Arte proposait cette semaine le film de Philippe de Broca intitulé Chouans. Un film qui, lors de sa sortie en 1988, a suscité des vagues notamment en Bretagne chez plusieurs écrivains Bretons qui s’étaient alors fendus d’une lettre ouverte à Philippe de Broca le réalisateur et à Ariel Zeitoun le producteur.
« Entretenant de larges confusions avec la Guerre de Vendée au sud de la Loire, présentant les prêtres d’une manière caricaturale et blessante, et certains chefs aristocrates comme des voyous, ce film est tout à fait contestable sur le plan historique. » indiquait la lettre, retrouvée par le Souvenir Chouan de Bretagne, et dont nous vous proposons des extraits ci-dessous :
« Vous avez osé, Messieurs, intituler votre dernier film « Chouans ». Nous comprenons qu’à la veille du bicentenaire un sujet sur la Révolution était de nature à faciliter la réalisation d’un film. Nous comprenons, encore mieux, qu’il vous fallait ménager les gardiens du temple. Encore fallait-il ne pas porter atteinte à la mémoire des Chouans qui n’ont rien à voir avec votre œuvre. Vous présentez les Chouans comme des êtres superstitieux, clouant les chouettes sur leurs portes avant d’en faire de même avec les Bleus, ignares, ne sachant pas lire, mi-bêtes, pillant, volant, torturant, tuant leurs frères.
Le prêtre réfractaire est un fanatique hystérique assoiffé de sang, le prêtre jureur un obèse obsédé de nourriture ; les nobles qui les mènent : un vieillard gâteux, sa femme nymphomane, un réactionnaire sadique, un jeune coq uniquement motivé par une histoire de fesses. Quant à la religion ce n’est bien sûr qu’un leurre.
On pouvait croire que ces images grossières de la Chouannerie appartenaient à une époque révolue. Elles sont à la hauteur de votre ignorance historique. Car votre film est bourré d’erreurs et d’invraisemblances.
Votre film est une contre-vérité historique et une insulte à la mémoire des Chouans Bretons, paysans, ouvriers, artisans pacifiques qui ne prirent les armes que contraints et forcés après trois années de vexations, humiliations, interdictions, pour défendre leurs libertés dont celle universelle et fondamentale de conscience.
Vous les méprisez en leur refusant la capacité d’une libre et profonde adhésion à la religion, représentée par un clergé de campagne infiniment digne et compétent.
C’est pourquoi nous, historiens et écrivains bretons, protestons solennellement contre une œuvre qui, une fois de plus, présente une image caricaturale, fausse, abusive et travestie de la Bretagne et en particulier des Chouans Bretons, combattants des libertés ».
Nous remercions le Souvenir Chouan de Bretagne et son Président Noël Stassinet auteur de cet article, paru sur le site de l’association que nous invitons nos lecteurs à consulter.
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Une réponse à “Film Chouans : « Une image caricaturale, fausse, abusive et travestie de la Bretagne »”
En toute modestie, je vous préciserai que je fus à l’origine de cette protestation et auteur de la lettre ouverte, reprise par , entre autres, Le Figaro magazine et Ouest-France, et refusée par M.Coudrier du Télégramme,