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Jean-Frédéric Poisson : « La Bretagne n’est pas à l’abri du processus d’islamisation en cours » [Interview]

Dans l’attente de le recevoir à St Malo , l’ASER vient de nous adresser un entretien exclusif que Jean-Frédéric Poisson a bien voulu lui accorder.

La Bretagne, “terre catholique”, vote dorénavant à gauche depuis 20 ans. Pensez-vous que cela soit dû à un manque de leader souverainiste breton,ou à un programme politique défaillant de la part de nos candidats?

Jean-Frédéric Poisson : Nous savons que la Bretagne a une identité forte liée à son histoire, avant puis après son rattachement à la France il y a environ 500 ans. Comme d’autres régions de notre pays, elle a été marquée par des liens forts avec ses voisins, ici l’Irlande ou l’Angleterre, dont sont venus les moines évangélisateurs si je ne me trompe, et avec qui elle partage l’amour et le besoin de la mer, ses inspirations celtiques, l’attachement à la terre, l’audace, la ténacité… La Bretagne est-elle une entité homogène? Certains aimeraient le croire, ou le faire croire.

Pourtant,n’y aurait-il pas une continuité entre les guerres de succession et d’influence d’hier et celles plus feutrées d’aujourd’hui entre métropoles et territoires?

Le Duché de Bretagne n’est plus, mais l’ancrage territorial d’une population reste indispensable pour faire prospérer une région. Comment faire?Pour moi, une réforme institutionnelle est nécessaire, et je la décris dans mon dernier livre. Nous ne pourrons rien réformer sans organiser une nouvelle stabilité politique et réglementaire.La pensée chrétienne a longtemps inspiré des personnalités plutôt à droite, attachées à la transmission de réalités concrètes telles que la famille, l’entraide, la terre, la liberté, la propriété. Depuis quelques décennies, on observe que l’individualisme conjugué à un détachement des racines, a réduit cette pensée à un idéal de solidarité et de partage des richesses que les électeurs ont cru trouver plutôt à gauche de l’échiquier politique. Aujourd’hui, faudrait-il un leader souverainiste breton? Je dirais plutôt que la Bretagne aurait besoin, comme la France d’ailleurs, d’un représentant de son peuple, de sa population, et non pas d’un «apparatchik», ces hommes ou femmes issus du système de production actuel des responsables politiques.

Nos concitoyens ne veulent plus d’un programme politique en 50 ou 100 points qui sera imprimé un jour et oublié le lendemain; ils ont besoin de confiance pour mettre en œuvre leurs propres responsabilités, besoin de sécurité, et de stabilité. Et ils ont besoin d’une direction: une cohésion sociale à retrouver, une communauté nationale qui n’existe plus que lors des Coupes du Monde de foot!

Plus que n’importe quelle région, la Bretagne est dépendante du tourisme.C’est toute une filière d’emploi qui va s’écrouler si leur confinement continue. Vous avez pris position pour les restaurateurs et hôteliers, pensez vous que la date de leur réouverture doit être avancée ?

Jean-Frédéric Poisson : Bien sûr que des filières entières ont été sacrifiées sans discernement, je l’ai souligné plusieurs fois, et j’ai insisté sur celles qui auraient dû être renforcées et ne l’ont pas été, comme l’hôpital, l’industrie,ou encore l’assistance psychologique par exemple. Le Gouvernement devra rendre des comptes sur sa gestion de la crise et sur le fait d’avoir confié à des technocrates des décisions qu’ils étaient incapables de concevoir. Oui, la discrimination opérée pour les restaurateurs et hôteliers, mais aussi les événements culturels, les parcs d’attraction… doit cesser. On voit bien qui est privilégié dans cette affaire: les gros et les riches, autrement dit les grandes surfaces, les sociétés très expertes dans la vente par correspondance, ou très expertes dans le développement informatique et la commercialisation des données numériques, sans oublier évidemment la recherche et la production pharmaceutique…Il est urgent de redonner aux responsables locaux l’initiative d’adapter leurs recommandations sanitaires à leur contexte local.

Les agriculteurs bretons sont constamment mis au banc des accusés concernant les engrais et les pesticides (algues vertes). Le gouvernement se défausse et ne donne aucune autre solution. Que préconisez-vous ?

Jean-Frédéric Poisson : Je suis très sensible à la cause du monde agricole, ayant été élu d’une circonscription en grande partie rurale, interpelant plusieurs fois le Ministre de l’Agriculture, notamment en 2015.Nous avons perdu le sens du respect de la nature. On ne peut plus ignorer notre environnement.Dans mon livre paru en octobre dernier, «La Voie du peuple» (éditions du Rocher), je dis combien il nous faut compter avec cette richesse sous-utilisée qu’est l’agriculture, je pense bien entendu ici aux promesses de l’agriculture «bio» et aux permacultures, qui conviennent parfaitement aux excellentes terres dont nous disposons, et qui peuvent nourrir les hommes plus sainement que l’agrochimie qui abîme tant de corps à travers la planète. Je me suis insurgé aussi contre le traité dit TAFTA, ce projet de libre-échange visant à «harmoniser» les normes américaines et européennes dans de nombreux domaines. J’ai aussi tenu à être représenté à Ste Anne d’Auray à la journée dédiée aux agriculteurs suicidés dans l’année: l’ignorance indigne, le mépris parfois, l’inconscience des réalités que leur font subir des décisions prises au niveau national ou international, affectent une grande part de cette catégorie de Français et cela n’est pas acceptable. La profession meurt à petits feux, alors que notre pays est si riche enterres fertiles, et doit nourrir 67 millions de personnes, de préférence avec ce qui est cultivé et produit dans notre pays!

