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Coronavirus : comment la Russie s’en sort-elle ?

Avec plus de 335 000 cas, la Russie semble être touchée de plein fouet par la pandémie de coronavirus. Cependant, avec plus de 250 000 tests par jour, une mortalité stable à 0,99 % et des recherches avancées sur un vaccin – dont la production de masse devrait commencer à la fin de l’été selon le ministère de la Santé, la Russie semble mieux s’en sortir face au coronavirus que nombre de pays occidentaux, États-Unis y compris.

Une situation qui ne donne pas de repos aux États-Unis – dont Elon Musk estime la statistique des malades comme fausse depuis au moins mi-avril. Sur le site Grants.gov qui regroupe les commandes du département d’État, il y a depuis peu une commande à 250 000 $ pour « exposer la désinformation du système de santé russe », passée par le bureau des affaires publiques globales.

En attendant, les États-Unis ont enfin trouvé comment répondre à l’avion d’aide humanitaire russe envoyé le mois dernier et expédient gratuitement 200 respirateurs en Russie – par quatre vols, dont le premier est arrivé. Tout comme les Russes ont envoyé du matériel produit par des entreprises sous le coup de sanctions américaines – avec les logos en gros – les Américains ont mis sur les caisses les logos USAID, alors que l’agence a été virée du territoire russe en 2012 et interdite depuis.

Le pic de l’épidémie passé en Russie

Au 23 mai il y avait 335 822 malades (+9 434 en une journée, sur plus de 200 000 tests) dont 161 000 à Moscou, 32 600 dans sa région, 13 000 à Saint-Pétersbourg, 3 388 morts (+139 en 24 heures), dont 1 934 à Moscou, 324 dans sa région, 113 à Saint-Pétersbourg, 70 au Daguestan, et 107 936 guéris (+8 111 en 24 heures). À ce jour, plus de 8,1 millions de Russes ont été testés.  Pour comparer, le 16 mai, il y avait 272 043 cas (+9 200 en 24 heures), 2 537 morts, 63 166 guéris. Le 20 mai, pour la première fois, le nombre de guéris en 24 heures (9 262) a dépassé le nombre de nouveaux cas (+8 764).

Actuellement, la Russie a passé le pic de l’épidémie – mais pas encore celui de la mortalité, estiment les médecins – et la vitesse de propagation du virus ne cesse de diminuer. Cependant, lors d’une réunion le 22 mai, Poutine s’est inquiété de la hausse du nombre de malades chez les adolescents de 15 à 17 ans qui sont la catégorie de population qui respecte le moins le confinement.

Cependant, si la situation semble s’améliorer au niveau fédéral, elle se dégrade par endroits – par exemple, sur une mine d’or de Krasnoiarsk, 805 cas de COVID ont été détectés. L’armée a déployé un observatoire de 1 000 places et un hôpital de 100 lits dans les 48 heures ; depuis, la situation avec le coronavirus a été stabilisée et les malades séparés des bien portants.

Autre région où la situation reste inquiétante, le Daguestan (70 morts pour 4 000 cas, soit 1,75 % de mortalité). L’armée et le ministère des Situations d’urgence ont déployé trois hôpitaux de campagne dans cette république autonome majoritairement musulmane où le Ramadan et les particularités culturelles compliquent le respect du confinement et des mesures barrières.

Outre le fait de tester massivement et de déployer des hôpitaux de campagne près des foyers d’infection – ainsi que des hôpitaux dédiés en dur près des villes –, les Russes soignent au plus tôt, notamment avec l’hydroxychloroquine, qui fait partie des recommandations officielles du ministère de la Santé russe, citations des études du Dr Raoult à l’appui. À Moscou, 540 personnes ont aussi donné leur plasma, au 20 mai, ce qui a permis de soigner 340 malades en état critique – ils vont désormais nettement mieux.

