Cambriolages en Bretagne : une insécurité infernale, une loi française qui désarme les victimes

La Bretagne connaît depuis plusieurs mois une recrudescence marquée des cambriolages, à rebours de la tendance nationale. Du Finistère aux Côtes-d’Armor, en passant par le Morbihan ou la Loire-Atlantique mais aussi l’Ille et Vilaine, les chiffres s’accumulent, les témoignages se multiplient et un sentiment d’insécurité durable s’installe dans des territoires jusqu’ici relativement préservés.

Une hausse nette, contrairement au reste du pays

Alors que les statistiques nationales font état d’un recul des cambriolages en France sur l’année 2025 (–5,7 %), la Bretagne suit une trajectoire inverse. Les données issues des préfectures montrent une augmentation de plus de 13 % dans le Finistèreplus de 6 % dans le Morbihan, et jusqu’à plus de 30 % dans les Côtes-d’Armor, tous cambriolages confondus.

En Cornouaille, la situation est particulièrement tendue. Depuis l’automne, certaines communes du Pays bigouden, de la périphérie de Quimper ou encore de Douarnenez ont connu des séries de vols pouvant aller jusqu’à sept cambriolages en une seule journée. Les faits se produisent aussi bien en journée que la nuit, parfois pendant les horaires de marché, exploitant l’absence des habitants.

Des victimes durablement marquées

Derrière les chiffres, il y a des vies bouleversées. Les cambriolages ne se limitent pas à une perte matérielle. Les victimes évoquent un traumatisme profond, un sentiment de violation de l’intimité, parfois renforcé par des confrontations directes avec les malfaiteurs.

À Ploemeur, un habitant a été agressé après être tombé nez à nez avec des cambrioleurs dans sa propre maison. A Callac (22) ce dimanche, en pleine journée, des individus ont cambriolé une maison du centre-ville. Ailleurs, des véhicules volés sont retrouvés incendiés, des logements fouillés de fond en comble, et des habitants contraints de modifier leurs habitudes, de mal dormir, ou d’investir dans des systèmes de surveillance coûteux.

Les forces de l’ordre ne restent pas inactives mais ont un coup de retard. Patrouilles renforcées, dispositifs de surveillance, enquêtes de police technique et scientifique : le travail est réel, parfois efficace, comme à Tréguier où un individu a reconnu 24 faits délictueux à lui seul.

Mais les enquêteurs le reconnaissent eux-mêmes : les moyens sont limités, les scènes souvent inexploitées faute de traces, et les délais judiciaires longs. Dans de nombreux cas, les auteurs restent non identifiés ou remis en liberté dans l’attente de leur jugement, alimentant le sentiment d’impunité.

Des citoyens appelés à la vigilance… mais privés de toute défense réelle

Face à cette situation, les autorités – incapables de protéger leurs administrés- ne cessent de rappeller inlassablement une règle intangible : les citoyens n’ont pas le droit de se faire justice eux-mêmes. Toute confrontation physique est proscrite, même en cas d’intrusion manifeste. La légitime défense est strictement encadrée, et toute riposte jugée disproportionnée expose la victime à des poursuites pénales.

Ce cadre légal est de plus en plus vécu comme profondément injuste par ceux qui subissent les cambriolages d’autant plus qu’à la base, si les citoyens avaient accepté de rendre leurs armes à l’Etat, c’était pour que ce dernier assure leur sécurité ce qui n’est plus le cas. Les habitants sont sommés de ne pas intervenir, de laisser faire, puis d’attendre une enquête parfois longue, sans garantie de résultat.

Dans plusieurs communes, cette frustration est palpable. Certains redoutent que, à force de sentiment d’abandon, des réactions incontrôlées finissent par émerger, non par goût de la violence, mais par désespoir.

Vidéoprotection et entraide : des palliatifs coûteux

Faute de pouvoir compter sur une protection immédiate, communes et particuliers investissent massivement. Vidéoprotection municipale, alarmes privées, réseaux de voisins vigilants ou dispositifs de « participation citoyenne » se multiplient. Des administrés paient des fortunes pour s’équiper chez eux.

À Baud, dans le Morbihan, la municipalité a déboursé 200 000 euros pour installer un réseau de caméras couvrant l’ensemble de la commune. Ailleurs, des habitants surveillent leurs quartiers, signalent des comportements suspects et tentent de dissuader les repérages. Ces initiatives montrent une volonté de résilience collective, mais elles soulignent aussi un transfert progressif de la charge sécuritaire vers les citoyens eux-mêmes.

La multiplication des cambriolages en Bretagne pose une question essentielle : jusqu’où peut-on demander aux citoyens de subir sans réagir ? Entre l’interdiction absolue de toute défense active et la lenteur des réponses judiciaires, le fossé se creuse entre la loi et le vécu quotidien des victimes. Aux USA, les propriétaires sont, dans de nombreux Etats, autorisés à tirer à vue sur les cambrioleurs, ce qui dissuade largement. Et manifestement, les chiffres prouvent que les cambrioleurs sont très « sensibles » au risque pris de tomber nez à nez avec une arme à feu.

Le malaise est réel. Tant que la réponse pénale restera perçue comme tardive ou insuffisante, le sentiment d’injustice continuera de nourrir la défiance et la colère silencieuse d’une population qui ne demande qu’une chose : pouvoir vivre et dormir chez elle sans peur.

Illustration : PIxabay (cc)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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