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Michel Geoffroy : « Nous voici entrés au XXIe siècle dans la 4ème guerre mondiale » [Interview]

Michel Geoffroy, ancien haut fonctionnaire, contribue aux travaux de la Fondation Polémia. Il a publié en collaboration avec son fondateur, Jean Yves Le Gallou, le Dictionnaire de Novlangue. En 2018, il a publié aux éditions Via Romana La Super Classe Mondiale contres les Peuples et, en 2020, vient de sortir La Nouvelle Guerre des Mondes.

Pour commander le livre, c’est ici.

Nous l’avons interrogé à ce sujet.

Breizh-info.com : Quelle est la thèse centrale de votre nouvelle guerre des mondes ? Quel est son point de départ ? Pourquoi cette nouvelle guerre des mondes ?

Michel Geoffroy : Nous avons déjà connu plusieurs guerres des mondes, même si la définition du « monde » a bien sûr évolué au cours de l’histoire : par exemple au début du XIXe la guerre des mondes opposait en Europe les tenants de la révolution des Lumières à ceux de l’Ancien Régime ; au XXe siècle elle a opposé les tenants du communisme à ce qu’on appelait le monde libre : c’était alors la 3ème guerre mondiale – la guerre froide – qui succédait aux deux premières, et qui en était la conséquence directe.

Nous voici entrés au XXIe siècle dans la 4ème guerre mondiale.

Cette guerre oppose ceux qui, sous la direction des États-Unis, veulent imposer un monde unipolaire (c’est-à-dire un monde formaté à leur image) aux civilisations renaissantes qui refusent cette perspective et président au contraire à l’émergence d’un monde polycentrique ou multipolaire, c’est-à-dire un monde qui repose sur la diversité des cultures, des identités et des valeurs et sur le partage de la puissance entre les grandes civilisations.

Les Européens puis les Américains ont dominé le monde parce qu’ils cumulaient depuis la Renaissance des avantages compétitifs déterminants par rapport aux autres civilisations : une forte démographie, une suprématie économique, scientifique et militaire, enfin une foi dans leur destinée qui s’appuyait sur le christianisme. Mais tous ces avantages disparaissent au XXIsiècle, qui, pour cette raison, peut s’analyser comme un âge post-occidental.

En 1946, les États-Unis représentaient 46 % du PIB mondial ; aujourd’hui un peu plus de 15 %… En 1949, le PIB de la Chine était inférieur des ¾ à celui de l’Inde ; aujourd’hui la Chine est en passe de devenir la première puissance économique mondiale. Le dynamisme économique de l’Asie – qu’il s’agisse de la Chine, des Dragons ou des Tigres asiatiques – dépasse maintenant celui de l’Europe ou des États-Unis. Dans les années 1960, on faisait encore la quête en Europe pour que les « petits Chinois » ne meurent pas de faim : aujourd’hui ce sont les Chinois qui nous envoient le matériel médical et les médicaments que nous ne produisons plus !

Au plan démographique aussi le monde a changé : les Occidentaux, les Blancs deviennent minoritaires alors qu’en 1945 encore, l’Europe était plus peuplée que l’Afrique !

Aujourd’hui, comme l’écrit Samuel Huntington, le monde « s’est modernisé mais ne s’est pas occidentalisé » : cela signifie que la suprématie technique, économique et scientifique occidentale s’est diffusée partout, ce qui a permis aux autres civilisations d’accéder à la puissance et donc désormais de pouvoir résister de plus en plus fermement aux prétentions des Occidentaux à la domination mondiale et à imposer leur idéologie.

Ce qui s’est passé hier avec le Japon à la suite de la révolution Meiji, se produit donc désormais à l’échelle du monde et notamment conduit principalement à l’envol de l’Eurasie, de l’Asie et de la Chine (l’Afrique n’incarne toujours pas une aire de puissance civilisationnelle car elle devient un chaos démographique et l’islam reste une civilisation divisée car dépourvue de centre).

La renaissance des autres civilisations, jusque-là éclipsées par la domination occidentale, caractérise le XXIe siècle. Elle correspond d’une certaine façon à un retour à la normale comme le montre le fait que la Chine ou l’islam retrouvent la place qu’ils avaient dans les siècles passés.

Nous entrons donc au XXIe siècle dans un monde à la fois post-occidental et pluri-conflictuel.