L’économie impactée

Si le PIB de la Russie, tiré par la production industrielle et agricole, a encore augmenté au premier trimestre, il devrait chuter lourdement au second. Le confinement partiel a en effet impacté l’économie – par exemple, la consommation a baissé de 29 % à Moscou depuis février, le secteur du divertissement a perdu 80 % de son activité, les transports et les restaurants 67 %. Les dettes des entreprises envers les fournisseurs énergétiques ont dépassé 50 milliards de roubles (633 millions d’euros).

La ville de Moscou prévoit de perdre un cinquième de son budget en 2020, soit 600 milliards de roubles (7,5 milliards d’euros), dont un tiers d’impôt sur le revenu qui ne rentrera pas – ce qui semble montrer au passage que les prévisions budgétaires de la ville de Paris semblent exagérément optimistes. Ce qui n’a pas empêché la ville de Moscou d’acquérir pour 1,5 milliard de roubles (19 millions d’euros) une usine de production de masques à Vladimir – ville ancienne russe aussi très connue pour sa prison ; cette usine, KIT, produit un tiers des masques russes et il est prévu de passer sa production à quatre millions de masques par jour contre moins de la moitié aujourd’hui.

Des usines ont été arrêtées pendant des semaines – même si la plupart ont pu depuis rouvrir en adaptant leurs process et en s’équipant de produits désinfectants. La production industrielle a reculé de 7 % sur le seul mois d’avril, le pire indicateur depuis 11 ans. L’aviation reste très impactée : au 21 mai, 388 relations intérieures étaient actives sur 4 964 avant la crise et trois vols internationaux sur 1 663.

La Douma (Assemblée nationale russe) vient d’ailleurs d’adopter une loi qui permet aux PME et aux commerces d’arrêter de payer les loyers et de rompre les contrats si le propriétaire refuse de changer le loyer ou d’autres points du contrat en fonction de la nouvelle situation économique. Les entreprises connaissent aussi des difficultés – selon un sondage Levada, 33 % des sondés ont constaté la baisse de leur salaire, 25 % à des retards de paiement et 26 % ont été confrontés, ou leurs proches, au chômage.

En mars, 25 000 entreprises ont été créées en Russie et 48 000 liquidées, soit un solde négatif de 23 000 entreprises, sur 2,5 millions. Cependant, quatre branches voient le nombre d’entreprises augmenter : la santé, l’extraction de minerais de métaux, la production de tabac et la production de médicaments.

Bientôt la seconde vague ?

Officiellement, la Russie se prépare à la seconde vague du coronavirus en octobre, qui pourrait être moins forte. D’ici là, le pays devrait être équipé de son vaccin – les scientifiques de Novossibirsk qui y travaillent ont déjà testé un projet de vaccin sur une cinquantaine de volontaires, avec succès, et annoncent une production de masse à la fin de l’été. Actuellement, 14 pôles différents développent 47 projets de vaccins en Russie, selon le ministère de la Santé russe. Des essais pré-cliniques sur un vaccin ont aussi lieu au Kazakhstan.

En Crimée, Aksenov, qui dirige la presqu’île – sauf la ville-port de Sébastopol, qui est une circonscription administrative différente – a annoncé que la saison touristique habituelle ne pourrait pas se tenir et n’a pas donné de date d’ouverture de la presqu’île au reste de la Russie – il y a actuellement des restrictions de déplacement entre les régions. Les colonies de vacances de la Crimée ne seront ouverts cet été qu’aux enfants de la presqu’île, alors qu’ils attirent habituellement des enfants de toute la Russie et sont pleins à craquer.

Les écoles, quant à elles, ne rouvriront qu’en septembre, normalement. Les examens de fin d’année ont été annulés, les notes définies sur la base du contrôle continu, et le bac n’est maintenu en présentiel que pour les lycéens qui prévoient d’entrer dans l’enseignement supérieur – ce qui représente tout de même plusieurs centaines de milliers de jeunes à travers le pays.

Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : DR
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