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Marie-Pierre Vedrenne (MoDem) : « Loïg Chesnais-Girard n’a pas été élu en tant que président du conseil régional de Bretagne » [Interview]

Réunis à Dinan le samedi 30 janvier, les centristes bretons du Modem et de l’UDI ont désigné Marie-Pierre Védrenne comme cheffe de file pour préparer les élections régionales en Bretagne.

Marie-Pierre Vedrenne est députée européenne, membre de la délégation Renaissance et du groupe Renew au Parlement européen.

Vice-présidente de la commission du Commerce international, elle siège par ailleurs au sein de la commission Emploi et affaires sociales et suppléante en commission Pétitions.

Elle est également coordinatrice du Mouvement Démocrate Bretagne.

« Je m’engage particulièrement dans ces différentes commissions d’une part pour agir pour la construction d’une mondialisation régulée, juste et durable et d’autre part pour lutter contre la concurrence déloyale sur le plan fiscal, social ou environnemental » nous explique-t-elle à l’occasion d’une interview qu’elle nous a accordée suite à sa nomination.

« Avant d’être élue au Parlement, j’étais directrice de la Maison de l’Europe de Rennes et Haute-Bretagne. Originaire du Limousin, je me suis installée en Bretagne pour finir mes études. J’ai fait le choix de m’établir dans cette région. Après l’obtention de mon master en droit européen et de l’OMC, j’ai pu dans le cadre privé, parapublic ou associatif développer mon expertise sur l’impact des politiques publiques européennes au fil de mes différentes expériences professionnelles. Par ailleurs, j’ai eu l’opportunité d’être chargée d’enseignement dans différentes écoles de commerce ou à l’IGR Rennes sur les grands enjeux européens » poursuit Marie-Pierre Vedrenne pour achever sa présentation.

Breizh-info.com : Vous venez d’être désignée chef de file pour le MoDem concernant les élections régionales en Bretagne. Qu’est-ce que cela signifie ? N’envisagez vous pas une liste 100% centriste lors de ces élections ?

Marie-Pierre Vedrenne : J’ai d’abord été désignée coordinatrice du MoDem en Bretagne en septembre 2020, et donc permettre au Modem d’être plus visible et lisible dans notre région. Faire en sorte que nos propositions soient prises en compte dans les orientations politiques afin de répondre aux attentes des Bretonnes et des Bretons. A Dinan, le 30 janvier dernier, la famille centriste bretonne s’est réunie. Adhérents UDI, MoDem, non encartés centristes, ils m’ont fait l’honneur de me désigner cheffe de file des centristes. Il s’agit désormais de travailler sur les enjeux auxquels nous sommes confrontés suite au choc du COVID-19. Nous devons construire une relance qui soit juste socialement et responsable écologiquement.

Cette réunion constitue un acte fondateur fort pour la famille centriste bretonne qui a parfois été désunie lors de différents rendez-vous électoraux. Nous nous sommes retrouvés autour de nos valeurs : des valeurs humanistes, européens, démocrates, décentralisatrices. Mon rôle, au côté du président du groupe des centristes à la Région Bernard Marboeuf, est donc de dessiner plus particulièrement un projet breton et de créer les conditions d’un rassemblement.

Breizh-info.com : Quel bilan tirez vous de la mandature placée sous l’égide de Loig Chesnais Girard ?

Marie-Pierre Vedrenne : Il faut tout d’abord rappeler que Loïg Chesnais Girard n’a pas été élu en tant que président du conseil régional de Bretagne, c’est bien le nom de Jean-Yves Le Drian qui a été porté par les Bretons. Je peux me retrouver dans certaines actions par exemple la volonté de régionaliser l’ensemble des piliers de la Politique agricole commune toutefois des points de divergence existent spécifiquement sur la place des métropoles dans notre région.

Ainsi, sur la défense des intérêts bretons hors de notre région, je peux agir de concert avec le président, mais c’est dans la définition des politiques publiques régionales que j’attends plus du futur président que désigneront les Bretons.

