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Nantes. Guide du Marché de Noël, entre entourloupes et prix d’or

03/12/2017 – 06h50 Nantes (Breizh-info.com) –Le marché de Noël est lancé à Nantes depuis le 24 novembre jusqu’au 24 décembre. De 10h à 20h du lundi au vendredi, de 11h à 20h le dimanche et jusqu’à 21h le samedi, les places Royale et du Commerce se parent des couleurs de Noël. Cependant, si c’est l’occasion de goûter du vin chaud et d’acheter des produits artisanaux ou issus de la gastronomie régionale française, sur le marché de Noël on ne fait pas forcément de bonnes affaires. Petit guide pour échapper aux principales entourloupes et en avoir pour son argent.

Les prix du marché entraînent à la pratique de prix forts. Ainsi, un marchand nous explique que son « emplacement coûte 9000 € » pour six mètres. Il y a des chalets de 4, 8 et 12 mètres aussi. A cela s’ajoute l’électricité, le supplément pour la sécurité – 120€ demandés aux exposants cette année – afin d’éviter pickpockets et vols de caisses comme l’an dernier, les charges salariales, les impôts. Il faut donc faire de la marge et bosser dur pour faire son beurre. Mais l’affluence est au rendez-vous. Ainsi, un marchand de vin chaud peut vendre plus de 600 verres à 3€ pièce un samedi et une centaine tout de même un lundi ou un mardi. Intéressant, d’autant plus que les ingrédients sont très bons marché.

Nombre d’entre les commerçants sont des forains. Vendre, créer une relation de confiance avec le client pour qu’il se sente moralement obligé d’acheter, c’est leur métier. Et les ficelles – ou les entourloupes – sont communes à de nombreuses foires. Vendre l’industriel pour de l’artisanal, du porc breton ou polonais pour du corse, c’est commun et (presque) sans risque du moment que le commerçant a les documents nécessaires en cas de contrôle et qu’il se contente de le dire, sans rien écrire sur son banc. Ou tout simplement gonfler les prix – c’est légal, en France les prix sont libres.

Fromages à la coupe : des prix en or

Cas classique de foire, les fromages à la coupe. Prix plafond garantis : 32.90 € le kilo pour un brebis fermier – dont on retrouve l’équivalent entre 19 et 16€ sur le web (brebis Ferme Géraud). Même avec les frais de port (7.90€), ça reste meilleur marché qu’au marché de Noël. Idem avec un comté à 49.95€ le kilo qu’on retrouvera facilement par ailleurs à 17 € du kilo.

Même comparaison possible pour le morbier aux prix stratosphériques – on le retrouve sur le web à 18.88€ le kilo, ou les tommes bleues, roses et vertes, au pesto, à 49.95€ du kilo qu’on peut retrouver entre 31.70 et 31.90 € du kilo. Habitué des marchés d’été, le gouda au pesto, bleu, rose et vert aussi, se trouve à 10.49 € HT pour une demi-roue chez Métro… et atteint lui aussi des plafonds à la coupe. A ce prix, c’est plus logique de privilégier son fromager.

Charcuteries corses avec viande « origine UE » et diots de Savoie fabriqués en Bretagne

Il faut aussi être prudent avec les charcuteries. Ainsi, on trouve du jambon Baillet IGP Bayonne à 25€ le kilo s’il est acheté entier, 26€ à la coupe. Le jambon de Bayonne IGP Montauzer, reconnu comme gastronomique – la société ne réalise que 4% de son chiffre d’affaires dans la grande distribution – ne coûte quant à lui que 15.69€ du kilo. Une réelle différence en faveur d’un produit au moins aussi bon. Idem pour le filet mignon de coche, affiché à 44.90€ le kilo et qu’on retrouve à 24.90€ du kilo sur le site de la Maison du jambon de Bayonne.

Sur le même stand, on trouve des saucissons « Lou Capeou » au piment d’Espelette. Le vendeur nous explique que c’est artisanal et que c’est son entreprise qui le fabrique, à Barbazan. Quand on analyse l’étiquette, on constate que Lou Capeou est une marque déposée par Patrick Exposito en 2011 pour des salaisons, des bières mais aussi des alcools ou des boissons sans alcools. Puis en 2015 pour diverses classes de vêtements.