Les États-Unis ont cru que l’effondrement de l’URSS, allait leur permettre de dominer définitivement le monde et qu’ils allaient pouvoir promouvoir le « nouvel ordre mondial » c’est-à-dire imposer leur ordre. C’était aussi le sens de la « guerre contre le terrorisme » permettant de positionner des forces américaines un peu partout dans le monde. On présentait aussi significativement la guerre contre l’Irak comme étant le premier jalon de ce nouvel ordre, marqué par l’élimination des États non démocratiques (selon l’échelle de valeurs américaines…).

Cette illusion n’a duré que 10 ans : de 1991 (fin de l’URSS) à l’attentat du 11 septembre 2001. Mais elle reste tenace aux États-Unis qui, pour cette raison, font du thème « make America great again » un argument permanent de politique intérieure : mais ce slogan démontre justement en creux le changement du rapport de forces mondial aux dépens des États-Unis !

La guerre des mondes provient du fait que les pays occidentaux emmenés par les États-Unis, bras armé de la super classe mondiale et nation messianique depuis leur fondation, refusent le nouvel état du monde polycentrique. Elle découle aussi du fait qu’aucune puissance n’est désormais en mesure de dominer seule le monde et d’imposer son ordre.

Monde unipolaire versus monde polycentrique, civilisations renaissantes contre la dé-civilisation occidentale, Occident contre Eurasie, civilisations de la terre (heartland) contre thalassocraties : voilà la matrice de la quatrième guerre mondiale, de la nouvelle guerre des mondes.

Breizh-info.com : Comment faire assimiler aux citoyens que nous sommes en guerre alors que concrètement, rien n’explose, rien ne les touche directement – si l’on prend comme points de comparaison les guerres passées et récentes ?

Michel Geoffroy : Cette impression est trompeuse parce que précisément la quatrième guerre mondiale est une guerre « de quatrième génération » qui se déroule sur plusieurs fronts simultanément, tant matériels qu’immatériels.

La nouvelle guerre des mondes se déroule pour le moment principalement dans l’ordre géo-économique, dans le cadre de la nouvelle guerre froide qui oppose les États-Unis, puissance dominante mais déclinante, à la Chine, puissance émergente. Elle se traduit aussi par une compétition très forte pour l’accès aux ressources énergétiques partout dans le monde. Comme le montre par exemple les tentatives américaines d’empêcher la conclusion du projet de gazoduc Nord Stream 2.

Cette guerre n’est pas virtuelle mais touche déjà concrètement les Européens.

Les ravages nés de la guerre économique mondiale et de la désindustrialisation sont déjà bien visibles, notamment dans notre pays ! Comme est visible par exemple la hausse du coût de l’énergie, accentuée par les campagnes anti-nucléaires des lobbies écologistes qui ont pour principal résultat d’accentuer la dépendance énergétique de l’Europe. De même, la guerre économique que se livrent les États-Unis et la Chine ou les sanctions occidentales à répétition contre la Russie frappent nos entreprises exportatrices, y compris agricoles, aggravant le chômage et la faible croissance européenne. Les États-Unis ne se privent pas en effet de sanctionner leurs propres « alliés » !

La nouvelle guerre des mondes est aussi une guerre cognitive qui voit s’affronter des conceptions du monde antagonistes et qui vise au formatage des populations : les bombardements – les bobardements – sont aussi médiatiques et publicitaires !

La nouvelle guerre des mondes correspond à la véritable guerre que les gouvernements occidentaux mènent contre leur propre population, pour empêcher sa révolte. Cette guerre a pour armes principales la répression judiciaire, la destruction des libertés publiques, le servage économique (chômage), le fiscalisme, l’insécurité (la peur permet de sidérer la population comme le montre le coronavirus !), l’écologie punitive, la propagande permanente et le grand remplacement migratoire.

En outre, cette nouvelle guerre froide, comme la précédente, s’accompagne de conflits déjà très violents à la périphérie : ainsi en va-t-il de la déstabilisation du Proche-Orient, provoquée par les Occidentaux, qui a ouvert la voie à la crise migratoire des réfugiés, sans parler des attaques terroristes qui frappent l’Europe.

L’islamisme relève de la nouvelle guerre des mondes, comme l’ethnicisation des rapports sociaux – en particulier parce que l’américanisme l’a utilisé comme moyen de déstabilisation.

Enfin, malgré la disparition de l’URSS, les États-Unis n’ont pas abandonné leur politique d’encerclement stratégique de la Russie et de désagrégation méthodique de son ancienne zone d’influence : en témoignent les « révolutions de couleur », les évènements d’Ukraine (Euromaïdan), l’attitude agressive de l’OTAN vis-à-vis de la Russie ou encore l’entreprise de déstabilisation de la Biélorussie. Ces agissements, qui provoquent des conflits parfois très violents (par exemple, la guerre dans le Donbass) à la périphérie de l’Union européenne, montrent à l’évidence que le XXIe siècle ne sera pas un siècle paisible. Et que l’Europe risque de devenir, à nouveau, un champ de bataille.

