« Chante, ô Muse », non pas la colère funeste, mais l’éternel aujourd’hui de l’Iliade et de l’Odyssée. Tel est l’esprit que laissait transparaître Sylvain Tesson, ce grand aventurier écrivain, lors de ses émissions Un été avec Homère, diffusées durant l’été 2017 sur France Inter. Les textes de cette série d’émissions sont désormais parus aux Éditions des Équateurs.
Avec génie, avec douceur, l’auteur nous plonge dans les flots égéens qui tourmentent Ulysse, dans l’épaisseur de lumière qui assourdit le fracas des armes sur la plaine de Troie, dans les ressacs de la démesure qui ébranlent continuellement la force des héros, dans la permanence troublante de ces temps oubliés.
Sylvain Tesson est-il un lecteur moderne des poèmes homériques, qui discerne l’actualité de l’agitation humaine dans les chants anciens ? Ou un aède échoué sur les rivages contemporains, ensablés de surconsommation et de narcissisme à la Facebook, et qui nous tendrait l’Iliade et l’Odyssée comme d’autres une pelle pour désensabler nos vies ? Un peu des deux sans doute. Le recours aux forêts et l’échappée vers l’infini du monde étaient déjà chers à l’auteur de Sur les chemins noirs et du Petit traité sur l’immensité du monde. En s’approchant de ce « mystère de la beauté pure » qui émane de l’œuvre d’Homère, Sylvain Tesson rouvre la porte à une nouvelle géographie, celle du devenir de chacun.
A.L.G.
Un été avec Homère de Sylvain Tesson, coédition Éditions des Équateurs / France Inter, 2018.
Pour réécouter les podcasts des émissions : c’est ici
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