La justice américaine autorise deux nouvelles accusations de violation du droit d’auteur contre le géant de l’IA
Le combat juridique entre plusieurs écrivains célèbres et OpenAI vient de connaître un tournant décisif. Parmi eux figure George R.R. Martin, le créateur de Game of Thrones, qui mène avec d’autres auteurs une action collective contre la société dirigée par Sam Altman. Leur objectif : prouver que l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle sur des livres protégés par le droit d’auteur constitue une forme de pillage numérique.
Deux nouvelles théories retenues contre OpenAI
Mardi 28 octobre, le juge fédéral Sidney Stein a accepté que les plaignants développent deux nouveaux arguments dans leur procédure.
Le premier concerne le recours à des “shadow libraries”, ces bibliothèques numériques illégales où OpenAI aurait téléchargé des ouvrages sans autorisation préalable. Le second porte sur les réponses générées par ChatGPT, jugées parfois “substantiellement similaires” aux livres originaux sur lesquels le modèle a été entraîné.
Selon le juge, même si le téléchargement visait à entraîner le modèle d’IA, cela n’exclut pas en soi une violation du droit d’auteur :
« Les précédentes plaintes alléguaient qu’OpenAI avait téléchargé et reproduit les livres des plaignants sans autorisation. Le fait que cela ait servi à entraîner les modèles n’est pas déterminant », a-t-il écrit.
Les écrivains obtiennent ainsi une deuxième voie juridique pour réclamer des dommages et intérêts, qui peuvent atteindre jusqu’à 150 000 dollars par œuvre protégée.
Un précédent avec Anthropic
Cette décision rappelle un autre procès récent contre la société Anthropic, également accusée d’avoir téléchargé illégalement des millions d’ouvrages pour alimenter ses modèles.
Dans cette affaire, Anthropic avait dû verser 1,5 milliard de dollars pour éviter le procès, malgré un jugement globalement favorable sur la notion de fair use (usage équitable).
Le même avocat, Justin Nelson, conduit aujourd’hui la stratégie judiciaire des auteurs de George R.R. Martin.
ChatGPT accusé de “copier” le style et les intrigues
Autre point marquant de la décision : la cour estime qu’un jury pourrait juger que certaines réponses de ChatGPT reprennent directement le ton, le style et les intrigues des œuvres de Martin.
Ainsi, lorsqu’on demande au chatbot un résumé du cycle A Song of Ice and Fire, il produit un texte qui décrit fidèlement la Garde de Nuit et les Marcheurs Blancs, à tel point que, selon le juge, “un lecteur pourrait facilement conclure à une similitude substantielle avec le roman original”.
Même les “faux scénarios de suites” proposés par ChatGPT ont pesé dans la balance. Dans l’un d’eux, l’IA imagine un retournement stratégique impliquant Robb Stark, jugé par la cour comme une réutilisation créative non autorisée du matériau de Martin.
Cette décision ne tranche pas encore la question du fair use, mais elle redonne un net avantage aux écrivains.
Le prochain jalon sera la phase de “summary judgment”, qui déterminera quelles accusations seront effectivement jugées.
Quoi qu’il en soit, le bras de fer entre les créateurs et les géants de l’intelligence artificielle s’intensifie — et l’auteur de Game of Thrones pourrait bien devenir le symbole de la résistance des écrivains face à la machine.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine