Culture

Hunter Killer : la guerre des drones par ceux qui la font

31/10/2015

Les éditions du Seuil publient en ce mois d’Octobre le livre co-signé par le Lieutenant-Colonel Mark McCurley et Kevin Maurer intitulé « Hunter Killer, la guerre des drones par ceux qui la font ».

2004, Afghanistan. Le pilote de drone Mark McCurley est certain d’avoir Ben Laden dans sa ligne de mire. Le doigt sur la gâchette, il attend l’autorisation de tirer. 2004, Irak. Pour la première fois, un drone apporte un soutien armé à des troupes au sol prises sous le feu ennemi. 2005, Afghanistan. McCurley participe aux opérations de sauvetage du Navy SEAL Marcus Luttrell. 2006, Irak. Tir manqué contre le chef d’al-Qaïda, Moussab al-Zarqaoui. 2011, élimination du terroriste Anwar al-Awlaqi au Yémen et prise d’otage du navire The Quest au large d’Oman.
Dans chacune de ces opérations, les drones ont été en première ligne. Mark McCurley était aux commandes d’un appareil ou à la tête de l’intervention. Grâce à lui, on passe derrière la console de pilotage. On ressent l’adrénaline des frappes, l’atmosphère électrique du poste de commandement, mais aussi la frustration et parfois les traumatismes de pilotes. En effet, chaque soir, ils regagnent la vie civile avec les images d’une guerre qui se mène à des milliers de kilomètres de chez eux.

Mark McCurley a occupé un poste de haut rang dans la guerre des drones contre le terrorisme entre 2003 et 2013. Kevin Maurer, journaliste, a co-signé Ce jour-là (Le Seuil, 2012) et No Hero (Le Seuil, 2014), les deux ouvrages de Mark Owen, le Navy SEAL qui était dans le commando qui a tué Ben Laden.

Dans le très bon film « Good Kill » d’Andrew Nicoll le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combattait douze heures par jour les Talibans. Derrière sa télécommande, depuis sa base à Las Vegas, il vivait de plus en plus mal cette situation. Ce livre est un nouveau témoignage sur ce que ressentent ces soldats qui tuent l’ennemi à distance, depuis leur cantonnement militaire.Un témoignage intéressant sur cette nouvelle forme de guerre par écrans interposés, aux conséquences humaines pourtant bien réelles et beaucoup plus sanglantes que par le passé. Le style d’écriture n’est toutefois pas particulièrement brillant. On regrettera également le peu de focus sur la psychologie de ces hommes qui obéissent et tuent, tantôt des cibles militaires ou terroristes avérées, tantôt des civils, communément baptisé « dégât collatéral» .
Fidèle à la mentalité militaire américaine, ce soldat ne regrette rien et n’en vient jamais à s’interroger sur ces assassinats commandés qu’il met en oeuvre au quotidien, « au nom de la démocratie ».