Des particuliers nous avaient contacté depuis plusieurs semaines, inquiets d’une lettre reçue émanant d’Enedis (voir ci-dessous) suite à la non possibilité pour l’opérateur gestionnaire du réseau d’électricité en France de pouvoir changer le compteur électrique à leur domicile pour y mettre un Linky.
En effet, le déploiement se poursuit actuellement dans toute la France, mais les sous-traitants qui posent le Linky (Enedis n’étant visiblement pas capable de payer des salariés de sa propre entreprise pour faire le travail) rencontrent quelques obstacles : et notamment lorsque les compteurs sont situés à l’intérieur d’une propriété, où ils ne peuvent donc pas légalement rentrer, sans l’accord des propriétaires.
Certains ne répondent pas aux multiples sollicitations par téléphone venant de numéros de téléphone fixe établis dans la Nord de la France; D’autres expriment carrément un refus. « Après de nombreuses tentatives d’appels sur mon téléphone portable, sans jamais laisser de message – j’ai répondu une fois pour dire que je n’avais pas le temps de répondre, que j’étais occupé – Enedis a fini par m’adresser un courrier » nous indique un particulier du Centre Bretagne.
Un courrier indiquant que le client « aurait fait part » de son désaccord concernant l’installation du nouveau compteur d’électricité. « Ce qui est faux, j’ai juste dis que je n’avais pas le temps et j’ai raccroché, puis pas répondu aux appels suivants ».
Dans ce courrier, Enedis rappelle la loi en expliquant que le remplacement des compteurs est obligatoire (selon les articles L341-4, R341-4 à R 341-6 et R341-8 du code de l’Energie). Mais ce sont ce que plusieurs usagers ont interprété comme des menaces, notamment de coupure, qui ont fait que nous avons voulu en savoir plus auprès d’Enedis, interpellé via Twitter
Bonjour @enedis_bretagne . Des administrés nous font part de lettres menaçantes que vous adressez actuellement à ceux qui refuseraient les compteurs @CompteurLinky ou qui ne donneraient pas signe de vie, vous confirmez ? Menaces de coupure et de surfacturation, pic.twitter.com/6rU4T27aL6
— Breizh-Info (@Breizh_Info) January 30, 2020
A ce sujet, on ne peut pas reprocher à l’entreprise de ne pas communiquer. Très rapidement, nous avons reçu un message de la responsable de la communication pour Enedis Bretagne, et il est plutôt clair :
Suite à vos questions sur Twitter, voici quelques éléments de réponse que nous pouvons vous apporter :
Bien évidemment Enedis ne confirme pas les menaces de coupure évoquées dans votre tweet.
Concernant la menace de surfacturation celle-ci fait référence à la relève payante. De quoi s’agit-il ?
Avec la mise en place des nouveaux compteurs, les index de la consommation globale du foyer sont récupérés automatiquement chaque jour par Enedis, sans qu’un technicien ait besoin de se déplacer. Enedis, dans le cadre de sa mission de service public, envoie ensuite 1 fois par mois ces index pour que le fournisseur du client puisse le facturer non plus sur une consommation estimée mais désormais sur une consommation réelle. Pour les clients dont le logement n’aura pas pu être équipé de ce nouveau compteur, suite à un refus, et qui nécessiteront une relève sur place par un technicien d’Enedis, la CRE (Commission de régulation de l’énergie), chargée de fixer les prix des différentes prestations des réseaux de gaz et d’électricité a entamé une réflexion sur la facturation de ces relèves dites « à pied » une fois le déploiement des nouveaux compteurs terminé en 2021. A ce jour, aucun prix n’a été fixé.
Concernant nos prestataires, nous menons une politique rigoureuse de sélection et de formation de tous nos partenaires, quelle que soit l’activité concernée : la qualité du geste technique est une priorité de chaque jour.
Les partenaires sont tenus aux mêmes niveaux d’exigence que les techniciens d’Enedis : ils répondent ainsi tous à un cahier des charges méticuleux, décrivant précisément le mode opératoire et l’outil dédié. Les poseurs de compteurs Linky sont qualifiés et habilités pour travailler sur des ouvrages électriques. Ils reçoivent une formation spécifique afin d’assurer la sécurité maximale à la fois pour eux, les clients et les ouvrages sur lesquels ils opèrent.
L’opposition au Linky n’est pas massive en France. Majoritairement, les compteurs sont installés par les techniciens de différentes sociétés rémunérées par Enedis. Néanmoins, cette résistance existe, et n’est pas non plus infime comme en témoignent les nombreuses réunions à ce sujet, et la carte des opposants au Linky.
Plusieurs raisons à cette opposition, avec des arguments qui différent très souvent : refus des ondes pour les uns (qui se voient toutefois rétorquer que le Wifi installé chez eux émet bien plus d’ondes) , mais aussi refus d’accepter qu’un sous-traitant potentiellement moins compétent face le travail, au mépris des règles d’une installation électrique conforme (cela a été vu à Nantes). Ou encore refus d’avoir un appareil qui serait susceptible de contrôler la consommation des particuliers, et qui pourrait, selon ses détracteurs, se transformer en appareil de flicage.
Quoi qu’il en soit, le déploiement se poursuit, jusqu’à la fin de l’année 2021. Reste à savoir si après de nombreuses relances téléphoniques et envois de courriers, Enedis poursuivra à s’acharner sur les récalcitrants. Si la coupure d’électricité semble peu probable (interdite par ailleurs juridiquement surtout si les particuliers concernaient n’ont aucun soucis pour payer leurs factures d’électricité), la surfacturation pour le relevé par un technicien pourrait être envisagée. Ainsi que, possiblement, des questions liées au fonctionnement des assurances habitation en cas, par exemple, d’incendie électrique suite à la défaillance d’un compteur ancien précédé d’un refus de déploiement d’un nouveau compteur.
Toutes ces questions restent toutefois suspendus aux annonces qu’Enedis ne fait pas, pour le moment, préférant déployer au maximum ses compteurs en faisant de la pédagogie via une campagne de communication intense vis à vis des récalcitrants.
YV
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