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Vent d’Est, la chronique d’Europe Centrale : terrain de jeu et jeu de vilains

Retrouvez chaque semaine « vent d’Est » une chronique d’Europe centrale rédigée  par notre correspondant local. 

23/10/2015 – 09H00 Budapest (Breizh-info.com) – Un échiquier complexe. Voilà à quoi ressemblent cette Europe centrale et ces Balkans qui bougent tant en ce moment. Alors que la nature se couvre de ses dorures automnales avant de s’endormir, l’activité politique centre-européenne connaît un sursaut sans précédent depuis la fin du communisme.

En Moldavie, la situation évolue, et la mobilisation ne faiblit pas. L’enquête avance et l’ancien premier ministre du parti libéral au pouvoir – et pro-UE -, Vlad Filat, est désormais accusé d’avoir perçu 260 millions d’euros de l’homme d’affaire israélo-moldave Ilan Shor, pour des histoires de trafic d’influence et de corruption. Cette avancée est due à la diffusion sur Facebook d’une conversation téléphonique entre Filat et Shor par le politicien Renato Usatii. Homme d’affaire spécialiste en industrie ferroviaire, avec des liens en Tchéquie et en Russie, il serait proche du monopoliste du rail russe RJD, qui s’étendrait bien en Moldavie. Il a aussi beaucoup gagné en popularité grâce à du mécénat, ce que d’autres oligarques ne pratiquent pas vraiment dans la région. En parallèle, de l’autre côté de la frontière, en Ukraine, l’oligarque et ancien président géorgien Saakachvili, violemment anti-russe et pro-atlantiste, et aux commandes d’Odessa, veut réallouer l’argent prévu pour un hôpital au sud d’Odessa à créer un chemin de fer contournant la Transnistrie, cette région séparatiste moldave, au nord-est de la Moldavie, véritable bande empoisonnée pour le pouvoir de Chisinau, et fusible russe dans la région.

Les Russes seraient-ils à la manoeuvre en Moldavie? Compte tenu des enjeux de la partie, il est évident que des puissances et éléments industriels, oligarchiques, voire, gouvernementaux de Russie soient partie prenante. Surtout que désormais, et à moins de six mois des élections, les sentiments pro-russes semblent l’emporter, Filat emportant avec lui vers les abysses le parti au pouvoir, figure de proue de la mouvance européiste. Cette probable contre-attaque russe par rapport au conflit ukrainien, qui a priori voit enfin les accords de Minsk II respectés, pourrait finir en terrible crochet au foie pour l’Ukraine, et pour les atlantistes impliqués de plus belle dans la région. La Roumanie a d’ailleurs menacé de ne pas maintenir son prêt de 150 millions d’euros à la Moldavie si les forces pro-russes accédaient au pouvoir. Le président Klaus Iohannis remplit bien son rôle…

Pendant ce temps-là, il y a eu des blessés au Monténégro. Essentiellement du côté de la police pour le moment. Cette fin de semaine, une quinzaine de personnes ont été prises en charge suite à des blessures pendant les heurts entre les forces anti-émeutes et les manifestants qui ont repris du poil de la bête. Là encore, ces émeutes font suite à la volonté du gouvernement corrompu de faire entrer le pays dans l’OTAN. Ce qui ni les Monténégrins, ethniquement serbes, et ayant la mémoire assez longue pour se souvenir des bombardements de l’OTAN sur leurs frères de Serbie il y a quinze ans, ni la Russie, n’acceptent. Outre l’extension de l’OTAN dans les Balkans, qui ne plaît guère en soi à la Russie, le Monténégro est un lieu de vacances prisé des Russes qui y ont investit beaucoup, en particulier dans l’immobilier, et c’est aussi un accès indirect à la mer pour la Serbie.

A propos de manifestations, en Allemagne à Dresde… non, non, vous ne lisez pas la chronique de la semaine dernière! Donc, dans la capitale de la Saxe, PEGIDA a encore organisé une manifestation. C’était le premier anniversaire du mouvement anti-Islam et anti-immigration et 30.000 personnes s’y sont réunies – “quelques milliers” pour Le Monde. Un manifestant pris à parti par des anti-PEGIDA a d’ailleurs été roué de coups et hospitalisé dans un état grave. Ailleurs en Allemagne, bien qu’au sein même du CDU, de plus en plus de membres élèvent la voix contre les visibles incohérences de Merkel, le responsable de l’application des mesures gouvernementales de la Hesse, M. Lübcke, a tout bonnement suggéré à ceux qui étaient contre la politique migratoire de quitter l’Allemagne. Un avis qui n’a pas été pris en compte par certains, notamment celui ou ceux qui ont poignardé la candidate pro-migration de la ville de Cologne.

C’est à se demander combien de temps Merkel va encore compter sur la chance pour se tirer d’une situation au bord de l’explosion. On peine à comprendre le sens de sa politique, alors qu’elle dispose de tant de ressorts politiques, économiques et d’influence, lui donnant la marche de manoeuvre théorique pour se prémunir de ce genre de situation. Il y a 5 ans, Merkel nous disait que “le multikulti est un échec”. Aujourd’hui, elle en est la principale instigatrice à l’échelle européenne, quoiqu’on dise de la politique de Hollande, du rôle des USA, ou d’autres. Cette politique criminelle tant envers l’Allemagne, qu’envers les autres pays européens, mais aussi envers les migrants, pris au piège de l’appel d’air irresponsable de la chancelière et subissant toutes les conséquences de leur venue indésirable dans une Europe en récession, socialement en ruine, et moralement dans un état lamentable, ne peut pas bien finir.

