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Philippe Louis (CFTC) : « Ce n’est pas écartant tout une frange de la population qu’on résoudra le problème de l’emploi ni en le réservant aux Français. » [Interview]

10/03/2017 – 07h30 Paris (Breizh-Info.com) – Comme nous l’évoquons ce matin, la CFTC vient d’adresser à quelques candidats à l’élection présidentielle un questionnaire afin de sonder les programmes des uns et des autres sur les questions économiques et sociales notamment. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont exclus de ce courrier, eux qui mobilisent pourtant une large partie de l’électorat populaire et syndiqué.

Nous avons interrogé Philippe Louis, président de la CFTC, pour recueillir ses explications.

Breizh-info.com : Vous avez adressé un questionnaire aux candidats à l’élection présidentielle. Pourquoi avoir écarté Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ?

Philippe Louis : Les questions sont posées par rapport au projet de la CFTC. Le positionnement de ces deux candidats – qui prônent la sortie de l’Europe et de l’euro – rend totalement incompatible notre projet avec leur projet à eux. A quoi bon leur écrire pour « discuter des détails »  lorsque l’on sait que nous sommes en parfaite opposition.

Breizh-info.com : A eux deux, ils représentent d’après les sondages entre 35 et 40% des électeurs. Est-ce que cela ne risque pas – dans une période où le syndicalisme ne va pas bien – de renforcer encore ce sentiment que les syndicats seraient déconnectés de la réalité, y compris de leurs syndiqués ?

Philippe Louis : Non je ne pense pas. Les Français sont intelligents. Ça doit les interpeller. Sur certaines positions de ces candidats, pour nous, c’est impensable, car ça aurait de telles conséquences sur la France.  Il y a certes dans le programme de chacun des choses qui vont bien – des dispositions qui peuvent paraitre attractives – mais tout cela risque d’être mis à mal de part ce positionnement dur contre l’Europe.

Il y a aussi d’autres positionnements, comme la préférence nationale, qui pour nous sont une profonde erreur.

Breizh-info.com : Sur l’Europe, qu’est ce qui est rédhibitoire pour vous ?

Philippe Louis : On retrouve clairement la volonté de suivre le Brexit avec le Frenchxit. Cela serait catastrophique pour la France. On sortirait de l’Europe, on remettrait en cause l’Union européenne. Ça n’est pas notre vision. Nous disons que l’Europe doit évoluer vers une Europe sociale, une harmonisation fiscale et sociale. Mais il n’est pas question d’aller s’isoler. C’est une aberration.

Breizh-info.com : Qu’est ce qui vous choque sur la préférence nationale – souhaitée par le FN – avec un fort nombre de chômeurs actuellement en France. N’est-il pas normal de réserver les emplois prioritairement aux Français ? 

Philippe Louis : Ce qui est choquant, c’est qu’en fait on est un pays ouvert. Pour nous c’est la tolérance. Pourquoi devrait on exclure une partie des gens qui vivent sur notre territoire ? Vous savez, ce sont des formules toutes faites. On est les premiers à aller chercher des gens diplômés pour tenir certains emplois…

Ceux qui viennent travailler chez nous font leur travail comme les autres, s’intègrent comme les autres. Ce n’est ni en écartant tout une frange de la population qu’on résoudra le problème de l’emploi ni en les réservant aux Français. C’est une question de compétence, rien d’autre. La ségrégation n’est pas supportable pour nous.

Breizh-info.com : Vous n’avez adressé actuellement votre questionnaire qu’à 4 candidats c’est bien cela ?

Philippe Louis : Oui, à ceux qui ont eu leur parrainage. Pour les autres, nous étudierons leur programme sous le même angle. Si c’est compatible oui nous leur enverrons.

Breizh-info.com : Comment expliquez vous la faiblesse du syndicalisme en France par rapport aux autres pays d’Europe ? N’est-ce pas dû à une surpolitisation des syndicats ?

