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Pour saluer Pierre Péan

Photo : Rama, Wikimedia commons (CC)

 

Pierre Péan vient de partir. Salut, vieux camarade… Je l’ai connu à nos âges tendres, chez les curés diocésains qui tenaient cauteleusement  (citation de Huysmans) le collège Saint-Julien d’Angers. Il était derrière moi, car plus jeune. Pensionnaire. Ne retrouvant Sablé, son pays natal, que pour les vacances. On était une petite bande qui nous réunissions sur le boulevard Foch, à la brasserie Dupont, le dimanche midi, buvant de « l’oxygénée »… Déjà des « hommes ». Tsss ! Sans compter les victimes de La Fesse, un curé-pion pornographe et pédophile que nous punîmes un jour d’une invasion de saucisses cuites déposées dans son lit… à bon entendeur, salut !

Il y avait là Jean-Luc H., René U., Forlot, Lallemand… d’autres dont j’ai oublié le nom. Et votre serviteur. C’était l’année de Dien Bien Phu. Et du bac philo. J’avais une vieille pétrolette qui, je ne savais pas alors qu’elle lui ressemblait, était l’équivalent du Pégazou de Raymond Dumay – ce qui crée des liens. Je vivais alors chez papa-maman, au sud de la Loire – ce qui fait que je suis un authentique méridional. Toits de tuiles et maisons basses. De la romanité…

Péan ? Tout le contraire de Plenel

Alors, Péan ? Tout le contraire de Plenel. Il n’investiguait pas, lui. Il enquêtait. Il avait d’ailleurs mouché l’inquiétant moustachu dans un livre de 2003, La face cachée du Monde, quand cet ancien trotskiste dirigeait quasiment le « grand quotidien du soir ». Tel était Péan. Ainsi, pour la Jeunesse française (Fayard, 1994), il se disait innocent (et indépendant – il me le dit un jour de 2008) de la mise en exergue, par les mauvaises langues, de la célèbre photo de Mitterrand recevant la francisque des mains du maréchal… C’était l’éditeur qui avait fait le coup (dû sans doute à l’héritage de Constantin Melnik). Je suis d’accord avec lui. Son livre est bien meilleur que cette misérable anecdote le laisse entendre – et qui a été la seule retenue par les gogos. Parce que je vois très bien ce qu’aurait signifié un refus de comparaître de la part du dirigeant (Mitterrand) du réseau de Résistance des PG évadés… En tout cas, ce fut alors une courte et belle « couverture ».

Le RNPG (Rassemblement national des prisonniers de guerre) rejoignit l’AS – concurrent des communistes (FN et FTPF). Ce qui explique sans doute la haine au temps où on se souvenait encore… A ce propos, lisez donc La Résistance et Vichy (Jean-Claude Gawsevitch éditeur) de Gérard Guicheteau qui trie les informations « vichystes » sur les années 1942 et 1943, et met l’accent sur quelque chose qui est généralement passé sous silence : Mitterrand, le futur président, fut à son insu (?), au premier trimestre de 1942, employé par un ancien « as » de la Grande Guerre, agent plus ou moins « britannique » mais résolument français, le commandant d’aviation Jacques Favre de Thierrens (1895-1973), lequel avait transformé les caves de son château du Gard, Ledenon, en refuge d’archives pour les services spéciaux… pas du tout « collabos ». Pensez à Paillole (qui gérait Thierrens), au général André Bonnefous, à Favre de Thierrens qui demandait à son « employé » de faire du « tout faux » !

Une œuvre considérable qui force le respect

Si je m’étends autant sur ce morceau, c’est que ce fut la principale « information » donnée pour instrumentaliser la mort de Péan par les jeunots. Comme si l’Histoire n’avait retenu que ça… Belle illustration des bavardages conséquents. De quoi alimenter le feu dans les braises de l’inexactitude et de la fausseté. Bref, du déni de la vérité. Parce que l’œuvre de Péan est considérable et force le respect. Pas moins de 43 volumes qui racontent l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle. Une histoire française très fouillée. Un genre de Gaxotte moderne (essentiellement chez Fayard et chez Plon). Plus un détour par l’Afrique qu’il connut dans sa jeunesse. Il vécut au Gabon pendant deux ans (1962-1964), avant de brillantes épreuves aux côtés de Jean Turc et de Joël Le Theule (ancien de Saint-Julien lui aussi, décédé « dans les bras de François Fillon », la nuit du 13 au 14 décembre 1980).

Sa famille était originaire de Maumusson (tiens donc !) au pays d’Ancenis où il avait une propriété.

MORASSE

Crédit photo de couverture : DR
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