Il y a des moments où l’accumulation devient obscène. Où l’on ne parle plus d’impôt, de solidarité ou d’effort collectif, mais de soumission organisée. La « taxe émeutes » votée au Sénat (majorité de droite, c’est dire la honte) appartient à cette catégorie. Une ligne de plus sur la facture, un cran de plus dans l’acceptation de l’inacceptable, un aveu de faillite de l’État transformé en prélèvement automatique sur ceux qui n’ont rien cassé.
Car il faut appeler les choses par leur nom. Cette taxe ne sanctionne ni les casseurs, ni les incendiaires, ni la racaille de banlieue, ni ceux qui mettent le feu aux villes à chaque prétexte. Elle punit les tranquilles, les silencieux, les solvables. Ceux qui travaillent, assurent leur maison, leur voiture, leur commerce. Ceux qui paient déjà pour l’ordre public, l’électricité hors de prix, les charges sociales délirantes, l’impôt sur l’impôt, la taxe sur la taxe. Et à qui l’on explique, avec un aplomb bureaucratique, qu’il faut désormais payer pour les émeutes comme on paie pour la grêle ou les inondations.
Le symbole est violent. Assimiler l’émeute à une catastrophe naturelle, c’est acter qu’elle est inévitable, qu’elle relève du climat social, qu’on ne peut rien y faire. C’est dire aux Français : « Habituez-vous. Ce sera régulier. Prévoyez la prime. » L’État ne protège plus, il assure après coup. Il ne maintient plus l’ordre, il mutualise les dégâts. Il ne gouverne plus, il encaisse.
Et le plus révoltant, c’est la lâcheté politique. Car cette taxe n’est pas seulement le produit d’un pouvoir technocratique hors-sol. Elle est votée avec l’assentiment d’une droite sans courage, incapable de nommer les causes, incapable de désigner les responsables, incapable de dire qui met le pays à feu et à sang depuis vingt ans. Une droite qui préfère faire payer tout le monde plutôt que d’affronter le réel. Une droite de comptables, pas d’hommes d’État.
Jusqu’à quand les Français accepteront-ils cela ? Jusqu’à quand paieront-ils les conséquences du chaos provoqué par d’autres ? Jusqu’à quand régleront-ils l’addition des émeutes, des violences, des zones de non-droit, pendant qu’on leur explique qu’il ne faut surtout pas « stigmatiser », « nommer », « déranger » ? On leur prend déjà leur argent par l’électricité surtaxée, par les carburants, par l’inflation fiscale permanente. Et maintenant, on leur présente la note pour les vitrines brisées et les voitures incendiées.
À un moment, cela devient une folie collective. Une société ne peut pas survivre longtemps en punissant les paisibles et en excusant les destructeurs. En socialisant le désordre et en individualisant la facture. En transformant chaque crise en nouvelle ligne budgétaire. Ce n’est plus de la gestion, c’est de la reddition.
Cette taxe émeutes n’est pas un détail technique. C’est un signal politique : l’État renonce à sa fonction première et demande aux Français de s’adapter. De payer. De se taire. Comme toujours. Mais l’histoire montre une chose : quand la pression devient trop forte, quand l’injustice est trop visible, quand le racket devient officiel, le consentement finit par se fissurer.
La question n’est donc pas de savoir si cette taxe est juste ou injuste – elle est indéfendable. La vraie question est plus simple, plus brutale : jusqu’à quand accepterons-nous de payer sans rien dire comme des cucks que nous sommes ?
YV
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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