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Grand débat national. Un référendum ? Pourquoi pas. Mais à une date sérieuse et de manière sérieuse

Ainsi, Macron propose comme sortie de crise le « débat permanent » et – peut-être – un référendum. Tout d’abord, ce que Macron appelle « débat » est en fait une campagne électorale permanente qu’il mène à son profit, et qui n’est pas comptabilisée dans le temps de campagne et les comptes de campagne des formations politiques. Dernier artifice : un référendum sur les institutions. Il se tiendrait le jour même des élections européennes. On peut se demander ce que des juristes indépendants en diraient. C’est à l’évidence un moyen de dévaluer les élections européennes. Mais il n’est pas exclu que la « justice de notre pays » le valide.

referendum

Il est de bon ton de dire que l’on a confiance en cette justice. Il est pourtant certain qu’elle ne mérite pas toujours cette confiance. Elle est trop souvent liée au pouvoir par des réseaux de connivence, et souvent assujettie à l’idéologie dominante, libertaire pour les uns, répressive pour les autres.

La majorité des Français ne veulent plus de Macron

Revenons sur ce référendum, tout en sachant qu’il n’est pas certain qu’il ait lieu. Il serait question de multiples questions et de divers choix de réponses. Est-ce l’esprit d’un référendum ? Cela donne l’illusion d’un choix. Mais trop de choix fait oublier l’absence de vrai choix. Pourquoi un référendum uniquement sur les institutions ? La majorité des Français ne veulent plus de Macron. Il a trop menti. Il a trop méprisé le peuple. Il a trop montré qu’il était l’homme de la super classe mondialisée. Il a trop manifesté de vulgarité, à la fête de la musique, à Saint-Martin, dans ses propos haineux (sur les « illettrées », « ceux qui ne sont rien », le « boxeur gitan »…), dans sa proximité avec Benalla et bien d’autres, etc. Il dégoutte nombre de Français. Ce n’est pas une question d’institutions. La politique de Macron n’entraine pas l’adhésion, mais, plus encore, son incarnation provoque le rejet.

La forme aggrave le fond – et ce fait psychologique est devenu un fait politique. Sarkozy n’était pas aimé : trop inconstant, trop peu fiable. Hollande était méprisé. En très peu de temps, Macron s’est fait détesté. Ce n’est pas le fait du hasard. C’est la conséquence d’un style, d’un naturel qui revient au galop. Le naturel macronien qui n’aime que l’entre-soi et ne comprend ni n’aime le peuple. François Ruffin a bien compris cela. Que Macron soit plutôt « un gros travailleur », ce n’est pas niable, qu’il maitrise beaucoup de « dossiers », c’est un fait. Mais on n’attend pas d’un président qu’il soit spécialiste du financement d’une piste cyclable, ou du remboursement des prothèses dentaires, on lui demande d’incarner la dignité d’un pays, et de monter un chemin. Qui est convaincu par Macron en ces domaines ?

Qu’il y ait par ailleurs des questions institutionnelles, c’est certain. Mais les projets de questions à poser au peuple passent à côté. Il est, nous dit-on, prévu de demander aux Français quelle dose de proportionnelle ils souhaitent aux élections législatives. C’est une façon de dire que le système restera basé sur le scrutin majoritaire à deux tours. Pourquoi pas ? Mais que l’on ne dise pas que l’on donne alors un vrai choix aux Français. Car il peut y avoir une proportionnelle intégrale ou non, avec prime majoritaire, comme aux élections municipales et régionales, à un tour ou à deux tours. Et ce n’est pas tout : proportionnelle départementale, comme un 1986, régionales (et pourquoi pas avec un découpage moins débile et politicien que les régions Valls), nationale ? La proportionnelle intégrale (sans prime pour la liste arrivant en tête, ou sans mixité avec un scrutin majoritaire) me paraitrait très dangereuse pour la gouvernabilité du pays. Mais c’est aux Français de choisir. Une autre question qui serait posée par Macron est : faut-il réduire le nombre des députés ? Cela ne serait pas une mauvaise chose, mais il faudrait surtout que leur rôle soit plus important, et plus précis, mais aussi que le contrôle démocratique sur eux soit renforcé avec possibilité exceptionnelle de révocation en cours de mandat en cas de manquement grave à leurs obligations.

Un vrai débat, cela ne peut être que face au peuple tout entier et avec lui.

Un référendum sérieux, ce n’est pas un questionnaire d’évaluation comme à la sortie d’un supermarché, ce n’est pas un questionnaire à choix multiples, de même qu’un vrai débat, ce n’est pas le « débat permanent » d’Emmanuel Macron, non pas avec des Gilets Jaunes, mais avec des jeunes immatures et irresponsables – comme si on pouvait connaitre la vie avant d’avoir travaillé – , ou avec des maires, sélectionnés par les préfets, de petits bourgs en quête de subvention pour rénover leur salle des fêtes, et tout contents d’être face au « président ». Un vrai débat, cela ne peut être que face au peuple tout entier et avec lui. Cela doit porter sur les revendications concrètes de la France qui travaille, et de la France victime de la mondialisation, celle des Gilets Jaunes. Et ces revendications sont connues : c’est la justice fiscale et sociale, et, avant tout, c’est le référendum d’initiative populaire.

De même, un référendum honnête, ce ne peut être que la réponse à une question précise, ou à un projet précis. Que le gouvernement présente un projet de réforme du mode de scrutin, qu’il présente un projet de référendum d’initiative populaire, à partir, par exemple, de 2 millions de citoyens, et que la réponse au projet du gouvernement soit oui ou non, voilà ce que serait un vrai référendum. Et non une fourberie. A Macron de choisir.

Pierre Le Vigan

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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