Nos concitoyens ne se croient peut-être pas en guerre, mais ils savent déjà qu’ils ne vivent plus en paix !

Breizh-info.com : Votre livre est également un plaidoyer pour une Europe puissance. N’est-ce pas curieux à une période où l’Union européenne semble se disloquer et où les souverainismes semblent avoir le vent en poupe ?

Michel Geoffroy : L’Union européenne est tout le contraire de l’Europe puissance que j’appelle de mes vœux !

Car Jean Monnet et ses émules l’ont justement conçue, pour ne pas disposer des attributs de la souveraineté et de la puissance. Jean Monnet voulait une Europe dans l’orbite des États-Unis et surtout une Europe qui ne soit qu’une étape vers un utopique gouvernement mondial.

Résultat, l’Union européenne n’existe pas au plan géopolitique : ni un État, ni une fédération, tout au plus une organisation régionale sui generis, qui se résume à un marché ouvert et à un espace sans véritables frontières ni identité propre, dirigée dans les faits par une bureaucratie mondialiste coupée des peuples.

De fait nous assistons aujourd’hui à l’effondrement des illusions de Jean Monnet qui croyait que le marché et le droit procédural résoudraient tout. Mais son système ne fonctionnait que parce que la guerre froide et l’équilibre de la terreur nucléaire Est-Ouest, protégeaient paradoxalement une Europe sortie de l’Histoire.

Aujourd’hui que cet équilibre a disparu et que le monde polycentrique se révèle poly-conflictuel par essence, la faiblesse de cette « construction » – qui correspondait en fait à une déconstruction de l’Europe puisque l’Union européenne a renié notre identité de civilisation et nos racines – apparaît d’évidence.

L’Union européenne devient une sorte de contradiction dans les termes : de moins en moins unie et de moins en moins européenne. Et elle ne compte quasiment pas sur la scène internationale. Quel beau résultat !

Pour toutes ces raisons, les peuples européens manifestent une insatisfaction croissante à l’encontre de l’Europe de Bruxelles. Notamment autour de la question de l’immigration, des frontières et des lubies « sociétales » de la Commission et des juridictions européennes. Cette défiance prend différentes formes : du Brexit britannique, à l’attitude contestataire des pays du groupe de Visegrad en passant par le développement quasi général de mouvements politiques identitaires ou anti-immigration, puisque Bruxelles veut toujours plus d’immigration.

Cependant, il faut bien constater qu’à l’exception de la Grande-Bretagne – qui n’adhérait d’ailleurs que marginalement – aucun pays ne s’est engagé sérieusement dans une démarche de sortie de l’Union européenne. De même, en Europe Occidentale, aucun mouvement politique anti-immigration n’a réussi à parvenir durablement au pouvoir.

C’est bien là que réside toute l’ambiguïté de ce que l’on nomme, en France, le souverainisme.

Le souverainisme, entendu comme le refus de toute dynamique européenne (refus du traité de Maastricht notamment) et par la volonté de se retirer de l’Union européenne et de l’euro (Frexit), développe des analyses souvent pertinentes des limites et des travers de l’Europe de Bruxelles. Mais le remède qu’il préconise pour notre pays n’arrangerait rien.

D’abord, on ne peut rendre l’Union européenne responsable de tous les maux qui ont fait de la France l’homme malade de l’Europe occidentale : le principal responsable c’est bien l’oligarchie française !

Ensuite, les souverainistes négligent trop souvent l’identité, en se focalisant sur la seule souveraineté nationale. Or un souverainiste qui ne se préoccupe pas d’identité est un souverainiste inconséquent. Devrait-on accepter une république islamique en France, au prétexte qu’elle deviendrait « souveraine » en quittant l’Union européenne ?

Enfin, un Frexit nous ferait rentrer de la plus mauvaise façon possible dans le XXIe siècle multipolaire, en nous isolant au moment même où notre civilisation, menacée de toutes parts, doit faire bloc et retrouver la puissance de survivre. Or il n’y a pas de puissance sans unité.

Les partisans d’un Frexit oublient que dans le monde polycentrique dans lequel nous sommes entrés, même la surpuissance américaine ne parvient plus à s’imposer. Et ils prétendent que ceux qui se révèlent incapables de rétablir la loi et l’ordre chez eux, de réduire les « zones de non-droit » ou le « séparatisme » islamiste pourraient s’imposer seuls face à la Chine, face à l’Inde, face au géant démographique africain ou face à l’aventurisme américain ? Ou face aux grandes entreprises mondialisées désormais plus riches et plus puissantes que bien des États ?

