Juraj Šúst : « L’Europe mène une guerre culturelle et religieuse contre son propre passé »

Philosophe, intellectuel catholique conservateur et figure centrale du renouveau chrétien en Europe centrale, Juraj Šúst était présent au Sommet conservateur de Bratislava. Président de la communauté Ladislav Hanus, organisateur du festival Hanus Days et rédacteur en chef de la revue Verbum, il incarne une pensée enracinée, exigeante et assumée, à contre-courant du progressisme dominant.

Dans cet entretien accordé à Breizh-info.com, il analyse la crise spirituelle et démographique de l’Europe, le rôle singulier de la Slovaquie, l’épuisement du modèle post-chrétien occidental et la nécessité d’un renouveau culturel fondé sur la foi, la raison et la loi naturelle.

Sans nostalgie mais sans concessions, Juraj Šúst appelle à une radicalité chrétienne vécue, condition selon lui de toute restauration civilisationnelle.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au Sommet conservateur de Bratislava, et quel message souhaitiez-vous transmettre à cette assemblée ?

Juraj Šúst : Ma motivation découle de ma conviction que la vision chrétienne de la société, qui a donné naissance et favorisé l’épanouissement de la civilisation européenne, est vraie. L’objectif du sommet est de renouveler et d’actualiser cette pensée politique dans le contexte actuel et de réunir des personnalités issues du monde politique, des organisations de la société civile et de l’Église qui y adhèrent.

Breizh-info.com : De votre point de vue, quelle a été l’idée ou la discussion la plus significative qui est ressortie du sommet ?

Juraj Šúst : J’ai apprécié les propos de Ryzsard Legutko, qui a déclaré que l’objectif des conservateurs est de donner aux gens d’aujourd’hui une meilleure image d’eux-mêmes. Legutko pensait à la restauration de la vision chrétienne classique de l’homme, selon laquelle l’homme ne trouve son épanouissement que lorsqu’il recherche la vérité, et dans cette recherche, il s’ouvre au transcendant et, en même temps, s’efforce de développer sa dimension sociale en apprenant à faire le bien au sein de la communauté.

Breizh-info.com : Comment voyez-vous le rôle de la Slovaquie dans le mouvement conservateur européen au sens large aujourd’hui ?

Juraj Šúst : Je pense que la Slovaquie en Europe est en quelque sorte similaire à la Comté dans Le Seigneur des anneaux. Du point de vue des grands pays européens, la Slovaquie est un petit pays d’Europe centrale qui ne s’est émancipé politiquement qu’au XXe siècle. Ce qui rend la Slovaquie exceptionnelle, ce n’est pas son influence politique, mais plutôt le fait que sa situation périphérique l’a aidée à résister aux idéologies du XXe siècle. Par rapport à l’Occident dans son ensemble, la Slovaquie est une société plus chrétienne. Elle peut donc enrichir le mouvement conservateur européen d’une dimension chrétienne.

Breizh-info.com : Vous avez étudié la philosophie à l’université de Trnava. Quels penseurs ont le plus influencé votre compréhension de la culture, de l’identité et de la crise européenne actuelle ?

Juraj Šúst : Tout d’abord, Ladislav Hanus, prêtre et philosophe slovaque, qui était en quelque sorte l’équivalent slovaque de Guardini. La bourse Ladislav Hanus et l’Institut Ladislav Hanus, que je dirige, portent son nom. Outre Hanus, je voudrais également mentionner le philosophe munichois Robert Spaemann, ami du pape Benoît XVI, ainsi que les philosophes polonais Ryszard Legutko, dont j’ai découvert les travaux pendant mes études à Cracovie, et Dariusz Karlowicz, de Political Theology à Varsovie. J’ai également été influencé par le thomiste américain contemporain Ed Fesser et je trouve le cercle autour de la revue New Polity très inspirant. Parmi les penseurs français, j’apprécie Fabrice Hadjadj, en particulier pour son utilisation innovante du langage au service de la tradition, ainsi que Remi Braggue. Les textes du cardinal Ratzinger et les œuvres de Sigrid Undset m’ont également beaucoup influencé.

Breizh-info.com : En tant que président de la communauté Ladislav Hanus, comment traduisez-vous la réflexion philosophique en action civique concrète ?