Cela renvoie à une société dont l’objet est « autres commerces de détail alimentaire en magasin spécialisé », donc pas du tout la fabrication ou la transformation de salaisons. Ledit saucisson est en fait réalisé, comme l’indique l’eurocode sur l’étiquette, 64.191.001, par les Salaisons Dupoux à Coarraze en Pays Basque, qui dépendent certes d’un groupe familial et réalisent aussi des produits bio, mais fournissent aussi la restauration collective. Sur l’étiquette toujours, la recette indique « viande d’origine UE », donc pas française – on y verrait au contraire le label « le porc français », du lactose ou du sirop de glucose. On est loin de la recette artisanale ! Du reste, on retrouve le même saucisson à 5.60 € chez un autre revendeur, et même à 15€ les 3.

Un autre stand du marché propose des viandes et du fromage corse. Les prix sont relativement doux – l’existence d’une épicerie corse en ville peut l’expliquer, même s’ils demeurent plus chers que dans ladite épicerie – et la transparence est revendiquée, les jambons figurant avec l’étiquette de leur usine en Haute-Corse. « Nous sommes transparents », nous explique le vendeur, « on ne va pas dire que c’est le petit pépère corse avec ses deux cochons noirs ». Et pour cause : il est de notoriété commune que seules 1000 tonnes des 11.000 T annuelles de charcuteries corses sont effectivement corses. « C’est du cochon breton, mais c’est transformé en Corse ». Voire. Les étiquettes indiquent bien « viande origine UE ». « Oui, mais c’est à cause de l’export, on ne différencie pas la France de l’UE ». Quoique : quand la viande est française, c’est très souvent indiqué – et c’est un argument commercial efficace.

Mention spéciale pour finir, aux diots de Savoie produits par Saveur de Rhuys… dans le Morbihan. La recette indique une fois encore « viande de porc 93%, sel, sirop de glucose, dextrose, épices, arômes, boyau de porc. Viande origine France ». Mais si le prix – 12 € pour 0,288 kg – laisse penser à une qualité artisanale, on est très loin du cochon tué et transformé à la ferme au vu de la recette. Du reste, le vendeur, qui a constaté qu’on s’intéresse aux étiquettes, essaie de les cacher prestement en empilant les diots. On trouvera facilement des diots similaires dans la grande distribution – 2.49€ pour 0,360 kg et une recette voisine, toute aussi industrielle – ou pour 3,80 € les 340 grammes avec de la viande chez Henri Raffin, produits en Savoie avec de la viande d’ailleurs.

Thés, chocolats et cosmétiques : c’est toujours plus cher chez les revendeurs

Plusieurs chalets du marché proposent du thé. Là encore, il est utile de mettre à profit la technologie en comparant en ligne les prix entre le stand et le site de la marque qui commercialise le thé. Ainsi, le coffret de Noël de la Route des Comptoirs atteint 20€ sur le marché de Noël contre 8.50 € sur le site de l’enseigne. Idem pour le coffret L’heure du thé : 14.50 € sur le marché de Noël contre 9.75 € sur la boutique en ligne.

Les mêmes constats peuvent être faits pour les revendeurs de cosmétiques. Par exemple à l’huile d’Argan, importés du Maroc. Sur le marché de Noël, il faut compter 15€ pour un savon noir à l’eucalyptus alors qu’on trouve des produits similaires, en ligne, entre 7 et 11€. Pareil pour l’huile d’argan bio : 20 € sur le marché de Noël, de 5 à 10€ en ligne.

Idem et autant avec les chocolats : il est toujours mieux de vérifier sur les sites en ligne des fabricants. Par exemple, le ballotin de 250g de truffes fantaisie Mathez, proposé à 6.50 euros (17€ les 3) n’en coûte que 5.20 € à 5,80€ (prix particulier) sur le site du fabricant. Celui-ci emploie 66 salariés, ne fabrique que des truffes – 40 recettes différentes – et fait 13 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels. Mathez produit ainsi 2000 tonnes de truffes fantaisie chaque année, vendues aussi par palettes entières et pour les trois quarts d’entre elles, à l’export.