D’ailleurs, on voit ce que donnent déjà les initiatives de la France seule face à la Turquie : pas grand-chose !

Les partisans du Frexit ont élaboré un système de pensée circulaire, qui les empêche malheureusement de voir le monde dans lequel nous sommes entrés.

Au XXIe siècle, seuls auront la parole les grands espaces de puissance : les plus grands peuples, les grandes nations, les armées et les économies les plus fortes, les grandes civilisations sûres d’elles-mêmes. Et non pas les faibles, les petits, les divisés ou les régionalismes folkloriques.

Ce souverainisme du rejet de tout projet européen se résume avant tout à un discours incantatoire car il reste politiquement marginal au surplus.

Comme l’ont montré les élections présidentielles de 2017, le Frexit fait en effet avant tout figure de repoussoir politique – en particulier parce qu’une sortie de l’euro inquiète une grande partie de la population –, pour le plus grand profit des candidats du Système et, bien sûr aussi, des européistes.

Pour cette raison, et paradoxalement, seul un souverainisme européen a un sens aujourd’hui. Pas un souverainisme nostalgique qui veut faire croire qu’il serait possible de retrouver la France des années 1960. L’Histoire ne repasse pas les plats !

Il ne faut pas abandonner le projet européen, mais le refonder sur de nouvelles bases pour que l’union des nations européennes, indispensable à toute puissance, soit mise au service de la préservation de notre identité de civilisation. Au lieu de la déconstruire comme aujourd’hui.

Breizh-info.com : Vous plaidez pour une révolution culturelle européenne. Qu’est-ce que cela signifie ? Sous quelles formes ?

Michel Geoffroy : Le XXIe siècle est celui de la grande régression européenne.

La propagande essaye de cacher cette régression sous un discours tapageur (sauvons la planète, non aux discriminations, vive l’économie numérique, etc.). Mais en réalité les Européens représentent la seule civilisation qui ne maîtrise plus son destin à la différence des autres : la crise du coronavirus a ainsi démontré la terrible dépendance de l’Europe vis-à-vis du reste du monde.

Au surplus, alignés sur les États-Unis – du fait de la trahison de leurs élites – les Européens se trouvent emportés dans son belliqueux sillage, mais sans posséder de réelle puissance. Une situation par conséquent très dangereuse, face à un reste du monde de plus en plus fort et agressif. En réalité, l’Europe devient progressivement une proie pour le reste du monde.

Ce que l’on nomme aujourd’hui l’Occident, correspond en outre à l’espace dominé et formaté par les États-Unis, et n’a plus qu’un rapport lointain avec la civilisation qui l’a vu naître, la civilisation européenne.

Car l’idéologie occidentale découle du puritanisme anglo-saxon et elle contredit, en tout, la chrétienté : elle affirme que le but de l’humanité n’est pas le salut mais le bonheur terrestre (avec la prétention dangereuse de réaliser tout de suite le paradis terrestre). Elle réduit la liberté à la licence et à un individualisme fanatique (la société n’existe pas, les individus ont le droit naturel d’imposer aux autres leurs préférences et de tout faire finalement, y compris celui de « choisir » leur propre nature, etc.). Cette liberté oublie en outre la justice et la maîtrise de soi. L’idéologie occidentale considère aussi la richesse comme un signe d’élection et véhicule une vision purement marchande de la société et des rapports humains. Enfin, elle repose sur la culpabilisation permanente des peuples comme des individus et non sur le pardon ni sur l’amour.

Ces « valeurs » libérales, libertaires, cosmopolites et de déconstruction correspondent en réalité à des anti-valeurs, des valeurs mortelles, des valeurs inversées où ce que l’on proscrivait hier devient non seulement toléré mais, de plus en plus, obligatoire. Des valeurs contre lesquelles le monde entier s’insurge.

Il faut donc rompre cette dynamique du déclin européen.

Cela implique une révolution politique et culturelle :

  • une révolution politique car il faut se libérer de l’emprise des oligarchies mondialistes qui enferment l’Europe dans la tragique impasse du « transatlantisme » qui ne peut que nous embarquer dans l’aventurisme américain. Une révolution politique pour créer aussi un peuple européen. Une révolution politique enfin pour redonner du pouvoir au pouvoir (et mâter les féodalités économiques et financières) ;
  • une révolution culturelle car il faut non seulement tourner le dos aux anti-valeurs occidentales qui vont à l’encontre de l’ordre naturel, il faut aussi cesser de croire que nous avons le droit (et encore moins le pouvoir désormais !) d’imposer notre modèle de civilisation aux autres. Le véritable humanisme est désormais différencialiste et non pas universaliste abstrait, réducteur et niveleur comme celui des Lumières.