Les dernières orientations du président Chesnais-Girard laissent à penser qu’il prend un autre chemin et s’enferme. Nous devons répondre aux enjeux de transition à la fois écologique et à la fois numérique, garantir une transition qui ne laisse personne de côté. Nous nous devons d’être responsables dans nos choix et dans nos actions et ne pas opposer la richesse de nos territoires. Nous devons valoriser les initiatives des acteurs bretons et les accompagner.

Le temps du bilan viendra au moment de la future campagne électorale.

Breizh-info.com : Durant toute cette mandature, l’opposition, RN excepté, a semblé très silencieuse au conseil régional (et la gestion politique de la région très opaque, notamment en matière de subventions). Quid ?

Marie-Pierre Vedrenne : Je ne m’inscris pas dans une logique d’opposition stérile. Je crois que les Bretons attendent autre chose que des discours d’opposition qui n’apportent pas de réponse à leur enjeux du quotidien. Crier en session n’apporte rien. Les élus qui ne siègent pas dans la majorité doivent avoir un rôle de vigie et travailler pour la défense des intérêts des Bretons. Vous évoquez la transparence, elle est effectivement essentielle et capitale pour créer les conditions de la confiance.

Breizh-info.com : Quels sont les grands sujets que vous entendez mettre sur la table pour la Bretagne à l’occasion de ces élections régionales ? Ne craignez vous pas que le contexte sanitaire et les mesures qui en ont découlé ne viennent fausser l’élection ?

Marie-Pierre Vedrenne : Vous avez raison de souligner que ce qui nous occupe aujourd’hui et demain est la réponse à apporter au choc du COVID. Cette crise sanitaire revêt des conséquences économiques et sociales. Et elle n’est malheureusement pas derrière nous, et les citoyens comme les responsables politiques demeurent pleinement mobilisés face à ce contexte singulier.

La priorité reste donc de protéger la santé de nos concitoyens et de continuer à agir pour le “quoi qu’il en coûte”. Nous devons continuer de soutenir notre tissu économique. Et je rappelle qu’au niveau du Parlement européen nous avons travaillé d’arrache-pied pour bâtir le plan de relance qui se déploiera dans les 27 États membres et au sein de notre région Bretagne.

Ce choc ne doit pas nous faire oublier les enjeux qui demeurent cruciaux. Ainsi, nous avons identifiés quelques sujets qui nous paraissent prioritaires notamment la cohésion territoriale et sociale, la relance, la formation ou la recherche ou encore la démocratie sociale. C’est un nouveau modèle breton que nous devons dessiner avec et pour les Bretons, comme je l’ai souligné dans logique non pas d’opposition de nos territoires ou de nos secteurs d’activité mais il nous faut nous appuyer sur la richesse et diversité de ces territoires et des acteurs qui les composent.

Breizh-info.com : Vous êtes député européen, ce qui nous amène à évoquer la question du Brexit avec vous, et plus particulièrement de ses conséquences en Irlande, pays cousin de la Bretagne. Il semblerait que des tensions soient en train de renaître en Irlande du Nord, en raison des frontières établies en Mer d’Irlande. L’accord négocié entre UE et Royaume-Uni ne contient-il pas les ingrédients pour relancer un conflit sanglant sur l’île ?

Marie-Pierre Vedrenne : Rappelons que l’accord sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne découle du respect de la décision du peuple britannique. Mon rôle en tant que député européenne reste et demeure de préserver les intérêts européens, français et bretons dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord. Tout au long de ces années de négociation, veiller à ce que les divisions du passé en Irlande ne reviennent pas sur le devant de la scène a animé les institutions et le chef négociateur Michel Barnier.

Comme pour tout d’accord commercial, l’enjeu réside dans la mise en œuvre. Le Parlement européen devra avoir un rôle clé et en tant que vice-présidente de la commission commerce international, j’y veillerai dans le cadre des tensions que vous évoquez et également sur la défense des intérêts de nos pêcheurs.