Les têtes au chocolat – ou têtes de nègre – sont un autre classique des marchés de Noël. Sous le banc, on voit des caisses libellées « 100 stück Schokoküsse » fabriquées de manière industrielle par Schoko-Weinach à Ludwigshafen. Elles sont vendues environ 1€ pièce. Sur le site du revendeur français dont les boîtes sont placées sur le banc, tetesdechoco.fr, elles reviennent à 0,72€ pièce (25 pièces pour 18€). Si le fabricant de Ludwigshafen ne met pas ses prix sur son site, les truffes d’un autre fabricant, Dickmann, sont disponibles en gros conditionnement à 0,13€ pièce pour une boîte de 60. On les retrouve vendues par 8 dans la grande distribution à 0,37 € pièce.

Nougats : prix stratosphériques garantis

La vente de nougats à la coupe à des prix usuraires est devenue un attrape-touristes classique des marchés du sud de la France, que ce soit pour vendre des producteurs locaux – pas nécessairement de Montélimar cependant – que pour refourguer à prix d’or du nougat industriel hongrois. Parmi les plus typiques, le nougat de Montségur, qui coûte 59, 69 et 79€ le kilo (!) place Royale. Les plaintes sont nombreuses en ligne au sujet des revendeurs peu scrupuleux sur divers marchés français, qui feraient assaut de ventes forcées, d’injures et de pratiques d’hygiène pas très encourageantes. Sur le site du fabricant et au magasin-usine, le nougat coûte 39€ du kilo ; tout de suite, ça passe mieux.

Il y a plusieurs stands de nougats sur le marché de Noël, dont celui d’un fabricant de Montélimar. Un autre, qui vend du nougat plus tendre – à 59.95€ le kilo tout de même, et est présent depuis plusieurs années sur les marchés de Noël, entend se démarquer des pratiques de ses concurrents. « Il faut travailler intelligemment. Je fais des coupes de différentes tailles, pré-emballées, on peut choisir sa tranche. Je ne suis pas là pour vendre des meules entières. Si je vends pour 150 € de nougat à quelqu’un, il ne reviendra pas. Alors que j’ai une clientèle fidèle et qui revient ». Pour faire du chiffre, il y a donc deux écoles : la vente one-shot en baratinant le client (ou en lui forçant carrément la main) et la relation de confiance propre au commerce traditionnel.

Jouets et pâtisseries alsaciennes : des écarts de prix minimes

Pour les jouets, ça dépend. Les funny cubes – des cubes à engrenages et à moteurs qu’on peut assembler – ne se trouvent qu’en vente directe. En revanche les puzzles mécaniques très sophistiqués en bois de bouleau UGears, fabriqués à Kiev, sont seulement un peu moins chers sur le site du fabricant : 29.90 contre 30€ pour le tracteur, c’est le même prix, 39€ contre 39.90€ sur le site pour la moissonneuse-batteuse, 54.9€ sur le site contre 59€ sur le marché pour le coffre-fort…

Il n’y a de différence réelle que pour le méca-calendrier (7,95€ sur le site, 12€ sur le marché) et pour le camion UGM à échelle ou citerne, vendu 86.9 € sur le site et 115 € sur le marché. Acheter ailleurs n’a pas d’influence – ainsi ladite moissonneuse coûtera 43€ sur un site russe spécialisé (2990 roubles avec un taux de change d’un euro pour 69 roubles) tout comme sur le site russe de la marque, le coffre-fort 58€, .les camions-citerne et à échelle, présentés comme une nouveauté, 116€.