Que pensez vous de l’énergie éolienne ? En baie de St Brieuc,un grand parc hydro-éolien doit voir le jour au grand dam de nos pêcheurs. Qu’en pensez-vous ? Doit-on favoriser la pêche au détriment d’une source d’énergie soi-disant écologique ?

Jean-Frédéric Poisson : Contrairement à ce que répètent les professeurs du renoncement national, la France dispose d’un grand nombre d’atouts inexplorés, qui supposeraient non pas d’énormes investissements, mais des institutions assez solides et un gouvernement assez souverain pour leur consacrer des politiques rationnelles et continues. Le gisement le plus cruellement méconnu, d’abord, c’est la mer et l’outre-mer, qui confèrent à la France le deuxième domaine maritime du monde.Sur votre question relative à l’énergie éolienne, il s’agit de respecter les équilibres biologiques et de contenir notre consommation des ressources naturelles. Je souhaite que nous puissions produire l’énergie juste nécessaire à nos besoins sans abîmer la planète que nous empruntons à nos enfants. Que reste-t-il des moulins à vent ou à eau de nos ancêtres? Rien qui abîme aujourd’hui.

L’énergie du vent, de la lumière, du soleil, sont des ressources à notre disposition. Mais comment les produisons-nous? Est-ce avec des matériaux que nous faisons venir de contrées très lointaines, en faisant travailler des populations sous-payées et qui doivent exposer leur santé? Est-ce en détruisant des équilibres naturels bénéfiques aux populations locales? Je ne connais pas le contexte en baie de St Brieuc, mais en voyant les dimensions envisagées, je me demande si certains ne sont pas en proie à une «folie des grandeurs». La dépendance énergétique de la Bretagne doit certes être résolue, mais elle ne doit pas être remplacée par l’abandon de filières naturelles d’activité. Et n’oublions pas qu’à l’échelle nationale, une rationalisation de nos gourmandises en énergie est indispensable.

La Bretagne semble pour l’instant relativement protégée de l’islamisme radical, mais le danger se rapproche. Comment protéger les régions qui ont encore cette marge de manœuvre ? Doit-on interdire l’implantation de centres d’accueil ?

Jean-Frédéric Poisson : Dans mon livre «L’islam à la conquête de l’Occident» paru en 2018, j’ai dévoilé la stratégie établie il y a plus de vingt ans par les États musulmans. La Bretagne n’est pas à l’abri du processus en cours.Contrairement à ce qu’on nous dit, il n’existe pas «un islamisme radical»ou «un islam politique», mais c’est la nature même de l’islam qui conduit obligatoirement ses promoteurs à appliquer ses règles(charia) à l’ensemble d’une société. Si les responsables de notre pays, et de nos régions, continuent de fermer les yeux sur la réalité des écoles coraniques, des discours des imams, et des «lois» parallèles déjà appliquées dans des portions de notre territoire, alors,nos enfants n’auront plus la liberté que nous avons reçue à la naissance. Qu’on se rappelle les propos de l’imam de Brest, et les répercussions de ses prêches sur les réseaux sociaux…Lors de la primaire de la droite en 2016, j’ai publié un petit fascicule dans lequel je prônais de fonder notre cohésion sociale sur notre histoire et notre langue, de supprimer le regroupement familial systématique, de dire la vérité sur la laïcité…

6/ Vous avez prôné l’Union des droites à laquelle nous adhérons totalement. L’avenir semble compromis car les droites souverainistes ne peuvent s’entendre. Même si les élections présidentielles sont la rencontre des français avec un homme ou une femme, croyez vous que les souverainistes puissent vaincre sans alliance ?

Jean-Frédéric Poisson : L’alliance n’est pas un préalable, elle est la conséquence d’un projet élaboré ensemble et partagé. C’est tout mon effort depuis quelques années en effet, de dialoguer avec des personnalités issues de divers camps politiques et de chercher ce qui nous unit au-delà de ce qui nous divise. Et croyez-moi, on dialogue. La difficulté est plutôt l’emprise des appareils (les partis politiques) sur les élus, qui n’ont souvent plus assez de liberté pour exprimer leurs nuances. J’ai tenté en2019d’associer largement pour l’élection européenne des personnalités de droite et/ou souverainistes au travers de l’expérience des Amoureux de la France, tentative qui s’est arrêtée avant son terme. Ce rodage de la dynamique de dialogue pourrait porter son fruit en 2022face aux tentatives d’hypnose d’Emmanuel Macron.

7/ Avez vous des souvenirs avec la Bretagne ?

Jean-Frédéric Poisson : J’ai beaucoup de joie à fréquenter la Bretagne où j’ai des amis, mais aussi des militants actifs de notre parti Via-La voie du peuple. J’aime ses paysages variés, et j’aime entendre battre son cœur. J’ai été invité à prononcer des conférences très suivies sur des thèmes d’actualité à Vannes, Brest, St Brieuc, Rennes, Noyal-sur-Vilaine, Plouegat Moysan…, et je suis aussi venu soutenir nos candidats à la dernière élection législative.

J’ai visité avec intérêt les installations portuaires de Brest, le Cèdre (centre expert de pollution accidentelle des eaux) ou la compagnie maritime bretonne Brittany Ferries, une pêcherie, des exploitations agricoles, entreprises agro-alimentaires ou artisanales, ESAT, et même un Centre pénitentiaire près de Rennes.

Je suis à nouveau invité et j’espère vivement que les conditions seront bientôt réunies pour rencontrer les électeurs bretons.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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