Présentée comme un outil de gestion budgétaire, la mensualisation des factures d’électricité ou de gaz séduit une large majorité de Français. Elle repose sur un principe simple : payer chaque mois la même somme, calculée sur une estimation annuelle, avant une régularisation au douzième mois. Sur le papier, la méthode paraît équilibrée et sans surprise. Dans la réalité, les choses sont moins simples.
Près de 75 % des clients d’EDF, Engie ou TotalEnergies ont adopté ce mode de paiement, attirés par la promesse d’un budget maîtrisé. Mais les témoignages s’accumulent : factures de régularisation exorbitantes, ajustements imprévus, mensualités qui doublent du jour au lendemain, parfois sans préavis suffisant. Le 25 avril, le magazine 60 Millions de consommateurs a alerté sur ces dérives, soulignant que les régularisations peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros, au grand désarroi de ménages persuadés d’avoir tout anticipé. Le consommateur croit contrôler sa dépense ; il est en fait captif d’un système opaque, dépendant des estimations initiales et des décisions unilatérales du fournisseur.
Des pratiques contestables chez certains fournisseurs
Le danger vient d’abord d’une sous-estimation volontaire des besoins, signalée dès 2023 par le médiateur national de l’énergie et relayée par 60 Millions de consommateurs. Plusieurs fournisseurs, dont Engie, ENI et Ohm Énergie, ont été épinglés pour avoir proposé des mensualités trop faibles afin de paraître compétitifs. Résultat : des régularisations violentes en fin d’année, vécues comme de véritables coups de massue par les abonnés.
Certains opérateurs, comme TotalEnergies ou Engie, assurent désormais proposer des outils d’alerte et d’ajustement. EDF, de son côté, n’a mis en place un service d’alerte qu’après la pression du médiateur. Mais tous les fournisseurs ne suivent pas ces bonnes pratiques, malgré les recommandations officielles.
Quant aux compteurs communicants Linky et Gazpar, censés fournir une vision en temps réel de la consommation, ils n’évitent pas toujours les mauvaises surprises. Certains fournisseurs disposent des données transmises, mais ne les exploitent pas toujours pour informer ou alerter leurs clients en temps réel. Le potentiel technique de ces outils ne garantit donc pas, en pratique, une transparence totale.
Un système à revoir pour redonner au consommateur le contrôle
Face aux dérives, le médiateur de l’énergie réclame aujourd’hui un encadrement réglementaire contraignant les fournisseurs à ajuster automatiquement les mensualités dès qu’un écart significatif est constaté. En attendant, la prudence s’impose : les clients doivent surveiller eux-mêmes leur consommation réelle en kWh et la comparer aux estimations initiales, sous peine de découvert inattendu.
Une alternative plus fiable existe : la facturation bimestrielle sur consommation réelle. Moins confortable en apparence, elle reflète mieux la réalité du foyer, à condition d’effectuer soi-même les relevés ou d’accepter une lecture automatique.
À l’heure où les prix de l’énergie explosent, il est essentiel que les fournisseurs assurent un véritable suivi de la consommation et communiquent clairement avec leurs clients, plutôt que de s’en remettre à des estimations automatisées. La stabilité budgétaire ne peut reposer uniquement sur des outils numériques si ceux-ci ne sont pas utilisés de manière rigoureuse et responsable.
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4 réponses à “Énergie. Mensualisation des factures : une fausse bonne idée ?”
Demat il convient de choisir de surestimer sa consommation d’électricité sur le site d’EDF si possible et en faisant comme cela, j’ai obtenu un remboursement au titre du trop versé mais c’est compliqué et incompréhensible (comme la facture reçue par mail) car ce courant ne cessera d’augmenter et de doubler son prix si on ne quitte pas hélas ce marché européen ; en outre, le Plan électrique PPE est en cours de négociation au parlement ; donc prévoir le pire du pire tant que ce gouvernement n’est toujours pas renversé. « Tragedy »serait elle une chanson pertinente proposée des Bee Gees pour calmer sa colère ? Kenavo
A partir du moment ou EDF propose quelque chose, on peut être certain que c’est une fausse bonne idée ! (J’en sais quelque chose) Le grand gagnant ne sera pas le pôôôvre consommateur comme d’hab. et comme les factures ne sont pas très lisibles ….
Demat.
Le grand problème est qu’il s’agit d’un système monopolistique de distribution et donc d’évaluation des consommations sans possibilités dans la grande majorité des cas de discussion contradictoire et donc de contrôle externe des compteurs.
Il conviendrait de donner la possibilité aux particuliers,surtout, puisque les industriels vérifient leurs consommations dans la plupart des cas d’installer un compteur de contrôle à la sortie du compteur dit réglementaire.
Ces compteurs existent et sont commercialisés par notamment des sociétés allemandes puisqu’en Allemagne beaucoup de consommateurs contrôlent grâce à ces appareils leurs consommations.
L’adage » la confiance n’exclut pas le contrôle » doit aussi être généralisé aux distributeurs et fournisseurs d’électricité comme d’eau d’ailleurs.
Le contradictoire et la possibilité de contrôler les consommations sont des outils que devraient défendre l’État puisqu’il s’agit d’un de ses rôles qui est celui de défendre ses citoyens.
Il y a une autre alternative: une facture différente tous les mois en fonction de la consommation réelle. C’est ce que j’ai demandé à Totalénergies et ça marche et c’est là qu’on voit tout ce que l’état censé nous protéger nous vole/ sur un certain nombre de facture les taxes sont plus élevées que la consommation