Juraj Šúst : Merci pour votre question, je réfléchis souvent à la meilleure façon de procéder. Tout d’abord, nous essayons de montrer à nos étudiants (nous organisons un programme académique formatif annuel sur la culture chrétienne) à quel point la vérité de la foi catholique s’harmonise avec la philosophie grecque classique, en particulier l’éthique. Ensuite, nous essayons de leur montrer que la culture qui s’est développée au cours des 200 dernières années environ est en contradiction avec cette vision, afin qu’ils commencent à s’en rendre compte. Enfin, nous essayons de les encourager à comprendre que connaître la vérité est un engagement et qu’il est nécessaire de s’engager dans ce qu’ils ont appris à connaître comme étant vrai, bon et beau. Nous offrons à nos anciens élèves de nombreuses occasions de s’impliquer, par exemple en participant à l’organisation de festivals de culture chrétienne appelés « Hanus days », où nous voulons engager un dialogue fructueux et un débat polémique avec la culture contemporaine, ou au sommet conservateur, ou en contribuant à Verbum, une revue trimestrielle intellectuelle sur la culture chrétienne contemporaine que nous publions.

Breizh-info.com : Le festival Hanus Days est devenu un événement intellectuel majeur en Slovaquie. Quelle était votre vision initiale et comment le festival a-t-il évolué au fil du temps ?

Juraj Šúst : L’idée est née pendant mes études à Cracovie, où j’ai assisté à un festival de philosophie appelé « Tischner Days », du nom du philosophe polonais Tischner. Le festival a attiré des centaines, voire des milliers d’étudiants. J’étais ravi, car jusqu’alors, je vivais dans un environnement où la philosophie était un intérêt minoritaire, même à mon université. Lorsque je suis devenu président de la Ladislav Hanus Fellowship, j’ai senti que j’avais désormais l’occasion d’essayer quelque chose de similaire en Slovaquie. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un festival culturel et universitaire qui offrirait une perspective chrétienne sur les défis sociaux actuels, tout en montrant qu’il est capable d’un dialogue et d’une polémique fructueux avec le monde séculier. Je pense que ces deux aspects du festival n’ont pas changé en 15 ans. Le festival s’est étendu à deux autres villes de Slovaquie et a pris de l’importance au fil des ans.

Breizh-info.com : En tant que rédacteur en chef de Verbum, vous travaillez à la croisée de la culture contemporaine et de la pensée chrétienne. Comment décririez-vous le moment culturel que vit actuellement l’Europe ?

Juraj Šúst : Du point de vue slovaque, il est urgent de renouveler la capacité des chrétiens à réfléchir à la société et à la vie publique à partir des principes et de la tradition chrétiens. Les chrétiens doivent sortir de la matrice laïque, cesser d’adopter les principes et les dilemmes du sécularisme, et revenir à leurs racines, au Christ, à saint Augustin, saint Thomas ou saint John Henry Newman. Ils ont besoin de plus de radicalisme, à l’image des romanciers catholiques français, allemands, norvégiens ou anglais du premier tiers du XXe siècle. Ce n’est qu’alors qu’ils pourront offrir au postmodernisme européen, qui s’est épuisé, une véritable alternative et un espoir significatif. L’Europe est confrontée à de nombreux défis externes, mais elle mène une guerre culturelle et religieuse épuisante contre son propre passé.

Breizh-info.com : Selon vous, quels sont les éléments essentiels de l’identité chrétienne d’Europe centrale qui doivent être préservés ?

Juraj Šúst : Notre identité d’Europe centrale est déterminée par la rencontre entre le christianisme latin et byzantin. La mission brève et fructueuse de ce dernier dans la seconde moitié du IXe siècle, menée par saint Cyrille et saint Méthode, reste une source d’inspiration et d’espoir pour notre époque. Et puis, en même temps, en réaction à l’invasion ottomane de l’Europe chrétienne, que nous pouvons marquer par la bataille militaire de Mohács (dont nous commémorerons le 500e anniversaire l’année prochaine) et la bataille de Vienne plus de 150 ans plus tard, lorsque les Habsbourg et leurs alliés (en particulier le roi polonais Jan Sobieski) ont réussi à vaincre l’armée ottomane, bien plus nombreuse. L’Europe centrale est aujourd’hui composée d’États relativement petits qui faisaient autrefois partie de la monarchie catholique des Habsbourg. Parmi ceux-ci, la Slovaquie, outre la Pologne et la Croatie, a conservé les éléments catholiques les plus forts. Notre expérience historique, en particulier le tragique XXe siècle, lorsque l’Europe centrale était sous la domination de deux régimes totalitaires, nous a appris, du moins du côté conservateur du spectre politique, que ce n’est qu’ensemble que nous pouvons défendre notre identité.

Outre ces leçons historiques, nous devons renouveler la pensée sociale fondée sur les principes de la loi naturelle de la tradition chrétienne européenne.

