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Le coronavirus est-il vraiment dangereux ? La réponse en 4 points

Après des jours de tergiversations et une dramatique augmentation des décès et des hospitalisations en soins intensifs, le gouvernement italien a décidé de placer l’intégralité du pays en confinement. Une décision qui peut étonner alors qu’en France, de très nombreuses personnes continuent à relativiser la dangerosité de la crise sanitaire qui vient. Le coronavirus est-il véritablement dangereux ? Si de nombreuses caractéristiques du Covid-19 restent encore méconnues, la réponse à cette question est assez claire : oui le coronavirus peut s’avérer très dangereux pour la France et pour l’Europe.

La dangerosité intrinsèque du virus

1/ La létalité

La létalité du virus est estimée par l’OMS entre 2 et 5 % des cas avérés.

Une étude, basée à la fois sur les données du Diamond Princess et sur les données chinoises, a récemment été publiée. Si ce travail n’est pas encore « validé par les pairs » des chercheurs, il est néanmoins en phase avec toutes les estimations des experts.

Selon les estimations des chercheurs, la létalité serait de :
– 18 % des cas déclarés chez les plus de 70 ans,
– 2,3 % des cas déclarés pour l’ensemble de la population.

La principale limite de cette estimation, c’est bien entendu que l’on ne connait pas avec précision le nombre total de personnes contaminées puisque de nombreux cas sont très légers et n’entrent donc pas dans les comptages.

Cependant, toutes les estimations de létalité de virus réalisées par l’OMS souffrent de la même limitation. Par exemple, la létalité de la grippe espagnole qui a fait entre 50 et 100 millions de morts en 1918 était également estimée à 2,5 %, avec les mêmes limitations.

Mais comme l’épidémie de coronavirus repousse de nombreuses limites scientifiques, cette étude ne s’est pas contentée d’estimer la létalité rapportée aux cas déclarés.
Elle estime aussi l’ « IFR », la létalité par rapport au contaminés « réels », dont les cas ayant des symptômes très faibles ou inexistants. Il s’agit donc d’une estimation de la mortalité du virus sur l’ensemble des contaminés d’une population.

L’IFR serait de :
– 9 % pour les plus de 70 ans,
– 1,2 % pour l’ensemble de la population.

Le taux de mortalité est donc moins élevé que celui d’autres virus très mortels comme Ebola par exemple (50 %).

Néanmoins, c’est un taux très supérieur à celui de la simple grippe (0,1 %).

2/ La contagiosité

L’un des éléments qui rend ce virus particulièrement dangereux est sa très grande transmissibilité.

Les dernières études sur la question l’estiment – en l’absence de mesures contraignantes – à environ 3,8 ! Cela signifie qu’une personne atteinte par le virus en contaminera – en moyenne – près de quatre autres !
C’est un taux de contagiosité bien plus élevé que celui de grippe classique (1), plus élevé que celui de la grippe espagnole (2,2), du SRAS (2,8) et que celui de… la peste bubonique (3,5) !

La bonne nouvelle, c’est que des mesures strictes de distanciation sociale et de confinement permettent d’enrayer la mécanique de diffusion.
Les méthodes chinoises ont ainsi permis d’abaisser ce taux jusqu’à atteindre… 0,32 environ !

La problématique du coronavirus étant que sa diffusion peut tout à fait être assurée par des personnes présentant peu ou pas de symptômes, ce qui impose donc des mesures draconiennes pour lutter contre la contamination.

À noter que, selon plusieurs études sur les différents types de coronavirus, le virus serait susceptible de survivre jusqu’à 9 jours sur des matériaux inanimés.

Ce que beaucoup d’observateurs ne saisissent pas forcément du premier coup, c’est que le nombre de personnes contaminées par un virus avec une contagiosité à peu près similaire à celle du coronavirus double grosso modo tous les 6 jours.

Or, un doublement de cas tous les 6 jours amènent la France à une contamination de plusieurs millions de personnes d’ici 2 mois !

Si des mesures drastiques ne sont pas rapidement mises en place pour faire baisser le taux de contagiosité, les conséquences seront dramatiques.