Quoiqu’il en soit, une dernière manifestation mérite d’être évoquée ici. Bien que petite par le nombre de ses manifestants, la réunion et le défilé de militants nationalistes des pays du V4 a eu lieu sans incidents et plus de 600 personnes venues de Pologne, de République tchèque, de Slovaquie et de Hongrie ont défilé dans la ville polonaise de Częstochowa, au sud de la Pologne. C’est un fait historique. Jamais des militants nationalistes de ces quatre pays n’avaient été présent en un même endroit, qui plus est, pacifiquement! Mais selon leurs propres dires, c’est un moment historique, et il convient de défendre là l’Europe, par delà les différents locaux. Et comment alors ne pas avoir instantanément à l’esprit la devise de notre avant-dernier empereur? Viribus unitis.

Cependant, alors que désormais des troupes tchèques, slovaques et polonaises aident les militaires hongrois à sécuriser la frontière de Schengen sous responsabilité de Budapest, et que la Hongrie depuis la fin de semaine compte moins de 50 entrées de clandestins par jour ( 22 le lundi 19! Record historique que l’on peut espérer être battu encore cette année!), la situation s’annonce explosive en Slovénie et en Croatie. En effet, la Slovénie a fermé sa frontière et désormais la Croatie devient un cul-de-sac où les migrants subissant les pluies d’automne s’entassent. En Slovénie, au camp de Brezice, quelques migrants ont mis – a priori accidentellement – le feu aux tentes, embrasant tout le camp. Alors que 20.000 clandestins sont entrés en Slovénie en trois jours, celle-ci a fait appel à l’Union européenne. On rappellera alors à son gouvernement de centre-droit qu’il y a quelques semaines, il disait qu’il aiderait les migrants à continuer leur chemin vers leur destination… la réalité est autre, ils l’auront appris à leurs dépens!

Enfin, en Bulgarie, sur la clôture – comment, vous ne saviez pas qu’il y avait une clôture en Bulgarie? Personne n’a accusé la Bulgarie d’être indigne des valeurs de l’Europe? – à la frontière turque, un malheureux afghan a perdu la vie des suites d’une balle reçue par un policier bulgare, de façon accidentelle. Articles factuels, compassion de Tusk et Juncker envers le gouvernement bulgare… bien étrange réaction envers un pays qui a une barrière depuis janvier et qui n’a subit l’entrée illégale sur son sol “que” de quelques dizaines de milliers de clandestins. Imaginez le cirque si cela s’était produit en Hongrie. Un fait divers terrible qui nous le craignons, n’est que le premier d’une série de drames humains appelés à survenir sur le sol européen, voire même sur le sol de l’Union européenne, dans les mois à venir. Quoiqu’il en soit, la réaction occidentale à cet événement met en avant le deux poids deux mesures qui existe par rapport à certains états membres de la part des instances dirigeantes, et l’on est en droit de se dire que les élites bulgares ont dû être bien compensées d’abandonner le South stream, projet de gazoduc russe qui avait fait grand bruit.

Voilà chers lecteurs encore une semaine chargée et complexe. L’on retiendra essentiellement que cette zone que nous avons décidé de couvrir pour vous est digne de votre attention, ne serait-ce que pour les enjeux qui s’y trouvent en ce moment. Crise migratoire, manifestations multiples, drames humains divers et violences multiples, réorganisation des collaborations internationales locales et remaniements gouvernementaux inévitables, forcés par la rue ou par le sort, personnifiés en la masse de migrants qui n’en finissent pas de débarquer sur nos plages du sud. Enfin, nous garderons un oeil attentif à la guéguerre d’influence que se livrent les atlantistes et les Russes dans toute cette zone, et nous en profitons pour appeler de nos voeux la naissance d’une entité politique inédite et unique pour les pays d’Europe centrale et des Balkans, afin de les prémunir, à terme, d’être encore et encore le terrain de jeu, la zone tampon, et les colonies de puissances extérieures génératrices de conflits d’un nouveau genre – ou, parfois hélas, bien old school. Mais dans cette recherche d’unité, dans la naissance d’un tel Intermarium, il est fondamental de ne pas se construire par opposition à la Russie. On ne ferait que se condamner à être encore plus que maintenant – c’est dire! – les pions des atlantistes, qui surfent sur les sentiments – bien légitimes – anti-russes dans de nombreux pays de la zone qui nous intéresse. Il est vital de se constituer en unité politique non pas contre la Russie, mais pour notre intérêt, qui est malgré tout bien plus menacé par l’hégémonie  phagocytaire sur tous les plans de l’Oncle Sam que par la balourdise toutefois rusée de l’Ours russe. Point sensible, nous aurons l’occasion d’en reparler dans une prochaine chronique.

A la semaine prochaine, et n’oubliez pas, le soleil se lève à l’Est !

Ferenc Almássy

 Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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