Breizh-info.com : Pensez-vous que le christianisme peut encore être la force culturelle unificatrice qu’il était autrefois pour l’Europe, ou vivons-nous désormais dans une civilisation post-chrétienne ?

Juraj Šúst : Je pense que ces deux caractéristiques sont vraies dans un certain sens. Du point de vue de la foi établie, nous sommes, dans l’ensemble, une civilisation post-chrétienne. Mais il n’en reste pas moins vrai que le christianisme est le seul point de référence pour l’identité européenne, que nous l’acceptions ou non.

Breizh-info.com : De nombreux intervenants au sommet ont souligné que le plus grand défi de l’Europe est le déclin démographique. Partagez-vous ce point de vue ?

Juraj Šúst : Je pense que c’est Fabrice Hadjadj qui a écrit dans un essai après l’attentat contre Charlie Hebdo que la démographie est une manifestation d’espoir. Le déclin démographique en Europe est en ce sens un signe de la crise de l’Europe postmoderne, qui rejette sa propre identité et ne peut donc donner un sens à la vie des jeunes, elle ne peut leur donner de l’espoir.

Breizh-info.com : Comment expliquez-vous la crise démographique en Europe centrale et occidentale ? Est-elle économique, culturelle, spirituelle, ou les trois à la fois ?

Juraj Šúst : Il s’agit clairement d’une crise spirituelle. Et ensuite d’une crise culturelle. Je doute qu’il s’agisse également d’une crise économique, car l’Europe reste globalement très prospère. Je pense que la volonté d’accepter des enfants est liée au fait de dire « fiat » à Dieu, comme la Vierge Marie. Dire « fiat » à notre nature humaine sans chercher à la changer. Cette expérience religieuse dépasse le cadre chrétien, mais je pense que partout où la sécularisation progresse, le taux de natalité diminue.

Breizh-info.com : Quelles politiques ou transformations sociales considérez-vous comme essentielles pour encourager la formation de familles et l’augmentation du taux de natalité ?

Juraj Šúst : Je pense qu’il est important que l’État reconnaisse l’importance de la vraie religion. Non pas dans le sens d’une théocratie, mais dans le sens du respect de ses propres limites en matière de compétence. L’État ne détermine pas le sens de la vie ; cela relève de la vraie religion et de la philosophie. L’État doit donc respecter et soutenir l’Église catholique, tout en préservant bien sûr la liberté religieuse au sens de Dignitatis Humanae. Dans la plupart des pays européens aujourd’hui, ce n’est pas le cas en raison d’une sécularisation agressive, bien que, face à la menace de l’immigration islamique, de nombreux politiciens laïques souhaitent renforcer l’identité chrétienne comme moyen nécessaire de défense contre l’islamisation de leur propre pays.

Il n’en reste pas moins vrai que plus les gens vivent leur foi chrétienne, plus la société sera fructueuse. En ce sens, le soutien économique de l’État et les subventions accordées aux couples mariés et aux familles sont davantage une manifestation de justice qu’un outil miraculeux pour augmenter la population. L’État ne peut influencer cela que dans une mesure relativement faible par ses politiques économiques.

Breizh-info.com : À votre avis, l’Europe est-elle confrontée à un changement de civilisation dû au déclin démographique combiné à l’immigration massive ?

Juraj Šúst : Oui, je pense qu’il est clair que ces deux processus vont changer le caractère des sociétés européennes. Cependant, cette menace suscite également des réactions positives sous la forme d’un intérêt accru pour notre propre héritage européen et chrétien. La forte identité de l’islam incite de nombreux Européens à réaffirmer leur christianisme et leur foi.

Breizh-info.com : En tant que personne impliquée dans des activités pro-vie, comment voyez-vous le lien entre la défense de la vie à naître et le débat plus large sur la civilisation en Europe ?

Juraj Šúst : Je pense que les efforts visant à inscrire le droit à l’avortement dans la constitution représentent une sorte d’étape finale dans la révolte anti-chrétienne contre les racines chrétiennes de la civilisation européenne, qui aboutit au rejet de l’égalité de dignité des personnes humaines. J’espère que pour de nombreux chrétiens dits « culturels », cela servira de signal d’alarme et les incitera à rejeter la version néo-païenne et antichrétienne des droits de l’homme.

Breizh-info.com : Quel rôle les communautés chrétiennes devraient-elles jouer pour résister à la fragmentation culturelle et transmettre leur identité aux jeunes générations ?