Nous devons reconnaître la pluralité de la hiérarchie des valeurs à l’échelle des civilisations et donc le droit pour chacune, y compris la nôtre, à préserver sa spécificité, son identité et sa continuité. Cela signifie qu’aucune civilisation ne doit se trouver soumise à la loi d’une autre.

Il faut donc rejeter le relativisme culturel qui aboutit à nier qu’il puisse y avoir des principes que l’on doive respecter pour éviter que la société ne tombe dans le chaos.

Une telle révolution est-elle possible ? Oui, car les idées mènent les hommes et les idées peuvent changer vite. Tous les systèmes, même les plus dictatoriaux, reposent en outre sur une certaine adhésion, même passive, de la population. Lorsque celle-ci disparaît parce que les idées changent, ces systèmes s’effondrent, comme cela s’est produit pour l’Ancien Régime ou pour l’URSS.

Breizh-info.com : Les populations ont-elles réellement envie de s’affranchir de la super classe mondiale dont vous parliez dans un livre précédent ? Finalement, le modèle shopping, MacDo, télévision et aides sociales (ou perfusions économiques comme actuellement pour parer aux conséquences de la gestion sanitaire de la pandémie) ne fait-il pas plus rêver la population ?

Michel Geoffroy : Certes, la gestion de la crise sanitaire autour du covid-19 a montré que les outils de propagande, dans les mains de l’oligarchie qui a pris le pouvoir en Occident à la fin du XXe siècle, restaient encore très efficaces. L’ahurissement médiatique et le formatage de la population marchent encore très bien !

Cependant, on ne doit pas oublier que le modèle sur lequel repose la domination de la super classe mondiale s’affaiblit de plus en plus.

D’abord, parce que le monde polycentrique échappe de plus en plus à la domination nord-américaine, instrument du mondialisme. L’oligarchie occidentale s’affaiblit donc de plus en plus à l’échelle du monde. S’il devait y avoir un gouvernement mondial – ce que je ne crois pas – celui-ci serait désormais dirigé par… les Chinois, les Indiens et les Africains, c’est-à-dire par la majorité de la population mondiale et non par les Anglo-Saxons !

Bien sûr, la super classe mondiale règne encore en Occident par la propagande et la répression. Mais cela ne suffit plus à garantir une adhésion durable de la population.

En effet, seule une petite minorité profite du modèle libéral/libertaire et de la « mondialisation heureuse ».

Pour la majorité de la population, ce modèle rime avec précarité de l’emploi, insécurité, dégradation des conditions de vie, déclin des services publics, arrêt de la promotion sociale et réduction de l’espérance de vie. Pour la première fois depuis la fin du XIXe siècle en Occident, les enfants n’ont plus l’assurance d’avoir un meilleur niveau de vie que celui de leurs parents. Le paradis consumériste s’éloigne à mesure que la pauvreté se répand.

Le décalage entre le monde artificiel des écrans publicitaires et la réalité dans laquelle vit la majorité de la population ne cesse de s’approfondir.

Pour le moment, le Système a réussi à museler la population, dans tous les sens du terme. Mais il n’a pas effacé ce décalage pour autant, bien au contraire.

En outre, le modèle redistributif qui permettait de garantir la paix sociale devient de moins en moins gérable du fait de la faible croissance économique, du sous-emploi endémique et de l’effondrement démographique en Occident. Le cas de la France est emblématique sur ce plan : des déficits et un endettement, croissants, une fiscalité désormais la plus élevée de l’OCDE, un système hospitalier saturé, notre pays au premier rang de l’Union européenne pour le nombre d’homicides rapporté à la population.

Pour toutes ces raisons aujourd’hui, comme hier lors de la fin de l’URSS, le Système fait encore peur par sa police, mais il ne fait plus rêver.

Le « mur de l’Ouest » finira donc par tomber à son tour !

Propos recueillis par YV

Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

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2 réponses à “Michel Geoffroy : « Nous voici entrés au XXIe siècle dans la 4ème guerre mondiale » [Interview]”

  1. Droal dit :

    Pour l’instant l’€urope demeure une réussite unique au monde dans le genre Woody Allen : « PRENDS L’OSEILLE ET TIRES-TOI !!! »

    La façon de faire l’Europe a été exposée par le Général de Gaulle à Alain Peyrefitte au Tome 1 de « C’était de Gaulle » (Pages 61, 62, 63, 64).

