Une étude Odoxa publiée lundi à propos de la santé des personnels hospitaliers témoigne des dégradations des conditions de travail et de vie d’un personnel exposé, surmené, malpayé, incompris.
Ainsi, 38% des personnels hospitaliers ont été malades au cours des deux derniers mois… c’est presque deux fois plus que la population générale et c’est 6 points de plus que l’année dernière à la même époque. Ces personnels prennent des risques : 53% des soignants – et plus de 6 infirmiers et aides-soignants sur 10 – ne se font JAMAIS vacciner contre la grippe.
Pire, nombreux sont ceux qui ont des comportements à risque que, pourtant, ils combattent auprès de leurs patients :
- 1 médecin sur 10 (11% des spécialistes et 8% des généralistes) consomme de l’alcool quotidiennement et 3 sur 10 en consomme plusieurs fois par semaine
- Plus d’un soignant sur dix (12%) fume quotidiennement et près d’un sur quatre (22%) fume occasionnellement… la prévalence observée double auprès des infirmiers et aides-soignants (20 à 22% de fumeurs quotidiens) pour rejoindre les niveaux observés en population générale
- Plus d’un tiers des soignants (35%) et près d’un infirmier (45%) et aide-soignant sur deux (56%) n’a aucune activité physique régulière !
Conséquence de cela, le surmenage/burnout, guette les professionnels de santé : En moyenne, près de 6 professionnels de santé sur 10 travaillent le week-end (15% presque toujours et 44% régulièrement) … le chiffre culmine à 9 sur 10 auprès des infirmiers et aides-soignants. Près d’un quart des professionnels de santé (23%) a des troubles du sommeil quotidiens et la moitié en souffre au moins une fois par semaine (51%)
Toute l’étude est disponible ici
En 2014, l’INSEE recensait près de 1 175 000 professionnels de santé en France dont : 355 000 personnes appartenant aux professions médicales et pharmaceutiques ; 820 000 auxiliaires médicaux. Les médecins sont les plus nombreux (219 834, dont 102 000 généralistes et 117 000 spécialistes), suivis des pharmaciens (73 598), des chirurgiens-dentistes (41 186) et des sages-femmes (20 722).
Parmi les auxiliaires médicaux, les infirmières sont la profession la plus largement représentée avec 616 796 personnes, suivies des masseurs-kinésithérapeutes (80 759) et des opticiens.
Entre 2012 et 2014, l’effectif des professions médicales et pharmaceutiques a progressé de 1,7%, contre 8% pour les auxiliaires de santé. Parmi ces derniers, ce sont les opticiens et les psychomotriciens qui ont connu la plus forte augmentation.
Pour la Bretagne, parallèlement à cette étude inquiétante, la Fédération hospitalière de France (FHF), qui fédère les hôpitaux publics, a récemment tiré la sonnette d’alarme concernant l’endettement des hôpitaux publics. Lors de son bureau récemment réuni à Rennes, fin novembre, la FHF Bretagne a pointé du doigt la « dégradation de la situation financière des établissements bretons ». Pour 2018, ce sont plus de 70 millions d’euros de déficit cumulé qui sont prévus en Bretagne (1 milliard à 1,5 milliard prévus sur la France) soit une dégradation d’environ 20 millions d’euros.
Au final, ce sont encore les personnels, et les patients, qui vont trinquer, alors que la France connait une tiers mondisation sans précédent de son système de soin et de santé.
Photo : DR
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