Juraj Šúst : Je pense qu’il est très important de réaliser que la culture dominante, même si elle ne s’est pas encore complètement débarrassée des résidus chrétiens, n’est pas chrétienne et, à bien des égards, qui semblent neutres en eux-mêmes, façonne les gens de telle manière qu’ils en viennent à oublier Dieu. Selon les termes d’Alasdair MacIntyre, elle « privatise » Dieu, l’exclut de la vie publique et en fait l’objet d’une dévotion privée sans aucun impact sur la vie politique. Les communautés chrétiennes ne doivent pas sous-estimer le pouvoir de la culture, et je pense qu’elles doivent s’efforcer de faire de la foi une culture, même si cela signifie que les fidèles se comportent de manière anti-culturelle du point de vue de la culture laïque majoritaire.

Cependant, je ne veux pas dire que nous devons renoncer à façonner la culture de la majorité. Je crois que nous ne devons pas nous retirer prématurément dans les catacombes et que nous devons également nous engager politiquement dans l’espoir de pouvoir influencer au moins quelque chose. Mais nous ne devons pas le faire au détriment de la formation d’une culture chrétienne dans les familles et dans les communautés plus larges de familles et d’institutions telles que la Hanus Fellowship, car c’est seulement ainsi que nous pourrons maintenir une vie chrétienne intégrale, et c’est seulement ainsi que la politique conservatrice aura quelque chose à préserver et pour quoi se battre.

Sinon, elle se transformera en utopie ou en simple marketing politique. En ce sens, nous devons nous efforcer d’inspirer la jeune génération afin qu’elle puisse apporter le renouveau de la civilisation chrétienne par la radicalisation de la vie chrétienne dans la sainteté. Non pas par nostalgie, même s’il y a quelque chose de sublime dans la nostalgie, mais par amour pour Dieu et pour la vérité, dans l’espoir que chaque effort ait un sens dans la providence divine. Nous devons certainement aussi cultiver un sentiment d’appartenance aux communautés naturelles dont nous faisons partie. En termes de subsidiarité et aussi en termes d’ordre de l’amour, cela s’applique d’abord et avant tout aux familles et aux communautés locales, mais aussi aux communautés nationales et à la civilisation européenne dans son ensemble.

Breizh-info.com : Pensez-vous que les systèmes éducatifs actuels en Europe aident les jeunes à comprendre leur héritage, ou contribuent-ils à une amnésie culturelle ?

Juraj Šúst : Je pense la même chose que Christopher Dawson, à savoir que l’enseignement public au XXe siècle a contribué de manière significative à la sécularisation du continent européen et à la perte de la mémoire culturelle chrétienne. De plus, il a contribué à une vision hostile de notre héritage chrétien. Il s’ensuit que, en tant que chrétiens, nous devrions nous efforcer de réformer l’enseignement public. Mais cela peut être une tâche trop lointaine pour l’instant. Cependant, nous élevons et éduquons des enfants aujourd’hui. Nous devons donc nous efforcer de trouver d’autres formes d’éducation, qu’il s’agisse de l’enseignement à domicile, d’écoles catholiques privées ou de programmes scolaires informels.

Breizh-info.com : .L’Europe centrale a souvent été décrite comme l’une des dernières régions d’Europe où l’identité culturelle et les valeurs chrétiennes restent fortes. Pensez-vous que cela soit exact ?

Juraj Šúst : De telles comparaisons sont toujours un peu trop simplistes. Par exemple, lorsque j’ai fait un pèlerinage à Chartres cette année, j’ai pu constater que les jeunes Français représentent le nouvel espoir de l’Europe. Bien que la Slovaquie et la Pologne (si l’on considère que ce pays fait partie de l’Europe centrale) soient les pays les plus religieux d’Europe, il est vrai que la sécularisation progresse également en Europe centrale et que la majorité de la population ne vit plus en tant que chrétiens pratiquants.

La différence avec l’Occident est qu’ici, en Europe centrale, nous ne sommes pas devenus aussi laïques et progressistes qu’en Occident. Bien que les chrétiens pratiquants ne soient qu’une minorité, la majorité de notre société ne se prosterne toujours pas devant une divinité progressiste. De plus, l’Église catholique et les Églises protestantes sont moins disposées à faire des concessions au progressisme.

En même temps, nous avons l’avantage de nous souvenir encore de l’époque du totalitarisme communiste, et nous avons peut-être conservé certains anticorps de cette période. Lorsque nous voyons les problèmes liés à l’immigration en France, en Allemagne ou en Angleterre, il est clair pour la plupart d’entre nous que nous ne voulons pas aller dans cette direction.

