Romain Vétélé avait de qui tenir, le fils du chef doublement étoilé du restaurant Anne de Bretagne¹ et de l’une des meilleures sommelières de France² a géré avec grand professionnalisme une adresse phare de la restauration pornicaise. Certes, la carte de l’Ana’Gram ne s’envolait pas dans une grande créativité, mais elle avait au moins le mérite de s’appuyer sur la fraicheur des produits .L’établissement a établi sa notoriété sur la bonne exécution des classiques d’une cuisine de bord de mer, véritablement accessible en prix.
Voici un peu plus de deux mois que l’affaire vient d’être cédée à un tandem d’associés à la redoutable complémentarité, porté à la fois par le savoir-faire d’un chef de cuisine (Antonio) et l’enthousiasme d’une fine lame de la pâtisserie parisienne (Julien). Ce dernier, âgé de 30 ans déroule un CV impressionnant avec des passages successifs chez des grands mentors de la gastronomie française (Christophe Adam, Pierre Gagnaire, Cyril Lignac). Il se garde de tout étalage en ayant conscience qu’un tel parcours d’apprentissage donne l’assurance nécessaire pour affronter les dures exigences de son métier.
Sa femme Claire affiche la même rigueur au travers d’un début de carrière ponctué d’expériences très formatrices au sein des adresses parisiennes les plus en vue (Georges V, Carré des Feuillants, Tour d’Argent). D’ailleurs la déformation des bonnes maisons transpire par un accueil prévenant et attentif à l’égard de la clientèle qui reste au centre de toutes les attentions d’une équipe de salle (Johanna et Mathieu) s’appliquant à un service diligent.

Au choix du dessert, le restaurant abat son gros joker là où faute de compétence appropriée   nombre de restaurants  s’égarent  dans les préparations prêtes à l’emploi des grossistes de la  restauration (Brake,Transgourmet). En contrepoint à ces facilités, Julien s’adonne à une pâtisserie moderne car  préservée d’un excès de sucre, digeste par la légèreté des textures renouant avec de vieux fondamentaux (Saint Honoré, amandines aux poires, flan à la vanille, crème brûlée, riz au lait) . Une pâtisserie  de haut niveau à la disposition  des badauds du dimanche  souhaitant trouver un endroit chaleureux pour leur pause-café.
Assurément le passage de flambeau est une réussite, la nouvelle équipe gonflée d’ambition et d’énergie semble déjà en passe d’être adoubée par une clientèle d’avertis. Si en raison de l’extrême saisonnalité de l’activité, le métier de restaurateur dans une ville comme Pornic n’a rien d’une sinécure, l’Ana’Gram dispose d’un atout maître pour s’imposer comme l’une des plus belles valeurs de la ville. En bout de quai, l’adresse profite d’un imprenable point de vue (on dit spot quand on veut faire bien) sur l’entrée du port.
Une localisation loin d’être anodine, quand manger à Pornic se ramène pour beaucoup de touristes en goguette à l’exigence d’une table en terrasse matraquée par le cagnard. Mais à la différence des mangeoires du quai assises sur leur rente de situation, l’Ana’Gram ajoute aux agréments de la terrasse et de la vue, l’envoi d’une véritable cuisine de maître-restaurateur.
Reste à passer le crash test de la saison estivale, durant laquelle le restaurant devra tenir sa ligne d’excellence vis-à-vis d’une clientèle de gastronomes, tout en sachant composer avec les frasques des cohortes estivantes…
Raphno
¹ Le chef Philippe Vétélé a vendu récemment son restaurant Anne de Bretagne au jeune chef Mathieu Guibert
²Michèle Vétélé a été élue meilleure sommelière de France par ses pairs en 2009.
L’Ana’Gram, 70 Quai Leray, 44210 Pornic. Tel. 02 40 82 51 25
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