La dangerosité des conséquences directes

3/ L’impact sur le système hospitalier

Si la létalité constatée du virus (entre 1 et 5 %) est élevée, elle reste globalement supportable pour un pays développé.
Mais il est un taux qui, lui, ne l’est pas, celui de la part de cas de coronavirus nécessitant une hospitalisation en soins intensifs.

Selon les différentes données, entre 10 à 15 % des cas avérés nécessiteraient un placement en soins intensifs avec intubation et oxygénation. Le tout pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Si l’on se place dans une optique prudente et qu’on estime – sur le modèle de l’IFR avancé plus haut – que ce taux rapporté à l’ensemble des cas est peut-être réduit de moitié, cela donnerait 5 à 8 % de cas placés en soins intensifs.

La grippe classique touche 2 à 6 millions de personnes chaque année.
Considérons que seul un million de Français soit contaminé par le coronavirus – bien plus contagieux que la grippe – d’ici l’été.
Cela signifierait qu’entre 50 000 et 80 000 personnes devraient être hospitalisées en soins intensifs.

En Italie, le système hospitalier est en train de s’effondrer pour moins de 800 personnes en soins intensifs.
En 2012, l’Italie possédait 12,5 lits de soins intensifs pour 100 000 habitants. La France en possédait 11,6 pour 100 000 habitants.

Le système hospitalier est également menacé par un mal particulièrement pernicieux.
De nombreux services et même hôpitaux entiers ont déjà été fermés – au moins momentanément – à la suite de cas de contamination au sein de l’équipe de soignants.
La situation se répétera nécessairement. Que décideront alors les personnels hospitaliers ? Que décideront les médecins qui devront travailler dans un environnement confiné avec de nombreux malades, sans équipement de protection adapté ?

À Wuhan, de nombreux médecins sont morts. En Italie, un spécialiste renommé de la maladie d’Alzheimer est décédé à la suite d’une infection du coronavirus.
De nombreux experts médicaux – surexposés au risque par leur travail en milieu hospitalier – vont mourir.
Ces pertes prévisibles sont dramatiques.

Bientôt, les personnels hospitaliers français feront face à un dilemme colossal. Resteront-ils sur le front hospitalier malgré les risques de mortalité ou choisiront-ils leur santé en quittant le champ de bataille médical ?
Un choix personnel aux implications collectives énormes.

Et cette surcharge énorme infligée au système hospitalier viendra s’ajouter à une charge de travail déjà important, mettent les organismes et les esprits à rude épreuve.

C’est sans doute là le principal danger du coronavirus. Le système hospitalier français risque tout simplement l’effondrement.

4/ L’économie

Autre secteur où l’effondrement est possible, c’est bien entendu l’économie.

L’économie « réelle » d’abord. L’ensemble des établissements accueillant du public vont être confrontés à une baisse massive, voire totale, de leur activité. Les hôtels, les lieux touristiques, les bars, les restaurants, les salles de concert, les boîtes de nuit, les grands magasins… Tous ces commerces vont êtres durement touchés. Même chose pour les compagnies aériennes, les croisiéristes et les secteurs liés aux transports en commun en général.

Du côté de l’économie « financiarisée », la bourse est elle aussi sévèrement rattrapée par l’épidémie. N’étant pas familier de ce monde étrange, je ne m’avancerai pas outre mesure mais il me semble à peu près juste de constater que les chutes énormes des derniers jours laissent à penser qu’une nouvelle crise boursière n’est pas impensable…

Conclusion

Le coronavirus n’est pas tant un danger par sa létalité – qui reste néanmoins élevée – que par sa grande contagiosité et, surtout, par le taux impressionnant de personnes ayant besoin d’être admises en soins intensifs.
Cette charge énorme reposant sur le système hospitalier peut malheureusement provoquer son effondrement et donc l’augmentation catastrophique du nombre de morts.

Par ailleurs, sa dangerosité entraîne nécessairement un confinement généralisé qui pénalisera énormément l’économie.

L’ensemble de ces données invite les hommes et les femmes raisonnables à admettre que le coronavirus est bien un danger.
La lutte contre le coronavirus sera une vraie bataille. Et l’une des premières règles de la guerre est de ne jamais sous-estimer l’ennemi.

Nicolas Faure
10/03/2020

Source : Correspondance Polémia

Crédit photo : NIAID [CC BY 2.0]V

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