Cependant, en ce qui concerne l’identité culturelle de l’Europe centrale, le catholicisme et la Réforme ont laissé leur empreinte sur le tissu social, et en ce sens, nous n’avons d’autre identité que le christianisme sur laquelle nous appuyer. Du moins en Slovaquie, tout le reste, à l’exception du progressisme, qui n’a pas encore eu l’occasion de gouverner politiquement ici, a été discrédité. Le fait que nous étions, pour ainsi dire, à la périphérie de la civilisation nous a protégés des déformations idéologiques plus radicales des Lumières et, dans une certaine mesure, du communisme et du fascisme.

Breizh-info.com : En quoi la Slovaquie diffère-t-elle de l’Europe occidentale dans son approche des questions d’identité, de tradition et de famille ?

Juraj Šúst : Le fait que nous, en Europe centrale, n’ayons pas connu le même progressisme qu’en Europe occidentale a également influencé notre conception de la famille. Même les personnes qui ne sont chrétiennes que sur le plan culturel comprennent qu’une famille se compose d’un homme, d’une femme et d’enfants.

Autre chose : lorsqu’il s’agit d’être ouvert à l’idée d’avoir plus d’enfants, à quelques exceptions près, cette ouverture est corrélée au degré de pratique religieuse. Les croyants plus conservateurs ont plus d’enfants, mais comme ils constituent une infime minorité, la démographie globale n’est pas bonne et on peut dire que l’Europe centrale est en train de mourir.

Dans le même temps, cependant, il existe davantage de vestiges vivants de la tradition dans notre société. En Europe centrale, à quelques exceptions près, on trouve des crèches dans les centres-villes pendant l’Avent et Noël. Des chants de Noël sont joués sur les places centrales des villes et, en Pologne en particulier, il existe une tradition de défilés des Rois mages le jour de l’Épiphanie, qui attirent de grandes foules. Plusieurs jours fériés correspondent à des fêtes catholiques. Le paysage est encore parsemé d’églises catholiques et de croix, et non de mosquées. À l’aéroport de Budapest, c’est la famille traditionnelle qui est mise en avant, et non l’idéologie du genre. Et cette année, le parlement slovaque, y compris la coalition et l’opposition, a adopté un amendement constitutionnel stipulant que seuls les couples hétérosexuels mariés peuvent adopter des enfants, interdisant la maternité de substitution, soumettant l’éducation sexuelle dans les écoles au consentement parental et rejetant la primauté du droit européen dans les questions culturelles et éthiques, y compris le droit de la famille. De plus, contrairement à l’Occident, l’Église slovaque n’est pas touchée par de grands scandales sexuels qui pourraient détruire sa position dans la société. Au contraire, l’Église slovaque et l’État s’efforcent de se respecter et de se soutenir mutuellement.

Breizh-info.com : Selon vous, que peuvent apprendre les Européens occidentaux de la société slovaque ?

Juraj Šúst : Certainement la modestie. Nous ne sommes pas une société orgueilleuse. Même si nous n’avons pas la même hauteur culturelle, notre société a un sentiment chrétien plus fort que l’Occident actuel.

Breizh-info.com : Voyez-vous des raisons d’espérer un renouveau culturel et spirituel en Europe ? Si oui, d’où viennent-elles ?

Juraj Šúst : Dans les cercles catholiques slovaques, la prophétie du pape Jean-Paul II trouve un écho particulier. Il a déclaré que la Slovaquie avait un rôle spécial à jouer dans l’évangélisation de l’Europe au troisième millénaire. Selon le pape, grâce à nos martyrs pendant les années de totalitarisme – au sens où Tertullien disait que le sang des martyrs est la semence des chrétiens –, nous avons un rôle spécial à jouer dans la réévangélisation du continent européen.

Breizh-info.com : Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux jeunes Européens qui se sentent culturellement déracinés ou pessimistes quant à l’avenir de leur civilisation ?

Juraj Šúst : Peut-être que notre objectif n’est pas nécessairement de sauver la civilisation, mais plutôt de vivre autant que possible en tant qu’héritiers de cette civilisation, et en ce sens, nous pouvons également contribuer à sa restauration. En bref, nous devons vivre une vie chrétienne de manière intégrale et pleine, et laisser le reste à Dieu.

Breizh-info.com : Si vous deviez résumer votre mission – dans vos écrits, votre engagement civique et votre travail culturel – en une seule phrase, quelle serait-elle ?

Juraj Šúst : Nous nous efforçons de renouveler la conscience de la tradition et de la civilisation chrétiennes dans nos vies, nos familles, nos communautés et nos nations, dans le sens où la foi et la raison conduisent ensemble à une vie vertueuse et à la connaissance et l’amour de Dieu.

Propos recueillis par YV

Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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