Philippe Louis : Ça peut être une explication. Mais je pense qu’il faut plus regarder le système français. En France, les organisations syndicales négocient pour tous les salariés, adhérents ou pas adhérents. Les conventions collectives sont négociées par les organisations syndicales, qui apportent des droits aux salariés. Il n y a pas de contrepartie demandée aux salariés. On n’en est pas à dire que ceux qui sont syndiqués bénéficient des avancées et pas les autres…

On a construit par le paritarisme la retraite complémentaire, l’indemnisation chômage : on a pas exclu les non-syndiqués de là. On a toujours été dans l’état d’esprit de dire que nous travaillions pour apporter de nouveaux droits aux salariés. On a pas lié cela à l’adhésion. Suivant où l’on travaille – regardez les 5 millions de travailleurs dans les TPE – on n’a pas forcément de contact avec les salariés . Mais on leur apporte des choses.

Ces 5 millions viendront vers nous quand ils ont un problème, mais n’ont pas vraiment raison autrement de venir. Si on leur disait que pour bénéficier de la convention collective il fallait adhérer à une organisation syndicale, je pense qu’on aurait plus de syndiqués. Ce sont des choix qu’on a fait, la démocratie c’est aussi ne pas forcer la main. Malheureusement on est éloigné de tous ces salariés ce qui ne veut pas dire qu’on en tient pas compte et qu’on ne travaille pas pour qu’ils aient de meilleures conditions de travail.

C’est plus culturel qu’autre chose. Dans d’autres pays d’Europe, les choix ont été faits autrement. Il fallait être syndiqué si on veut avoir le droit à quelque chose.

Quand vous regardez dans les grandes entreprises où sont implantées les grandes organisations syndicales, on arrive à des taux de syndicalisation beaucoup plus importants (30-40% parfois). Mais quand vous avez un million de salariés/particuliers/employeurs, comment voulez vous aller à la rencontre de ces gens là ? C’est le système qui veut ça, il faut plus regarder globalement.

Dans les entreprises, on a pas à rougir par rapport aux élections du pourcentage de votants, sauf pour les TPE.

Propos recueillis par Yann Vallerie

Crédit Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2017 Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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2 réponses à “Philippe Louis (CFTC) : « Ce n’est pas écartant tout une frange de la population qu’on résoudra le problème de l’emploi ni en le réservant aux Français. » [Interview]”

  1. Jakez Gwillou dit :

    Les syndicats dits représentatifs sont à l’image des partis politiques du système. Ils servent tous la soupe à leurs maitres mondialistes. La CFTC, par les déclarations de son président n’y échappe pas.
    La préférence nationale heurte donc la sensibilité de Philippe Louis qui, refuse d’ exclure une partie des parasites qui logent sur notre territoire, mais n’hésite pas à exclure une partie notable de nos compatriotes, dans l’envoi de son questionnaire. Belle cohérence et bel esprit de solidarité nationale de sa part.
    Derrière une présentation “Bisounours” de lui et des siens, il pratique le mensonge à un bon niveau pour un syndicaliste “chrétien”. Selon lui, l’immigration massive que nous subissons, se résume à “être allé chercher des gens diplômés pour tenir certains emplois”. Que des dizaines de milliers de clandestins s’installent dans nos murs, avec le soutien des autorités étatiques, ne le gêne apparemment en rien. Que certains d’entre eux soient embauchés par des patrons voyous, ne l’indispose pas d’avantage…Comme l’on voit, dans notre douce république “ouverte”, il ne fait pas bon d’être un “de souche”.
    Ce triste sire ment effrontément quand il prétend que les syndicats représentent indifféremment tous les salariés. Car dans toute la Fonction publique, les syndicats institutionnels défendent devant les Commissions paritaires, prioritairement voire exclusivement les intérêts de leurs adhérents au détriment des non-syndiqués. Qu’il s’agisse des promotions, des mutations ou de la défense devant les instances disciplinaires.
    Tout cela n’est que le résultat du monopole syndical qui sévit depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Un monopole réservé aux seuls marxistes et à leurs complices démocrates-chrétiens, dont le président actuel de la CFTC est un illustre représentant. Un monopole syndical qu’il faudra détruire, dès demain, en cas de véritable alternance, pour laisser liberté entière aux salariés.

  2. dicoala dit :

    C’est lui qu’il faut écarter

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