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Mariez-vous ou mourez : au moins 813 allemandes mineures mariées de force

Le journal allemand Focus.de consacre une enquête au nombre grandissant de mariages – illégaux – entre des mineures allemandes et des majeurs, souvent étrangers. Issues de familles qui suivent l’islam fondamental, ces mineures disparaissent du jour au lendemain des écoles et sont mariées, souvent à l’étranger et seulement devant les autorités religieuses, avant de revenir en Allemagne dans la famille de leurs maris.

Les autorités ont décompté au moins 813 mineures mariées illégalement, mais seuls une dizaine de ces mariages illégaux ont pu être dissous et les mineures mariées de force libérées de l’emprise de leur famille et de leur mari.

« Aylin (nom changé) était une bonne élève, elle avait des amis, de nombreux passe-temps. Mais du jour au lendemain, la jeune fille de 16 ans a tout simplement disparu, n’est plus venue à l’école et n’a plus répondu à son portable. Son professeur avait de terribles soupçons : des rumeurs circulaient déjà à l’école selon lesquelles les parents strictement religieux d’Aylin voulaient que sa fille soit mariée de force […] Quelques jours après [sa] disparition l’enseignante a découvert sur Facebook des photos de la jeune fille de 16 ans avec une robe de mariée, un voile et un homme [auquel] elle n’a parlé qu’une fois au téléphone », explique ainsi le journal.

La loi interdisant le mariage des femmes de moins de 18 ans n’est pas appliquée

En fait, une loi  existe depuis 2017 qui interdit le mariage des femmes de moins de 18 ans, mais elle n’est pas appliquée en réalité. L’association Terre des Femmes a réalisé un audit en Allemagne. Selon la Berlinoise Monika Michell, l’étude réalisée en 2019 avait constaté que 813 mariages avec des adolescentes mineures avaient été conclus en Allemagne depuis la loi de 2017, seuls 10 ont pu être dissous.

Le ministère fédéral de la Justice confirme dans l’article que seules 104 procédures de dissolution des mariages pour cause de minorité de l’un des mariés ont été déposées, et elles n’ont abouti que dans 10% des cas pour 11 mariages seulement. Dans certains cas, les autorités ne s’aperçoivent du mariage qu’à la naissance du premier enfant du couple, lorsque la mère donne sa date de naissance à l’’état-civil.

Un échec patent qui vient du fait que nombre de ces mariages sont communautaires et ne sont pas du tout déclarés aux autorités civiles, explique Monika Michell : « Tout cela se déroule en grande partie sous le radar des autorités des communautés concernées. Il suffit de prononcer les vœux de mariage devant un grand nombre de témoins et d’être amené dans la maison de l’homme. Il n’y a pas besoin d’un acte officiel ».

Sans périphrases, Monika Michell en vient au cœur du problème : « 93% des personnes touchées sont des filles, 98% sont issues de l’immigration », rapporte Michell. Ils seraient soit forcés, soit subtilement contraints à un mariage arrangé sous la menace de violence physique ou même de meurtre ». Les filles concernées viennent de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, de Turquie ou encore de Bulgarie.

Il s’avère aussi, écrit Fokus.de, que même les migrants intégrés en apparence à la société allemande – ils ont un logement, un travail stable, des enfants scolarisés – recourent au mariage arrangé pour leurs enfants mineurs et s’affranchissent des cadres légaux au profit des structures fondamentalistes islamiques et communautaires.

« Après le mariage, la femme appartient au mari et doit remplir le rôle de future mère et femme au foyer. C’est pourquoi les personnes concernées ne vont souvent plus à l’école et rompent leurs contacts sociaux », explique encore Monika Michell.

Par ailleurs les adolescentes concernées voient l’intrusion des autorités pour dissoudre les mariages illégaux d’un mauvais oeil – une femme qui se libère des liens d’un mariage communautaire ou religieux arrangé est considérée comme « déshonorée ». Si bien qu’interrogées par les autorités, la quasi-totalité des femmes confirment leur mariage une fois âgées de 18 ans. « Les quelques affaires qui sont effectivement portées devant les tribunaux n’entraînent pas l’annulation des mariages.[…] Les autorités sont alors impuissantes ».

Pour tenter d’enrayer le problème, l’association Terre des Femmes mise sur la formation des autorités locales aux enjeux de la loi de 2017 contre le mariage des mineures, des ateliers de formation au sein des communautés étrangères et dans les écoles, auprès des enfants.

Louis-Benoît Greffe

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