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Universités. Les partiels perturbés à la marge à Nantes, beaucoup plus dans d’autres villes

Malgré la volonté affichée des bloqueurs de perturber les partiels, et leurs tentatives de « zbeul des partiels » tous les matins à la Trocardière, ceux-ci se poursuivent tant bien que mal, même s’ils ont fini par être annulés ce mercredi après-midi. L’Université de Nantes dénonce cependant des intimidations à l’encontre des étudiants et des menaces contre ses personnels. Dans d’autres villes, les partiels sont nettement plus perturbés, voire annulés même si le mouvement reste marginal à l’échelle de l’ensemble des sites universitaires.

Ce mercredi en effet 150 étudiants ont bloqué la distribution des copies et se sont mis sur les tables, ; les partiels ont fini par être annulés pour le reste de la journée. Ceux de la matinée avait pu se dérouler dans un calme relatif. De nouvelles interpellations ont été faites, selon l’extrême-gauche qui dénonce aussi de nouveaux blessés dans les échauffourées entre bloqueurs et forces de l’ordre – ce matin, c’étaient des gendarmes mobiles qui avaient pris le relais de la police.

Mardi 15, 700 étudiants ont pu passer soixante épreuves différentes à la Trocardière. Les bloqueurs n’ont pu empêcher les étudiants – qu’ils ont abondamment insultés – d’accéder à la Halle et ont fini par se heurter aux forces de l’ordre en fin de matinée. Une jeune femme de 21 ans a été interpellée en début d’après-midi pour outrages, après avoir insulté un personnel de l’Université. Un autre bloqueur a été interpellé peu après ; les deux étaient encore en garde à vue le soir même.

Lundi, une épreuve de L3 de sociologie a été reportée après que les étudiants se soient mis debout sur les tables ; en M1 sciences de l’éducation, la promotion a boycotté l’examen. Lundi après-midi, l’épreuve de L3 Sciences de l’Education a été passablement perturbée et ses étudiants ont eu le choix de passer l’épreuve sur place, ou chez eux à condition de la rendre pour le lendemain 12h30. D’autres ont en revanche été très contents de passer les examens, comme l’un des suspects du vol du reliquaire d’Anne de Bretagne, qui a été libéré le 9 mai pour passer ses examens ( !). Il reste cependant équipé d’un bracelet électronique et assigné à résidence.

L’Université dénonce les tensions et menaces

Ce mercredi, des partiels de STAPS ont failli ne pas se tenir : des professeurs se sont mis en grève, puis y ont renoncé « sous la pression du directeur de l’UFR » selon l’extrême-gauche. Selon nos informations, comme en histoire lundi, il y a eu des pressions aussi de la part des bloqueurs qui essaient d’obtenir l’annulation d’épreuves éparses, à défaut de perturber les partiels dans leur ensemble.

L’Université de Nantes s’est cependant fendue d’un communiqué assez ferme pour dénoncer le climat délétère dans lequel les étudiants sont forcés de composer : « il n’est pas entendable d’empêcher les étudiants qui le souhaitent de passer leurs examens dans de bonnes conditions. Passer ses examens est un droit et c’est l’engagement de l’université de le faire respecter ».

Au sujet de la présence de la police – et de la gendarmerie mobile ce mercredi matin – fortement décriée par certains enseignants qui se sont mis en grève ou ont refusé de corriger les partiels, l’Université se justifie : « Nous préférerions de loin ne pas avoir à faire appel aux forces de l’ordre, mais celles-ci sont malheureusement nécessaires alors que des étudiants sont intimidés et dissuadés de venir passer leurs partiels. Plusieurs personnels de l’université ont également été menacés physiquement et verbalement alors qu’ils accompagnaient des étudiants au moment d’accéder au site. Des plaintes ont aujourd’hui été déposées en ce sens. Nous constatons qu’une partie des manifestants recherche l’affrontement ; obligeant les forces de l’ordre à les repousser. Ces débordements et ces confrontations sont inacceptables ».

De son côté l’ultra-gauche fustige la disproportion entre les moyens que les bloqueurs emploient et la violence institutionnelle et policière – pas un mot en revanche des pressions, intimidations, violences envers les étudiants qui passent leurs partiels et les professeurs qui font leur travail : « Leur courage n’a d’égale que la dangerosité des extrémistes qu’ils affrontent. Leur action coup de poing du jour consistait à faire du bruit en tapant avec une cuillère en bois sur un couvercle de casserole ou en soufflant dans un instrument folkloriques apparemment nommé « vuvuzéla ». La présidence, visiblement très intimidé par ces moyens d’action radicaux, n’a pas eu d’autre choix que de demander la charge de la CDI » [compagnie départementale d’intervention].

Nanterre, Marseille, Paris, Lyon : des partiels reportés ou… en ligne

Dans d’autres villes, la situation est plus tendue. A Paris-1, trois examens ont été annulés le 2 mai. A Grenoble où 250 étudiants avaient voté spontanément la tenue des partiels, ils en ont été empêchés par 60 bloqueurs le 9 mai dernier. Cependant en sciences humaines les partiels ont pu se tenir, mais de façon « aménagée » : sous la pression des bloqueurs, les professeurs ont renoncé au contrôle de la présence, et à faire passer des examens sur l’ensemble des cours. A Limoges, les partiels du 11, puis 14 mai ont été annulés en raison de l’occupation des locaux universitaires de lettres et sciences humaines ; ils ont finalement été délocalisés en droit et sciences économiques où ils se tiendront du 16 au 28 mai.

A Nanterre, la plupart des partiels ont été annulés et se feront en ligne dans un temps limité ; une AG étudiante de 200 personnes (sur 32.000 étudiants) s’y est déjà opposée. A Lyon II, la lumière du nom de l’Université a fait place à l’obscurantisme des bloqueurs – les partiels sont annulés et se feront en ligne. Idem à Paris-VIII et Sciences Po dont les examens étaient délocalisés à Saint-Ouen – ils devraient être remplacés par des devoirs maison.

A Paris-IV la Sorbonne en revanche les examens se tiennent normalement, sauf ceux prévus sur les sites Clignancourt et Malesherbes, annulés – les deux sites sont fermés. La réponse d’un maître de conférence de cette université aux bloqueurs qui demandaient un 10 améliorable fait le tour de la toile : « A défaut d’être très honorable, cette démarche visant à sauver votre peau pour les examens peut paraître compréhensible après plus d’un mois passé soit en AG non mixtes pour unijambistes transgenr.e.s déracisé.e.s, soit en « ateliers potager » ou encore en « commission graffitis ». Par contre chercher à entraîner dans l’abîme l’ensemble des étudiants de l’UFR qui à une très forte majorité se seraient bien passés de tout cela et ont travaillé, eux, me paraît profondément égoïste et irresponsable. Dans le monde adulte, quand on fait grève, on assume ».

A Marseille, la fac Saint-Charles étant bloquée, les partiels ont été délocalisés sur le site de la Canebière – mais ont été finalement empêchés ce lundi après que les cinquante étudiants bloqueurs aient été rejoints par des cheminots et des agents de GRDF. Enfin à Sciences-Po Rennes, temple local de la sélection, les premiers examens ont été annulés suite au vote de 500 étudiants – souvent issus de classes sociales privilégiées il est vrai, on est loin du prolétariat qui n’a rien à perdre que ses chaînes – pour le « 10 améliorable » et l’occupation des bâtiments.

Louis Moulin

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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