Voilà un thriller de 412 pages que vous lirez d’une traite, intitulé Le Testament du Tsar.
Son héros, Michel (Micha) Trepchine, filleul du Tsar, reçoit de ce dernier, juste avant son abdication, la régence de l’Empire ainsi qu’une fortune en diamants. Dans la réalité historique, le Tsar aurait préféré abdiquer et qu’un de ses frères ou un des grands-ducs le remplace, mais personne dans la famille impériale ne s’est proposé ou avait les capacités nécessaires. Quant au Tsarévitch, hémophile du fait de sa grand-mère la reine Victoria d’Angleterre, il était inapte à régner. Trepchine va d’abord lutter contre les Bolcheviques au côté de l’amiral Koltchak, le seul des leaders blancs qui a eu une réelle chance de renverser les communistes. (Son armée a été à un moment aux portes de Moscou). L’auteur explique l’échec de l’amiral par son alliance avec les forces de gauche (les socialistes révolutionnaires de droite qui avaient remporté les élections législatives de 1918) et parce qu’aucun membre de la famille impériale n’était à la tête des insurgés.
Trepchine, réfugié en Europe de l’Ouest après la fin de la guerre civile, bâtit un empire financier et industriel. Il est en contact avec toutes les monarchies, que ce soient celles de l’Extrême-Orient ou de l’Angleterre. Il noue également des relations avec les milieux nazis, se trompe au départ sur leur nature profonde. Rapidement désabusé, il s’allie avec l’amiral Canaris et, à sa demande, crée un gouvernement provisoire russe qui s’apprête à être investi à Kiev juste après la prise de la ville par les Allemands. Je ne dévoilerai pas la suite, ni les nombreux rebondissements de ce roman picaresque qui fait songer à Alexandre Dumas.
Le Testament du Tsar rappelle une vérité implacable : dans les guerres, des anonymes qui ne se connaissent pas s’entre-tuent allégrement au profit de personnes qui eux se connaissent très bien, voire sont amis. Pendant le second conflit, de nombreux contacts existaient entre belligérants, entre le hongrois Horthy et les Britanniques, entre les Roumains et les alliés, entre nazis et soviétiques. Des responsables du Troisième Reich ont créé la RDA. Jusqu’en mai 1945, le nazi Schellenberg a négocié en Suède on ne sait quoi avec les services secrets occidentaux et malgré ses crimes a échappé à Nuremberg.
M. Fedotoff a adapté de nombreux faits historiques vérifiables. Mais lorsqu’on referme ce gros livre, on s’interroge : et si l’histoire racontée dans ce thriller était vraie ou tirée de faits véridiques ? Comme le fils du héros du livre, l’auteur est l’enfant d’un Russe blanc et d’une comtesse hongroise. Le Testament du Tsar est sûrement pour une grande partie une œuvre de fiction, néanmoins peut-être parle-t-il d’événements qui ont réellement eu lieu. Au lecteur de résoudre cette énigme !
Le Testament du Tsar, Chaos 1917-1945 – Youri Fedotoff – Y&O Edition – 23 €
Crédit photo : DR
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