Breizh-info.com : Sur la question des migrants, quelle doit être la politique de l’Union européenne, alors que sur le continent, nombreuses sont les voix qui réclament une politique d’immigration plus ferme ? Que pensez vous du rôle des ONG, parfois financées par les collectivités, qui prennent des migrants en mer côté sud de la Méditerranée, pour les ramener en Europe, et qui sont accusées par des officiers de marine notamment, de faire le jeu des trafiquants d’esclaves ?

Marie-Pierre Vedrenne : A l’heure actuelle, au sein des institutions européennes, des négociations se déroulent sur la réforme de Dublin III, à savoir le droit d’asile. Il s’agit de trouver un juste équilibre, il est nécessaire d’avoir un nouveau pacte pour les migrations et l’asile. Le règlement actuel ne permet pas la distribution équitable des responsabilités. En effet, tous les États membres ne font pas face à la même situation, le critère du premier pays d’entrée n’est plus adapté. Il est de notre responsabilité et de notre devoir de mener une politique basée sur la solidarité européenne. Par ailleurs, il nous faut travailler sur les causes migratoires.

Nous devons accorder notre protection à ceux qui doivent pouvoir bénéficier de cette protection qui fuient des zones de guerre notamment. Les ONG ont un rôle important qui permet dans bien des cas de sauver l’honneur européen. Et comme je viens de le souligner il nous faut agir travailler sur les causes et non sur les conséquences.

Breizh-info.com : Enfin, il semblerait que jamais les fractures au sein de notre pays, n’aient été aussi grandes sur des questions sociétales notamment, pour lesquels les opinions semblent parfois irréconciliables. Le pays est-il une poudrière ? Que proposez vous au Modem ?

Marie-Pierre Vedrenne : Notre pays traverse une crise profonde, bien sur le choc du COVID est facteur d’incertitudes. Comme vous le soulignez il existe différentes fractures, des oppositions qui sont alimentées par certains qui cherchent à seulement jeter l’opprobre sur le président de la République. La crise des Gilets jaunes a illustré des divisions profondes. Le MoDem était ainsi favorable à l’instauration du grand débat afin de retisser le dialogue et créer les conditions de la confiance.

Nous devons retrouver la capacité de faire un, de se retrouver derrière les valeurs de la République : la volonté et la capacité de bâtir ensemble. Il n’est plus seulement question du vivre ensemble mais bien du bâtir ensemble.

Vous devez certainement le lire par ailleurs le MoDem est très investi sur le sujet de la proportionnelle afin justement que la démocratie représentative puisse être pleinement représentée la société française. Nous venons au sein de notre parti de proposer plusieurs mesures pour lutter contre l’abstention ainsi le vote par correspondance est pour nous important.

Au-delà de ce type de propositions et je l’ai esquissé dans les réponses précédentes, pour réconcilier il faudra démontrer que nous sommes en capacité d’une part d’écouter et d’autre part de répondre avec efficacité aux attentes et besoins des citoyens.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : https://multimedia.europarl.europa.e
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3 réponses à “Marie-Pierre Vedrenne (MoDem) : « Loïg Chesnais-Girard n’a pas été élu en tant que président du conseil régional de Bretagne » [Interview]”

  1. Goasdoué dit :

    la détestation des centristes européens qui assurent notre perte

  2. Pschitt dit :

    Pour l’immigration, “une politique basée sur la solidarité européenne”, dit Mme Vedrenne. La langue de bois centriste dévoie le vocabulaire. La “solidarité” est un sentiment positif. Mais le mot désigne aussi, au sens juridique, une obligation partagée entre débiteurs : le malheur de l’un entraîne celui des autres. Ici, par “solidarité”, il faut entendre obliger les Etats qui n’en veulent pas à recevoir sur leur territoire les migrants que l’Union européenne désire accueillir à guichets ouverts. (Quid de l’avis des migrants eux-mêmes, qui probablement ne désirent pas non plus s’installer dans ces Etats ? Mais c’est une autre histoire…). L’Europe se comporte en père Fouettard. Qu’elle s’étonne, après cela, que les peuples ne l’aiment pas…

  3. Le peuple breton n’a pas besoin de ces politiciens parachutés…

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