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Baron Noir. La nouvelle série Canal + qui assassine le Parti Socialiste (PS)

13/02/2016 – 06h00 France (Breizh-info.com) – Depuis lundi, la série Baron Noir a fait son apparition sur Canal+. Si deux épisodes ont été diffusés lundi soir, l’intégralité est déjà disponible sur le service à la demande de la chaîne. Et le moins que l’on puisse dire de cette série française réussie  – chose suffisamment rare pour être soulignée -, c’est qu’elle assassine totalement le Parti socialiste (PS) , et en montre une face certes cinématographique, mais sombre, nauséabonde, pour ne pas dire plus.

La série , composée de 8 épisodes (une saison) et réalisée par Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon, retrace une partie de la vie politique et judiciaire de Philippe Rickwaert (Kad Merad) député-maire du Nord, porté par une irrépressible soif de revanche sociale. Lors de l’entre-deux tours des élections présidentielles, il voit son avenir politique s’effondrer lorsque son mentor, le candidat de gauche (Niels Arestrup) le sacrifie pour sauver son élection. Déterminé à se réinventer une carrière, Philippe va utiliser élections et temps forts politiques pour s’imposer pas à pas, contre celui qui l’a trahi, mais fort d’une alliance nouvelle avec la plus proche conseillère de son ennemi …

Cinématographiquement, c’est une réussite, malgré quelques lenteurs après les 3 premiers épisodes. Kad Merad arrive à quitter son traditionnel rôle d’acteur « humoriste » pour rentrer dans la peau d’un salaud, député socialiste à l’Assemblée et maire de Dunkerque. Niel Arestrup continue de démontrer tout son talent d’acteur. Seul bémol, la prestation d’Anne Mouglalis, qui semble être au cinéma ce que Cécile Duflot est à la gauche : une caricature. La série est sombre, soutenue, complexe, bien filmée. On atteint la qualité des Hommes de l’Ombre, pour rester dans le domaine politique français. Ne vous attendez pas à voir une copie d’House of Cards, les deux séries ne sont pas comparables du tout. Baron noir se révèle moins « grand public » qu’House of Cards, mais beaucoup plus prenant pour des citoyens intéressés par la vie politique en France. Canal + arrive à placer la barre haute, quelques semaines avant la sortie de Marseille sur Netflix.

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Du côté du contenu, l’histoire essaie de coller à une certaine réalité du Parti socialiste, version fin 20e siècle début 21e. Julien Dray – membre éminent du Parti socialiste, cofondateur de SOS Racisme, trotskiste invétéré, l’a d’ailleurs affirmé sans aucune honte, « Le baron noir, c’est moi ». Pourtant, le téléspectateur ne pourra que ressentir une grande nausée à suivre les péripéties de Philippe Rickwaert « Dray », un homme qui en arrive à pousser psychologiquement un jeune syndicaliste idéaliste au suicide afin de couvrir du trafic d’influence, de l’achat de voix aux élections, des magouilles à l’attribution de logements sociaux. Cette série, c’est un peu le prolongement du livre « Rose Mafia » écrit par un membre du PS,  Gérard Dalongeville, mouillé jusqu’au cou dans différentes affaires sales, très sales (corruption, détournement de fonds publics …).

On ne pourra qu’être scandalisé de voir un Julien Dray revendiquer une certaine paternité avec le Baron noir, un homme qui n’hésite pas à proposer d’aller saccager un bureau de vote pour faire reporter l’élection et faire passer cela sur le dos du Front national. Un homme qui est mouillé, avec certains policiers de la Brigade financière, mais aussi avec de nombreux membres du Parti socialiste, dans une corruption à grande échelle. « Nous ne sommes pas des pourris ni des voleurs, nous sommes des militants » ose même Philippe Rickwaert, dans le premier épisode de la série. Ce député-maire de Dunkerque est en effet tellement persuadé d’être le Robin des Bois des pauvres – tout en manipulant sans pudeur ses militants issus des classes populaires ou encore quelques syndicalistes communistes à la recherche d’avancement, qu’il se sent toute impunité pour laisser libre cours à tous ses trafics. Des trafics qui font des dégâts énormes.

Baron noir est, quand on la regarde avec sérieux, une série qui assassine totalement le Parti socialiste, mais sans doute plus largement la vie politique en France, bien que Kad Merad s’en défende. Dans une chronique du Huffington Post, Alexandre Boudet revient d’ailleurs sur 5 faits réels qui ont pu inspirer la série ( des affaires liées à la Fédération PS du Nord en passant par le scandale des offices HLM de la ville de Paris, en passant par les arrangements entre le PS et la CFDT notamment …). À travers cette série, qui témoigne sans aucun doute d’un certain quotidien de quelques personnalités politiques, on se rend rapidement compte que les idées qu’ils défendent en public sont le cadet de leurs soucis. Ils passent leurs journées à penser à ce qui pourrait être bon pour eux, le peuple, ils s’en moquent, et savent l’utiliser à bon escient. À aucun moment, durant les premiers épisodes tout du moins, le moindre soupçon de programme politique n’est évoqué. La carrière et les affaires seulement …joli programme !

En regardant Baron Noir, on ne peut pas s’empêcher de se dire que ces personnalités politiques, du Président de la République en passant par ses collaborateurs, chefs de partis, députés, sont de véritables pourris. Peu voir pas d’éthique, une ambition personnelle démesurée les amenant à devenir des « monstres politiques ». Et toujours, malgré ce mensonge et cette arnaque permanente, une volonté de « moraliser » à tout va, avec l’idée que « la gauche, ce sont les gentils et le progrès ». On rigolera devant cette scène teintée de démagogie, dans laquelle le député Rickwaert réclame « de la merguez halal » à des ouvriers en grève préparant un barbecue. Ou quand ce même député fera l’homme outré lorsque son boucher et ami lui répond « je ne sais pas pour qui voteront les bouffeurs de Halal ». L’obsession du Front national et de son ascension, en permanence, presque le seul programme politique des socialistes de Baron noir, entre deux magouilles et complots visant à assouvir un besoin de gloire et de reconnaissance personnel. Aux téléspectateurs de trancher, de faire la part des choses, et de transposer avec la réalité désormais …

Baron noir, une nouvelle excellente série produite par Canal + (après Braquo, Engrenages …), à regarder aussi pour se rendre compte que la démocratie et la République ne sont finalement peut-être pas les priorités de ceux qui dirigent le pays…


Baron Noir – Bande Annonce [HD] par CANALPLUS

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2016 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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Une réponse à “Baron Noir. La nouvelle série Canal + qui assassine le Parti Socialiste (PS)”

  1. Cadoudal dit :

    Et comme toujours la fiction est certainement loin en dessous de la réalité. Heureusement il y a une association philanthropique dont les membres prête serment de ne rien dévoiler sous peine d’égorgement, qui tient les rênes dans la coulisse. La gestion du millefeuilles français aussi est un art difficile. Quand on voit la brochette d’hyper compétent que l’on vient de nommer et les récompenses que l’on distribue aux “méritants”, sans parler de l’étage européen, on baigne dans la démocratie, l’amour du pays et la responsabilité. Mais quand on a des dents, surtout si elles sont longues, tout est permis.

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