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Wikileaks publie le bilan de l’opération Sophia contre les passeurs de migrants

29/02/2016 – 05h45 Bruxelles (Breizh-info.com) – Wikileaks a publié ces jours-ci un rapport européen classifié – en anglais – qui fait le bilan de l’opération Sophia du 22 juin à fin décembre 2015. Il fait état de la destruction de plusieurs dizaines de bateaux et du déplacement des flux de migrants de l’ouest et du centre de la Méditerranée vers l’est : c’est à dire que désormais, c’est la Grèce, et non plus l’Espagne ou l’Italie, qui est en première ligne.

L’Opération Sophia, prévoyant l’inspection, la saisie et le détournement de navires suspects dans les eaux internationales, a été lancée en juin 2015 suite au début de la crise migratoire – qui a vu arriver plus de 1 million de réfugiés majoritairement musulmans en UE. Elle englobe des navires de guerre italiens, français, allemands, britanniques et espagnols, dont le Cavour C 550, porte-aéronefs italien, et la frégate furtive française Courbet.

Une baisse en trompe l’oeil du flot de migrants venus depuis la Libye

Signé par l’amiral de la marine italienne Enrico Credendino, le rapport fait état d’une réduction de l’utilisation par les migrants de la route centrale d’accès à l’Europe – depuis les côtes de Libye. Ils ne sont plus que 16% des migrants (soit 154.725) à passer par là – alors que 83% passent par la route de l’est, des côtes turques aux îles grecques, nettement plus faciles d’accès. Par ailleurs le flux de migrants qui passe par la route centrale se réduit de 9%, une première depuis trois ans. Cependant, même en baisse, ce trafic représente  4,5 milliards d’€ pour le business des passeurs en 2015, selon Europol et 35% du PIB d’une Libye dévastée par la guerre civile et l’absence de pouvoir central depuis la destitution et la mort de Mouammar Kaddhafi. Dans les ports de départ, selon Europol toujours, le trafic de migrants représente plus de 50% de l’économie.

Ces sommes colossales alimentent d’autres destinataires, notamment le groupe Etat Islamique, qui ne cesse de s’étendre dans la zone grise entre les deux gouvernements de Libye – Tripoli et Benghazi – sortant de son fief de Syrte. Celui, justement, de Kaddhafi de son vivant. L’instabilité que connaît la Libye – nouveau point de rendez-vous des djihadistes du Maghreb depuis que l’EI et Al-Quaida subissent de graves revers en Syrie et en Irak grâce à l’intervention russe et au soutien occidental aux kurdes et forces chiites irakienne – ne fera certainement pas enrayer le processus, au contraire.

67 bateaux et 46 passeurs arrêtés en haute mer

Dans les eaux internationales situées entre la Libye et l’Europe, la force navale européenne a arrêté dans la seconde moitié de 2015 67 bateaux et 46 passeurs. Par ailleurs 3078 migrants ont été secourus en mer et transférés en Europe. Une seconde phase est prévue dans les eaux territoriales libyennes, même si l’amiral Enrico Credendino prévient qu’aucun effet durable ne pourra pas être obtenu sans la restauration d’une marine libyenne forte capable de garder ses côtes et empêcher le passage des passeurs et de leurs bateaux.

Pour l’heure, le rapport note que la Tripolitaine (moitié ouest de la Libye, gérée par le gouvernement de Tripoli) est le principal pôle de départ de migrants, même si l’accroissement des tensions militaires dû notamment à l’expansion de l’Etat Islamique vers l’ouest gêne considérablement les trafics. De nombreux ports de la Tripolitaine vivent en majorité du trafic de migrants, notamment Zouara, située à 60 km à l’ouest de Tripoli et citée dans le rapport. Un autre port, Misrata, est aussi cité. Cette route a pour objectif primaire l’île italienne de Lampedusa. Cependant, le trafic à partir de ports égyptiens, mais aussi tunisiens ou grecs tend à se développer sur cet axe et représente déjà 8% des migrants transportés, soit près de 12.400 personnes.

Par ailleurs, la réduction du flux de migrants depuis la Libye n’est pas vraiment dû à l’opération maritime européenne, avoue l’amiral Credendino, mais « à l’amélioration de la situation sécuritaire en Egypte », reprise en main par l’armée et le général Abdel Fatah al-Sissi, « qui rend plus difficile pour bien des migrants issus du Moyen-Orient – surtout de la Syrie – de traverser ce pays pour rejoindre la Libye. » C’est à peu près la même chose pour la route de l’ouest, depuis les côtes marocaines et algériennes vers l’Espagne, qui est très marginale (3.209 migrants concernés en 2015, en baisse de 16%). En effet les autorités des deux pays concernés, qui ont bien compris l’impact de la présence massive de migrants – issus principalement d’Afrique subsaharienne – sur l’insécurité dans les villes et régions littorales, mènent régulièrement des opérations policières contre les passeurs. Des milliers de clandestins, essentiellement issus du Niger, ont aussi été expulsés en plusieurs vagues par l’Algérie, et ce de façon parfois très musclée selon les défenseurs des droits de l’homme locaux.

D’autres pays, situés en amont sur cette route qui va de l’Afrique subsaharienne voire centrale à la Méditerranée expulsent sans ménagement les clandestins, notamment le Cameroun, qui expulse les nigérians par centaines ; ce pays lutte aussi ainsi contre la pénétration dans le flot de réfugiés de nigérians qui font partie de l’organisation islamiste Boko Haram. Elle destabilise une partie du Nigeria, mais aussi les régions frontalières du Cameroun.

La majorité des migrants viennent par l’est, de la Turquie vers la Grèce

En revanche, à l’est, pas de bonne nouvelle. La route qui relie les côtes turques aux îles grecques – avec comme variante le passage par la frontière terrestre entre Bulgarie et Turquie, ou entre Turquie et Grèce – voit son flux de migrants exploser. Rien de moins que 1664% d’augmentation du nombre de migrants qui l’ont empruntée en 2015, soit 771.237 personnes. Selon l’Organisation internationale pour les Migrations, citée dans le rapport, 731 migrants sont morts en passant par cette route – à peine 0,1% du total. Contre plus de 2% de ceux qui s’entassent dans les rafiots pourris et surchargés qui partent des côtes libyennes pour l’Europe.

Crédit photo : DR
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