    Le Général expose 4 idées directrices en concluant : « C’est comme ça qu’on fera l’Europe. On ne fera pas autrement. »:

    « Je suis reçu par le Général le 27 janvier 1960. Il me déclare tout de suite, avec de la tristesse dans la voix :

    « Voyez-vous, il n’y a pas beaucoup de véritables Européens. Je me demande quelquefois si je ne suis pas le seul. Il y a des gens qui cherchent des places et des avantages.
    « Il y a Luns (Ministre des Affaires étrangères néerlandais), qui veut faire l’Europe, à condition qu’il y soit le cheval de Troie des Anglo-Saxons. Il y a Spaak (Ministre des Affaires étrangères belge), qui essaie de contenir les forces centrifuges de la Belgique en l’entourant d’un bunker européen. Il y a Adenauer, qui préférerait éviter que l’Allemagne se réunifie, en intégrant l’Allemagne de l’Ouest à l’Europe occidentale et en renvoyant aux calendes la possibilité d’un accord avec l’Allemagne de l’Est. Pour ces deux là, l’Europe, ça serait commode : vous pensez, ça empêcherait l’éclatement de la Belgique et l’unification de l’Allemagne. Il y a Pflimlin, qui veut favoriser la position de Strasbourg pour le siège, au détriment de Paris, que tout le monde sauf lui trouverait plus pratique. Tous, ils ne veulent de l’Europe que parce que ça arrange leurs petites affaires. Moi, je veux l’Europe pour qu’elle soit européenne, c’est-à-dire qu’elle ne soit pas américaine.

    AP. – Vous vous êtes toujours fait une certaine idée de la France : vous êtes-vous toujours fait, de même, une certaine idée de l’Europe ?

    GdG. – Je n’ai pas attendu que les illuminés de la Haye (En 1948, un congrès à la Haye avait donné naissance au Mouvement européen. Les plus importants des hommes politiques des démocraties occidentales s’y étaient réunis. La majorité des parlementaires, dans les pays concernés, adoptèrent avec enthousiasme le credo de La Haye) aient découvert qu’il y avait une Europe et qu’elle pouvait et devait s’organiser. Reprenez mes textes d’avant-guerre, de la guerre et de l’après-guerre, vous constaterez que j’ai toujours préconisé l’union de l’Europe. Je veux dire l’union des États européens. Lisez ce que j’en dis depuis plus d’un quart de siècle – il y aurait peut-être avantage, d’ailleurs à regrouper ces textes. Je n’ai pas varié. Je souhaite l’Europe, mais l’Europe des réalités ! C’est-à-dire celle des nations – et des États, qui peuvent seuls répondre des nations.

    AP. – Si vous ne voulez pas d’une Europe intégrée et supranationale, comment voyez-vous pratiquement l’union européenne ?

    GdG – Les lignes directrices sont claires comme le jour. Pour les détails, nous nous verrons une autre fois, quand j’aurais plus de temps ; voici le principal.

    « La première idée, c’est qu’il faut que l’Europe occidentale s’organise, autrement dit que ses États se rapprochent, d’Amsterdam à la Sicile, de Brest à Berlin, de façon à former un noyau capable d’attirer les autres et de faire contrepoids aux deux mastodontes, les États-Unis et la Russie. Tant que nos pays restent dispersés, ils sont une proie facile pour les Russes, comme les trois Curiaces face à Horace ; sauf si les Américains les protègent. Ils ont donc le choix entre devenir des colonies russes, ou des protectorats américains. Ils ont préféré la seconde solution et on comprend qu’elle ait d’abord prévalu. Mais ça ne pourra pas durer éternellement. Il est donc urgent qu’ils s’unissent pour échapper à cette alternative. Il faut commencer par ces cinq ou six pays, qui peuvent former le noyau dur ; mais sans rien entreprendre qui puisse barrer la route aux autres, l’Espagne ? Le Portugal ? L’Angleterre si elle arrive à se détacher du Commonwealth et des États-Unis, un jour la Scandinavie, et pourquoi pas la Pologne et les autres satellites quand le rideau de fer finira par se lever.

    « La deuxième ligne directrice, c’est que l’Europe se fera ou ne se fera pas, selon que la France et l’Allemagne se réconcilieront ou non. C’est peut-être fait au niveau des dirigeants ; ce n’est pas fait en profondeur. Il n’y aura pas de construction européenne si l’entente de ces deux peuples n’en est pas la clef de voûte. C’est la France qui doit faire le premier geste, car c’est elle, en Europe occidentale qui a le plus souffert.

