L’image a fait le tour du monde en quelques minutes : la sénatrice Pauline Hanson, figure de proue du parti identitaire One Nation, entrant lundi dans l’hémicycle vêtue d’une burqa noire. Un geste volontairement spectaculaire, destiné à porter un message politique clair : interpeller le pays sur la place des voiles intégrales dans l’espace public et défendre un projet de loi visant à les interdire.
La séance n’a pas duré longtemps. Huées, protestations, suspension immédiate des débats : l’élu a été empêchée de présenter son texte et finalement exclue de la chambre pour le reste de la journée. Mais son objectif était atteint : forcer la nation à regarder en face une question que l’Australie officielle préfère éviter.
Une classe politique outrée… mais incapable de répondre
Dans un réflexe immédiat, les partis de gauche et du centre ont dénoncé un « acte raciste », « irrespectueux », voire « dangereux ». Larissa Waters (Australian Greens) a parlé d’un « doigt d’honneur aux croyants ». Penny Wong, ministre des Affaires étrangères, a évoqué un comportement « indigne ».
Cette indignation morale, répétée comme un mantra, masque mal un malaise plus profond : la difficulté croissante des institutions australiennes à aborder sereinement la question des symboles religieux radicaux dans l’espace public. Une difficulté qui n’est pas propre à l’Australie, mais qui touche aujourd’hui l’ensemble des démocraties occidentales confrontées à la pression multiculturaliste.
Ce n’est pas la première fois que Pauline Hanson s’attaque frontalement au voile intégral : en 2017, elle avait déjà fait irruption au Sénat dans une burqa pour dénoncer les risques sécuritaires liés à l’anonymat total dans les lieux publics.
Hanson assume une ligne simple, brutale, directe : pour elle, le voile intégral n’est pas un vêtement religieux comme les autres, mais le symbole d’une idéologie politico-religieuse incompatible avec les libertés occidentales. Elle le dit sans détour dans un message publié après son exclusion : « Si le Parlement refuse d’interdire la burqa, je montrerai moi-même ce qu’elle représente : un vêtement oppressif, radical, non religieux, qui menace notre sécurité et maltraite les femmes. »
Dans un pays marqué par plusieurs attaques au couteau ou à la voiture-bélier revendiquées par l’islam radical ces dernières années, l’interpellation n’a rien d’anecdotique.
La réaction la plus virulente est venue d’une élue indépendante, Fatima Payman, première parlementaire australienne à porter le hijab. Elle a qualifié la démarche de « pathétique », « dangereuse » et « islamophobe ».
À sa suite, plusieurs parlementaires musulmans, dont Mehreen Faruqi, ont dénoncé « un racisme flagrant ». Cette crispation illustre un point aveugle du débat public : toute critique du voile intégral, même lorsqu’elle porte sur la sécurité ou l’égalité entre hommes et femmes, est désormais assimilée à un blasphème progressiste.
Une Australie qui se fragmente, comme l’Europe
L’acte de Hanson intervient dans un contexte international où la question du voile islamique revient au cœur des tensions culturelles :
- l’Autriche prépare l’interdiction du voile islamique à l’école pour les jeunes filles,
- la France débat sans fin du niqab dans l’espace public,
- le Royaume-Uni voit renaître le débat après un rapport sur le salafisme,
- le Canada se divise autour de la loi québécoise sur les signes religieux.
L’Australie n’échappe pas à cette recomposition identitaire. Et dans ce pays qui se perçoit encore comme un modèle d’intégration, le simple fait d’un voile intégral dans l’espace public suffit aujourd’hui à fissurer le consensus national.
Le geste est spectaculaire. La polémique, instantanée. Mais la question de fond demeure, et Hanson l’a imposée malgré les cris d’indignation :
Un pays occidental peut-il accepter sur son sol un vêtement qui efface l’individualité, interdit tout contact visuel, et signale une séparation radicale entre hommes et femmes ?
Ce débat-là, beaucoup tentent de l’esquiver, par confort ou par idéologie. Mais il revient toujours, implacable.
L’action de Pauline Hanson dit quelque chose de l’époque : les peuples occidentaux ne veulent plus que leurs inquiétudes soient balayées d’un revers de main. Qu’on parle sécurité, cohésion, liberté des femmes ou simple bon sens, de plus en plus de citoyens estiment que leurs élites refusent d’affronter des questions essentielles.
L’Australie, comme l’Europe, avance vers un point de bascule. Et il serait naïf de croire qu’un voile intégral dans un Parlement n’est qu’un coup de communication. C’est le symptôme d’un choc civilisationnel que les institutions ne savent plus gérer.
Le débat ne fait que commencer.
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.