continent européen.
« C’est presque un retour de mission, s’amuse Cantillon-Murphy. Autrefois, les moines irlandais ont évangélisé l’Europe et fondé des écoles ; aujourd’hui, ce sont des Américains qui nous aident à restaurer une éducation fidèle à cet héritage. »
Au cœur du projet, la conviction que la foi catholique et la culture nationale peuvent redonner à l’Irlande une cohésion perdue.
L’école se présente comme « le cœur battant d’un nouvel élan missionnaire pour revitaliser la société irlandaise et européenne ».
Un objectif ambitieux, mais porté par un optimisme contagieux : les élèves y grandissent sereins, loin des diktats des écrans et des idéologies à la mode.
« Nos jeunes apprennent à penser par eux-mêmes », insiste le fondateur. « Ils n’ont pas besoin d’imiter ce que les réseaux leur disent d’être. Ils savent qui ils sont. »
Vers une renaissance éducative en Europe ?
Mater Dei doit encore relever un défi : trouver un site permanent pour accueillir ses effectifs croissants. Le couple Cantillon-Murphy a identifié un terrain, mais il faudra près de deux millions de dollars pour concrétiser l’achat.
Malgré ces obstacles, l’école continue d’attirer familles, donateurs et bénévoles. Beaucoup y voient le signe avant-coureur d’un réveil spirituel et culturel dans une Irlande sécularisée.
Car si les moines d’hier ont sauvé la civilisation européenne en copiant les manuscrits, les enseignants d’aujourd’hui pourraient bien sauver la jeunesse en restaurant l’éducation véritable.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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