Même constat plutôt rassurant pour les pâtisseries alsaciennes : le Kougelhopf de l’oncle Hansi coûte 6,30€ sur le site du fabricant contre 7.50 € sur le marché de Noël. Un peu plus d’écart en revanche pour les biscuits Fortwenger, vendus indistinctement à 6€ le sachet (4 pour 20€) sur le marché de Noël (croqsoleil, étoiles à la cannelle, palets aux noix etc.) alors qu’ils coûtent de 3.50 à 3.90 € sur le site du fabricant. Bref, il devient fort utile de faire le marché de Noël le nez dans son smartphone, pour acheter malin… ou ailleurs.

Louis Moulin

Mise à jour 05/07/2018. Un lecteur mis en cause dans cet article nous a adressé récemment ses observations. Nous les publions bien volontiers.

Bonjour, je m’appelle Patrick Exposito, contrairement à toutes les aberrations que vous racontez,Non seulement en utilisant la marque mais aussi ma personne,je découvre par hasard votre article et ne vous  cache pas qu’il se peut que je n’en reste pas là,car Lou Capeou sélectionne les produits et ne les fabrique pas. Vos enquêtes mériteraient d’aller au moins jusqu’au bout des choses.

Premièrement je ne suis ni forains ,ni bonimenteur.

Deuxiemement Nous avons pignon sur dans les Pyrénées

L’enseigne de la sarl est Lou Capeou.

Troisièmement, je suis surpris que vous puissiez penser qu ‘un consommateur peux imaginer un seul instant qu’ une seule personne puisse produire des cochons  des vaches des brebis des chèvres des vignes une conserverie des gâteaux au feu de bois….ou je suis un surhomme ou vous avez une drôle image du consommateur ou de vos lecteurs.

Aucun de mes Fromages Fermiers ne sont vendu sur le web,le nom que vous citez n’est pas référence chez moi.

Connaissez vous le prix au kilo du filet mignon de Coche frais,sûrement pas.

De plus que lou Capeou sélectionne des produits locaux,les déplacent,plus toutes la logistique,logement,repas,loye r du chalet,salaires déclare,charges ursaaf ..

.sachez que pour reprendre vos mots ARNAQUES LOU CAPEOU PATRICK EXPOSITO….vous êtes loin du compte, et les clients qui reviennent nous voir depuis 10 ans à Nantes et 15 ans dans les hautes Pyrénées n’on pas là même vision que vous des méthodes de PATRICK EXPOSITO comme vous le diffamer du titre à la conclusion. Je suis à votre entière disposition et à votre écoute.

Dommage qu’une information de proximité soit si mauvaise et trompeuse de vos lecteurs.

Pour l’utilisation en diffamation de mes données personnelles,je me rapproche dès lundi de conseils juridiques,Si vous avez le droit de flinguer gratuitement,alors tant mieux,mais ferai un article en réponse à vos fausses accusations à mon encontre,et ce avec justificatifs d’origine,et  qu’ aucun de mes Fromages proviennent de métro,mais de GAEC.

Dans l’impatience de vous rencontrer rapidement. Merci si vous avez pris le temps de me lire?

A très vite dans nos belles Pyrénées  plus précisément en BIGORRE. Et ne vous déplaise,fier de ma region et de notre savoir-faire gastronomique et par dessus tout,de notre INTÉGRITÉ ET HONNÊTETÉ . Désolé pour vos lecteurs et serais ravi aussi de répondre à vos questions en toute TRANSPARENCE.

Dont acte

Photos : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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4 réponses à “Nantes. Guide du Marché de Noël, entre entourloupes et prix d’or”

  1. Nedeleg dit :

    Coarraze est dans le Béarn et non dans le Pays Basque ; c’est là que Henri de Navarre, futur Henri IV a été mis en nourrice. Il y avait autrefois un restaurant remarquable par la qualité de sa cuisine et de son accueil.

  2. Pschitt dit :

    Bravo pour le reportage

  3. Anne Hélène Gestin dit :

    Faites donc vos achats chez les commerçants dont vous avez l’habitude toute l’année, et que vous trouverez toujours ouverts si vous avez une réclamation à faire………..

  4. guylaine dit :

    Aucun commerçant ne paie sa place commerçante à pix d’or comme le sont les droits de place pour les marchés de Noël !

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