Dans son allocution devant les maires de France, le Chef d’État Major des Armées à dramatiquement évoqué le potentiel sacrifice des « enfants du pays ». Dans notre hymne national, le pays s’appelle « la Patrie ».
Pourquoi ne pas vouloir appeler les choses par leur nom ?
Le 12 juillet 1792, les Parisiens purent lire une affiche sur laquelle il était écrit : «Votre constitution repose sur les principes de la Justice éternelle ; une ligue de rois s’est formée pour la détruire, leurs bataillons s’avancent, ils sont nombreux, soumis à une discipline rigoureuse, et depuis longtemps exercés dans l’art de la guerre. Ne sentez-vous pas une noble ardeur enflammer votre courage ! Souffrirez-vous que des hordes étrangères se répandent comme un torrent destructeur sur vos campagnes ! qu’elles ravagent nos moissons ! qu’elles désolent notre patrie par l’incendie et le meurtre ! en un mot, qu’elles vous accablent de chaînes teintes du sang de ce que vous avez de plus cher.
Nos armées ne sont point encore portées au complet, une imprudente sécurité a modéré trop tôt les élans du patriotisme, les recrutements ordonnés n’ont pas eu un succès aussi entier que vos représentants l’avaient espéré. Des troubles intérieurs augmentent la difficulté de notre position ; nos ennemis se livrent à de folles espérances, qui sont pour vous un outrage.
Hâtez-vous, citoyens, sauvez la liberté et vengez votre gloire !
L’Assemblée Nationale déclare que la patrie est en danger… »
Il faut noter que ce texte a été écrit par la représentation nationale qui déclare « la patrie en danger ».
Notre hymne national reprend dès son début l’expression des « enfants de la patrie » qui vont se couvrir de gloire au combat et le septième couplets (dit « couplet des enfants ») souligne encore cette attache charnelle qui lie le peuple à sa patrie, chaque génération portant le devoir de continuer l’œuvre de celles qui l’ont précédé :
Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n’y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre.
On retrouve toujours cette notion de « patrie » qui repose sur la transmission des générations, destinée à ancrer le peuple dans son histoire. Il ne faut pas oublier que, quelques mois plus tard, c’est au cri de « Vive la nation » que les troupes françaises s’élancèrent à l’assaut de l’armée prussienne.
Chose éminemment importante, ces troupes étaient composées à la fois de « culs blanc » et de « sans-culottes », c’est à dire d’éléments de l’ancienne armée royale et de combattants issus directement du peuple français, tous unis pour défendre la nation française naissante.
Ce rappel historique montre combien sont proches les notions de patrie, de nation et de souveraineté populaire.
Une politique intégrationniste et supranationale
Or, il se trouve que la politique d’Emmanuel Macron, dans la continuité de Jean Monnet et de Robert Schumann, est viscéralement opposée à la souveraineté nationale et, de fait, tend à faire disparaître cette notion de patrie, au profit d’une sorte de chimérique « souveraineté européenne ».
L’épisode que nous sommes en train de vivre montre la limite de cette conception et vouloir faire admettre au peuple français que la défense de notre pays, qui est de facto notre patrie, passe par le sacrifice de nos soldats sur un théâtre de combat extérieur est impossible. Ne parlons même pas de ceux qui, baignant depuis leur plus jeune âge dans une vision « mondialiste » et qui se sentent aujourd’hui avant tout « citoyens du monde » et qui n’accepteront pas de renier par un combat à caractère patriotique cette vision universaliste.
Pris à contre-pied
La guerre en Ukraine a pris les euro-mondialistes à contre-pied. Pensant que la Russie allait s’écrouler rapidement (dixit le ministre des finances de l’époque), il y voyaient une avancée du monde globalisé car Vladimir Poutine soutenait depuis 2007 la vision d’un monde « multipolaire ». Mais les choses s’orientèrent différemment. Passant volontairement sous silence les années 2008 à 2021 durant lesquelles l’OTAN et les administrations américaines Bush, Obama et Biden étaient intervenues directement dans les affaires ukrainiennes, on accusa Poutine d’avoir envahi l’Ukraine en février 2022 alors que l’analyse objective des prémisses impose quelques nuances.
Cette guerre qui, de fait, opposait l’OTAN à la Russie commença à mal tourner et la défaite de l’OTAN risquait de porter un coup fatal au projet fédéraliste européen. Afin de sauver ce qui pouvait encore l’être, le prétexte d’une attaque russe imminente après sa victoire en Ukraine dirigée contre ses voisins membres de l’OTAN permit de promouvoir l’idée d’une défense européenne qui pourrait se substituer aux armées nationales. Or, les opinions nationales ne semblent guère tentées par cette aventure.
On comprend alors pourquoi une paix retrouvée entre la Russie et l’Ukraine risque de se retourner contre les tenants de la guerre entre la Russie et l’Union Européenne, coupant court à toutes ces prétendues menaces d’invasion vers l’ouest.
Jean Goychman
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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