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Emmanuel Macron, un an de présidence, trois échecs [Tribune libre]

Julien Lemoine, un lecteur, nous adresse une tribune libre sur Emmanuel Macron que nous vous proposons ci-dessous.

Un an après son éclatante victoire électorale qui a bouleversé la scène politique française, Emmanuel Macron se retrouve confronté à de nombreux dossiers sensibles. Terrorisme, politique européenne, glyphosate : lumière sur trois sujets majeurs qui symbolisent les errements actuels du président…

Terrorisme : une vision trop mythifiée de l’islam

Le 25 mars dernier, le chef de l’État français et l’ensemble de son gouvernement ont probablement vécu la journée la plus noire de ce début de quinquennat. L’attaque terroriste du Super U de Trèbes commis par Radouane Lakdim a entraîné le décès de quatre innocents. L’islamisme radical a encore frappé sur le territoire français, preuve que cette menace pèse toujours sur notre pays. « Il faut être intraitable avec l’islamisme radical, a expliqué Emmanuel Macron lors d’une interview accordée à BFM TV et Mediapart le 15 avril dernier. C’est une lèpre dans la société ».

Comme son prédécesseur, le Président français ne semble pas (encore) prendre la mesure de ce sujet majeur. Cet entretien télévisé a d’ailleurs confirmé sa vision presque angélique du rôle de l’islam dans notre société, une religion pratiquée par près de 6 millions de nos concitoyens. « Ma conviction, c’est que nous devons nous tenir unis (…) nous devons pacifier les liens entre la société et les religions », clame-t-il. Parler « des religions » quand une seule d’entre elles provoque des attentats, il fallait oser. Un politiquement correct qui empêche d’utiliser les bons mots et de parler des vrais problèmes.

Le président de la République et ses conseillers restent enfermés dans une vision candide et ingénue d’un « islam des Lumières », un islam tolérant, souple et occidentalisé aux antipodes de la réalité des croyants. Sa rencontre à l’Élysée le 26 mars dernier avec l’imam danoise Sherin Khankan est révélatrice de ce profond décalage : un imam femme, qui défend une interprétation religieuse ouverte à la laïcité, favorable aux minorités LGBT… Une personnalité atypique, mais absolument pas représentative des musulmans, y compris des musulmans français. Comment prendre la mesure du problème quand on comprend si mal le réel ?

Europe : une relance au point mort

Emmanuel Macron souhaitait relancer l’Europe ? Un an plus tard, son vœu est au point mort. Le 27 septembre 2017, le discours de la Sorbonne se voulait fondateur « Nous n’aurons pas d’Europe forte et souveraine si elle n’est pas unie, tenue en elle-même, cohérente. Perdre cette unité, c’est prendre le risque de revenir à nos déchirements mortifères et à l’hégémonie destructrice. Assurer l’unité sans chercher l’uniformité, voilà notre défi », disait-il notamment. Mais Emmanuel Macron s’est fracassé sur les réalités nationales. L’Allemagne refuse catégoriquement de poursuivre une fédéralisation où elle devrait payer pour les faiblesses économiques des pays du sud du continent. L’Europe centrale refuse catégoriquement d’accepter les flux massifs d’immigrés, et les multiples scrutins de ces derniers mois en Italie, en Allemagne ou en Hongrie ont marqué le triomphe de l’euroscepticisme. Dans toutes les capitales du vieux continent, le projet de réforme de l’UE proposé par Paris subit un refus catégorique. Là encore, le président de la République a pêché par excès d’optimisme, en prenant ses désirs pour des réalités… L’éternel retour du concret.

Glyphosate, ça patine

Dernier sujet qui met en exergue le manque de discernement du Président français : le glyphosate. Le 27 novembre dernier, le chef de l’État annonçait l’interdiction du glyphosate en France d’ici trois ans tout en promettant à tous les agriculteurs qu’il trouvera « des solutions crédibles » pour remplacer cette molécule massivement utilisée. Six mois plus tard, l’heure est déjà au rétropédalage : alors que la loi Agriculture était votée à l’Assemblée ces derniers jours, aucune mention à l’interdiction de cet herbicide n’a été faite. Preuve que lors de cette prise de décision, la précipitation l’a emporté sur la raison.

Le 4 avril dernier, un rapport parlementaire sur l’utilisation des pesticides a mis en lumière la situation ubuesque dans lequel s’est enfermé le gouvernement. L’immense majorité des études scientifiques menées par les instituts publics, privés, européens et américains sont arrivées aux mêmes conclusions : le risque cancérigène du glyphosate est « improbable » et les conclusions alarmistes du Centre International de Recherche sur le Cancer provenaient essentiellement d’une erreur de méthodologie et d’un parti-pris partisan.

Alors que l’herbicide est indispensable à la productivité d’un secteur agricole français en grande difficulté, le Président français s’est engagé à l’interdire… en dépit de l’état actuel de la recherche scientifique. Pressé par l’agenda médiatique de prendre position sur le sujet à l’automne, le chef de l’État a parlé trop vite. Dans ces conditions, la majorité LREM et Nicolas Hulot sont désormais chargés de faire oublier les déclarations impromptues d’Emmanuel Macron…

Le « Président-Jupiter » a donc des failles. Jusqu’ici, sa présidence reposait essentiellement sur sa capacité à faire bouger les lignes grâce à une communication redoutable et performatrice. En incarnant le renouveau politique, il le provoquait et en annonçant le retour de la croissance, il rassurait les acteurs économiques et relançait l’investissement… Mais l’arme politique favorite du candidat s’émousse dans la pratique du pouvoir. Confronté aux enjeux complexes des rapports de forces et de la réalité du terrain, le discours ne suffit plus. Limité par l’appareil bureaucratique français, les contraintes bruxelloises, les tabous du politiquement correct et par ses propres déclarations à l’emporte-pièce Emmanuel Macron est tombé dans son propre piège : chaque prise de parole révèle désormais un peu plus son impuissance.

Julien Lemoine

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