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Simon Leys, un grand sinologue victime du sectarisme

09/01/2015 – 0700 Paris (Breizh-info.com) – France Culture a rediffusé samedi 2 janvier l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut du 27 juin 2015 consacrée au sinologue Simon Leys, décédé le 11 Août 2014. La publication de son essai Les habits neufs du Président Mao en 1971 l’avait placé au cœur du débat sur la réalité du régime communiste chinois.  Pierre Boncenne et François Sureau, invités d’Alain Finkielkraut, lui ont rendu hommage pour sa clairvoyance, son courage et sa liberté d’esprit. Ils ont également rappelé comment il avait été victime du sectarisme de la nomenklatura française à l’exception notable de Jean François Revel et de René Etiemble.

Simon Leys, de son vrai nom Pierre Ryckmans, s’intéresse à l’origine à la peinture chinoise. Il a été séduit par la Chine en 1955 à l’occasion d’un voyage avec un groupe de dix jeunes belges invités par le gouvernement. Il décide alors d’apprendre le chinois. Après avoir étudié à Taiwan et à Singapour, il s’installe à Hong-Kong en 1963. A partir de 1967, il rédige des synthèses d’articles de la presse chinoise pour les représentants du gouvernement belge. C’est le début de la Révolution culturelle avec ses millions d’assassinats. Il perd ses illusions sur le régime. ll décrit et analyse  la situation réelle  dans son livre Les habits  neufs du Président Mao.

Cela lui vaut une véritable lynchage de la part du parti intellectuel germanopratin. Les maoïstes français de la Gauche Prolétarienne ( 1 ), dirigée par Pierre Victor, alias Benny Lévy, soutenue entre autres par Jean Paul Sartre ( 2 ), mobilisent tous leurs relais dans la presse. Alain Bouc dans un article du Monde du  19 novembre 1971 met en doute son témoignage. Il est relayé par Le Nouvel Observateur. Jean Daubier, du Monde diplomatique, affirme dans la revue Tel Quel de l’été 1972 que ” c’est une anthologie de ragots….qui ont une source américaine ….cela frise le charlatanisme. ” Pierre Boncenne, engagé pour sa part au PSU, était élève du prestigieux lycée Henri IV,  témoigne que ” les maoïstes, qui y faisaient la loi, considéraient ce livre comme le produit d’une officine de la CIA “. Aux Etats-Unis, Edward Friedman reprendra ces accusations.

Cela continuera longtemps. Ainsi, lors de l’émission Apostrophes, en 1983, il s’affrontera avec Maria Antonietta Macciocchi, chantre du maoïsme dans son livre De la Chine. Alain Badiou considère toujours  “qu’il est l’organisateur principal de la sinologie anti maoïste “. Philippe Sollers a mis 30 ans avant de reconnaître ” qu’il s’était trompé et que Simon Leys avait raison “.

Cet aveuglement ne se limite pas au milieu intellectuel. Valéry Giscard d’Estaing avait qualifié Mao de “phare de l’humanité” après son décès. Lors d’un dîner auquel l’auteur de ces lignes assistait, Jean Pierre Raffarin n’avait pas hésité pas à considérer que “la Chine est un pays démocratique car le grand nombre d’élus du parti est représentatif de la population“.

Simon Leys, dont la sensibilité politique penchait à gauche, est un disciple d’Orwell. Il a été un modèle d’esprit libre, véritable dissident dans l’océan du conformisme de l’oligarchie médiatico-politique française.

T. Monvoisin

(1 ) Parmi, les principaux membres de la Gauche Prolétarienne, on peut citer : Alain Geismar, Jean Pierre Le Dantec, André Glucksman, Roland Castro, Jean Paul Dollé, Serge July, Olivier Rolin, Gérard Miller, Jean Claude Milner, etc..

( 2 ) A côté de JP Sartre, il y avait Yves  Montand, , Simone Signoret,  Michel Foucault, le dominicain Jean Cardonnel, Charles Bettelheim,  etc.

Photo : DR
Breizh-info.com, 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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3 réponses à “Simon Leys, un grand sinologue victime du sectarisme”

  1. Erwan du Radôme dit :

    Leys ? Sûrement par référence au roman du Breton Victor Segalen, grand sinisant et sinologue, et très grand écrivain, qui signa un livre tout-à-fait exceptionnel dépeignant un épisode de la vie de “René Leys”, jeune homme ayant ses entrées au sein de la Cité Interdite à Pékin, au moment du déclin de l’empire, au début du XXème siècle.

  2. Fred dit :

    La Chine d’aujourd’hui est toujours une dictature communiste (parti unique qui surveille et contrôle tout) mais cette dernière a totalement mis la population au service du capitalisme apatride (bourse de Shanghai et Hong-Kong), les chinois sont ainsi clairement pris en tenaille entre les deux idéologies esclavagistes du 19ième et 20ième siècle.
    Pour rappel le communisme a principalement consisté à envoyer massivement les paysans à l’usine après expropriations et avec une arme dans le dos pour bien soigner les récalcitrants. (URSS, Chine, etc)
    On devine au final ce qui motive et a motivé l’admiration de la part d’une certaine communauté organisée spécialisée dans la spoliation, le mensonge, la falsification, la manipulation des masses et autres vilénies de marionnettiste.

  3. robert dit :

    Leys a effectivement fait parti des quelques hommes et femmes trop en avance sur leur temps, trop clairvoyants qu’il fallait abattre. Et les guignols comme Sollers et Badiou s’y sont colles. Le temps lui a rendu hommage.

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