    AP. – Les Pays-Bas, la Belgique, la Grande-Bretagne, ont souffert aussi…

    CdG. – Ce n’est pas pareil. La France a souffert plus que les autres, parce qu’elle est le seul pays dont le gouvernement légal ait collaboré avec l’ennemi. D’autres ont été occupés, d’autres ont subi des privations ou des exactions. Mais aucun autre n’a vu ses dirigeants vendre son âme. Les peuple hollandais, belge, etc., regardaient vers Londres, où leurs gouvernements s’étaient exilés. C’est là que s’étaient transportés leur légitimité et leurs espoirs. Ils ne doutaient pas de la voie à suivre. Ils n’étaient pas divisés en profondeur. Le mal qu’a fait Vichy, c’est de vouloir faire croire aux Français que la France allait s’en tirer en collaborant, et même qu’elle avait intérêt à la victoire de l’Allemagne.

    « Voilà pourquoi la France a souffert plus que les autres : parce qu’elle a été plus trahie que les autres. Voilà pourquoi elle est seule à pouvoir faire le geste du pardon. L’Allemagne est un grand peuple qui a triomphé, puis qui a été écrasé. La France est un grand peuple qui a été écrasé, puis a été associé au triomphe. Il n’y a que moi qui puisse réconcilier la France et l’Allemagne, puisqu’il n’y a que moi qui puisse relever l’Allemagne de sa déchéance.»

    (« Grand peuple ! » Je songe au récit que m’a fait Jean Laloy, mon aîné du Quai d’Orsay, qui accompagnait, à la fin de 1944, en qualité d’interprète, de Gaulle en URSS. Les autorités soviétiques lui faisaient visiter le champ de bataille de Stalingrad. Le Général regardait au loin les ruines encore intactes. Il laissa échapper : « Quel grand peuple ! » Laloy traduisit aussitôt aux accompagnateurs soviétiques, qui manifestèrent leur satisfaction. Le Général précisa alors : « Je parle des Allemands. »)

    Le Général reprend : « La troisième idée directrice, c’est que chaque peuple est différent des autres, incomparable, inaltérable. Il doit rester lui-même, tel que son histoire et sa culture l’on fait, avec ses souvenirs, ses croyances, ses légendes, sa foi, sa volonté de bâtir son avenir. Si vous voulez que des nations s’unissent, ne cherchez pas à les intégrer comme on intègre des marrons dans une purée de marrons. Il faut respecter leur personnalité. Il faut les rapprocher, leur apprendre à vivre ensemble, amener leurs gouvernants légitimes à se concerter, et, un jour, à se confédérer, c’est-à-dire à mettre en commun certaines compétences, tout en restant indépendants pour tout le reste. C’est comme ça qu’on fera l’Europe. On ne fera pas autrement.

    « La quatrième idée, c’est que cette Europe-là prendra naissance le jour où ses peuples, dans leurs profondeurs, décideront d’y adhérer. Il ne suffira pas que des parlementaires votent une ratification. Il faudra des référendums populaires, de préférence le même jour dans tous les pays concernés. » »

