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Sécuriser les sites Seveso, mission impossible ?

03/08/2015 – 06h00 France (Breizh-info.com) – Le gouvernement a annoncé que, d’ici à la fin de l’année, tous les sites Seveso seront inspectés pour évaluer leur vulnérabilité. L’incendie – qui serait volontaire, selon les premières pistes de l’enquête – au stockage de carburants de Berre l’Etang mi-juillet a relancé les inquiétudes. Pourtant, sécuriser les sites Seveso paraît presque impossible.

La France compte 1171 sites Seveso, dont 656 de seuil haut et 515 de seuil bas. Les cinq départements bretons en comptent 33   de seuil haut et 29 de seuil bas. Nous les avons cartographiés. Leur répartition dans les cinq départements bretons ne recoupe pas totalement la géographie économique. En effet, les départements de l’est (Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine, Morbihan) sont le moteur économique breton. On en trouve donc effectivement concentrés en Basse-Loire, de Nantes à Saint-Nazaire,  autour de Rennes, ainsi qu’à Lorient. Mais il en est aussi dans le centre de la Bretagne le long de la RN164 de Pont de Buis à Loudéac, ainsi que dans les agglomérations de Saint-Malo, Saint-Brieuc et Brest.

D’autres sont isolés à la campagne, comme le dépôt de carburants marins SOBAD à Douarnenez, l’entreprise de chromage Chromatlantique Industriel à la Gacilly, le fabricant de produits d’hygiène Hydrachim au Pertre de Bretagne (tous les trois sont classés Seveso seuil bas) ou encore la plateforme logistique d’engrais Odalis à Mésanger (seuil haut).

De très importantes concentrations de site Seveso seuil haut existent en milieu urbain. Trois sont situés à Brest, quatre à Lorient, six dans les banlieues sud de Rennes, du Rheu à Vern sur Seiche en passant par Saint-Jacques de la Lande,  cinq entre Donges et Montoir, auxquels s’ajoute un site Seveso seuil bas. Des points particulièrement sensibles alors que la montée du djihadisme pourrait toucher la Bretagne, qui compte notamment une importante mosquée salafiste à Brest.

Pourtant, si les risques sont connus, la sécurisation des sites apparaît très compliquée, comme le montre une fois de plus un fait divers arrivé dans le Midi. Dans l’Aude, à Port-la-Nouvelle, un enfant de dix ans a réussi à s’introduire dans un trou de la clôture du dépôt pétrolier Dyneff, classé en Seveso seuil bas.

Par ailleurs, d’autres possibilités de sécurisation se heurtent de plein fouet à des dispositions législatives existantes soit pour garantir des droits, soit pour la santé des populations environnantes. Ainsi, il apparaît impossible de demander la nationalité, le casier judiciaire ou l’origine de tous les travailleurs et sous-traitants qui interviennent sur les sites Seveso – la loi ne le permet pas. D’ailleurs, la sous-traitance en cascade qui est monnaie courante dans les grands travaux industriels relativise tout effort pour connaître tout du pedigree des intervenants : les entreprises du BTP recourent à de nombreux intérimaires et ont un turn-over assez important de la main d’oeuvre. Voilà encore une faille bien peu évidente à combler. Les industriels sont aussi très inquiets par les dispositions de la directive Seveso, dont la dernière version accroît encore l’information transmise au public – l’enjeu de protection de la santé des riverains a été en effet reconnu comme prioritaire. Mais c’est autant d’information qui peut tomber dans de mauvaises mains.

D’autres réalités sont banalement matérielles. Même l’Etat a demandé aux industriels d’améliorer leurs installations de vidéo-surveillance et de faire plus de patrouilles de vigiles, certains sites sont énormes et font parfois plusieurs centaines d’hectares. D’autres sont étroitement imbriqués dans le tissu urbain. La raffinerie de Donges, en Bretagne, est traversée par une voie ferrée dont le détournement est un serpent de mer qui dure depuis des décennies – il est vrai que lorsque la voie ferrée et la gare de Donges, au lieu-dit Croix des Marins, ont été construites, la raffinerie était à l’intérieur des terres.

Ce n’est qu’après la Guerre que le bourg de Donges, ruiné par les bombardements alliés, et la raffinerie, ont permuté leurs emplacements, sans que le tracé de la voie ferrée et l’emplacement de la gare ne bougent. Depuis la raffinerie s’est sensiblement agrandie, avalant une grande partie des hameaux environnants, au point d’inquiéter les rares propriétés qui ont survécu. Une situation qui n’est pas réservée à la raffinerie bretonne : en Ile de France, en Savoie ou en Provence, mais aussi dans les ports et les grandes villes bretonnes, l’espace était déjà restreint lorsque les sites industriels ont été implantés au cours du XIXe ou du XXe siècle. Tout accident sur ces sites est rapidement impressionnant – comme l’incendie dans le dépôt pétrolier de Saint-Herblain en 1991 – et peut très vite avoir des conséquences dramatiques.

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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