  2. FGLR dit :

    Daté, presque pitoyable, à coté de la plaque et utilisant une grille de lecture inadaptée, « ancien haut fonctionnaire » ceci explique cela, un judéo-maçon (Glnf je suppose) bien formaté et tenu par les vieilles ficelles maçonniques.
    .
    L’Europe ? elle disparaitra submergée par l’immigration afro-maghrébine, le processus est en cours et très avancé (élus musulmans, métissage dysgénique, etc) et quoiqu’on en dise la résistance est faiblarde : depuis plus de 30 ans les français subissent l’immigration massive, où sont les plastiquages de mosquées et de boites de nuit afro ? où sont les actions concrètes pour faire comprendre à ces peuples envahisseurs qu’ils ne sont clairement pas les bienvenus ?
    .
    L’immigration est le principal outil utilisé par l’oligarchie apatride financière (et leurs relais classiques : loges, associations, médias, etc) pour affaiblir l’occident et mettre en place le nouvel ordre mondial multipolaire conformément à la chronologie du projet pax britannica, pax americana, pax judaica.
    Une Europe sans immigration serait trop puissante et gênante pour leur projet d' »harmonisation heureuse ». Ils doivent donc la pousser au métissage, au déni de soi en tant peuple brillant, voire à la guerre ethnique destructrice néanmoins potentiellement salvatrice pour nous.
    Les pays asiatiques ne subissent presque aucune immigration afro-maghrébine et vont donc continuer à se développer librement dans leur propre sphère ethno-culturelle.
    .
    Mais il y aurait beaucoup à dire en particulier sur la Chine dictature communiste totalement au service du capitalisme, l’univers mental et spirituel du chinois moyen est d’une pauvreté affligeante, guère étonnant dans un pays totalitaire qui a érigé le matérialisme technoscientiste en véritable religion habillée d’un peu de patriotisme.
    J’ai beaucoup plus de respect pour des pays comme le Japon ou la Corée qui ont plutôt bien réussi à concilier respect des traditions et développement industriel/technologique.
    La Russie ? unique pièce de ce pseudo ensemble que serait l’Eurasie. Elle a hérité à 99% de l’URSS et à 1% de la grande Russie du Tsar. A l’époque du Tsar les juifs avaient interdiction d’entrer sur le territoire et s’entassaient aux frontières, après la révolution judéo-bolchévique, les juifs ont pris le pouvoir et ne l’ont bien évidemment pas abandonné lors du passage communisme-capitalisme. En Russie la GPA et les mosquées prolifèrent, la répression des nationalistes russes blancs est féroce, et par ailleurs le pays est un nain économique qui aura de plus en plus de mal à défendre ses frontières.
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    Les peuples russes et chinois sont ravagés par plus de 70 ans de communisme (déplacements de population, destruction des états-civils, destruction des traditions, industrialisation rapide et forcée, etc), après tant d’années de matérialisme communiste destructeur, ces peuples ne sont plus que des zombies obéissants presque sans âme. (l’âme tragique russe a probablement survécu, et s’articule particulièrement bien avec cet état de l’être postcommuniste)
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    Plus généralement la 2ème moitié du 20ème siècle a consisté en la mise en scène de l’opposition des deux grands matérialismes contrôlés : le capitalisme : capacité d’une oligarchie parasitaire à capter une grande part des plus-values générées par le travail de peuples plutôt libres, et le communisme : capacité d’une oligarchie mafieuse à organiser le travail et la pauvreté du peuple ouvrier, la fin du 20ème siècle a vu la conversion du communisme au capitalisme soit par effondrement, soit par asservissement volontaire.
    La raison de cette mise en scène est évidente quand on comprend que le vrai ennemi du matérialisme totalitaire sont les peuples enracinés attachés à leurs traditions et à leur souveraineté.
    L’Europe a su préserver ses traditions en partie parce que l’industrialisation s’est faite en 200-300 ans. Mais après des décennies d’ébriété libérale ou de marxisme de plus en plus toxique, les peuples et les élites sont dans l’apathie ou l’addiction ou l’hystérie néomarxiste.
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    Le Nucléaire nous sauvera tous du malheur ? quelle tartufferie !
    En Asie l’électricité d’origine nucléaire doit représenter 10% et ils se portent très bien économiquement, en France nous en sommes à 70% d’énergie nucléaire au combustible 100% importé et grâce à toutes ces chances pour la France qui volent, assassinent, violent, escroquent, trafiquent, nous en sommes rendus à des niveaux d’endettement (le nucléaire a toujours couté cher) et de bougnoulisation faramineux.
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    Les faits historiques sont là : l’immigration massive a été organisée à la même époque que le programme nucléaire civil français (et l’industrialisation intensive de l’agriculture) dans les années 60-70 sous Pompidou (ex employé de banque) puis Giscard, pour le 1er les besogneux ont du être les maçons de gauche (Gof) et pour le 2nd les maçons de droite (Glnf), on retrouve l’objectif progressiste de destruction des peuples et des sols.
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    En conclusion, même si j’ai perdu 9 lecteurs sur 10 en route pas grave, rattacher l’Europe à un ensemble eurasien est aussi mauvais et contre nature que de vouloir l’attacher à un ensemble eurafricain.
    L’Europe doit exister en tant qu’ensemble de peuples blancs à la longue et brillante histoire, maîtres chez eux, sachant relever les enjeux du siècle : savoir concilier puissance militaire*/économique/industrielle, traditions et écologie intégrale, sachant maintenir une position internationale en interaction avec les peuples qui le méritent et n’hésitant pas à user des mêmes stratagèmes peu scrupuleux que nos adversaires et concurrents si nécessaire.
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    * : je suis pour le nucléaire militaire (la dissuasion est un élément important de souveraineté que la France peut apporter à l’Europe) et contre le nucléaire civil.

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