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« J’ai fait l’amour avec le diable ». Pourquoi des Catholiques se sont opposés au concert d’Anna Von Hausswolff à Nantes

Ce 7 décembre à partir de 20 heures, près de 200 fidèles ont bloqué les accès de l’église Notre-Dame de Bon Port en chantant des prières pour empêcher que n’y soit tenu le concert de l’organiste suédoise Anna von Hausswolff, aux nombreuses créations, clips et pochettes ancrées dans le style gothique, voire sataniste.

La veille, les fidèles de Saint-Clément s’étant mobilisés – le concert était prévu dans leur église – le diocèse leur a fait dire, par la voix de leur curé Hubert Vallet, qu’il était annulé, alors que le vicaire général et recteur de la paroisse de Nantes-centre avait accepté qu’il soit reporté à Notre-Dame de Bon Port, église emblématique de la capitale bretonne. Un communiqué assez hautain du diocèse, tombé le 7 décembre dans l’après-midi, expliquait le maintien du concert en niant tout problème. Cela n’a visiblement pas suffi.

« J’ai fait l’amour avec le diable » chante ainsi Anna von Hausswolff dans une chanson Pills aux paroles évocatrices qui évoquent notamment l’addiction à la drogue.

Le face à face, parfois tendu entre les fidèles catholiques – essentiellement des jeunes, issues de diverses paroisses du diocèse et des communautés traditionnelles, n’a pas dégénéré malgré la présence de quelques provocateurs, décrits par Riposte Catholique qui était hier sur le terrain : « Le concert a finalement été annulé malgré des tentatives de provocation de la part de militants de l’ultra gauche qui ont tenté de forcer le passage en criant « à mort les curés ».

Ce qui fait dire à un manifestant présent, sur le Forum Catholique : « L’évêque quant à lui aura eu le douteux honneur d’autoriser dans deux églises successives un concert d’une dame dont un des titres déclare qu’elle est l’amante de Satan et dont le public a essayé de forcer le passage et de faire irruption dans l’église en criant « à mort les curés ». »

Un autre manifestant présent explique : « Très priant, pas de débordement sauf quand quelques enragés ont voulu forcer le passage. Certaines personnes qui assistaient au concert ont demandé des explications. Certains étaient compréhensifs, les anarchistes quant à eux étaient dégoûtés de ne pas pouvoir profaner… »

Du côté des partisans du concert, dont la mairie de Nantes, florilège :

« Une poignée de radicaux intolérants provoque l’annulation d’un concert à Notre-Dame du Bon-Port programmé en accord avec l’évêché », a tweeté Bassem Asseh, premier adjoint à la mairie de Nantes. « Rien n’autorisait l’expression d’une telle censure. Ce n’est pas notre conception d’un projet de société fondé sur le dialogue et l’ouverture culturelle », a-t-il ajouté.

En réalité, rien de radical mais une opposition pacifiste et plutôt bon enfant (des prières et des chants, et une barrière humaine), dans un type d’action que ne renieraient pas de nombreuses organisations de gauche ou d’extrême gauche spécialistes elles aussi de ce type de blocage ou de contestations, sur d’autres sujets.

« Pourquoi Mme Hausswolff ne tente-t-elle pas sa chance dans une mosquée salafiste ? Elle y serait sans nul doute fort bien reçue » a twitté Clément Weill-Reynal, s’interrogeant lui aussi sur les motivations à faire jouer ce type d’artiste dans une église catholique.

Les amateurs de musique satanique saluent régulièrement les créations d’Anna von Hausswolff, par exemple ici : « Ugly and Vengeful », ainsi dénommé, est une synthèse de l’album lui-même en forme de messe païenne, qui célèbre le mariage de la spiritualité et des instincts primaires, et où passent tour à tour le spectre de Lisa Gerrard et celui de Michael Gira. On part d’un dark ambient contemplatif, pour ne pas dire liturgique, pour basculer progressivement dans un sabbat horrifique où la sauvagerie le dispute avec la folie ».

On peut encore lire : « Nous aurions dû fuir cette jeune fille exposée sur un fond rouge sang qui semble possédée, mais l’humain étant ce qu’il est, nous avons évidemment gouté ces arpèges tourmentés et avons inexorablement sombré dans la démence […] une fois que nous serons habitués aux ténèbres nous ne pourrons alors que vénérer les harmonies sataniques de la grande prêtresse Anna von Hausswolff »

Ces éléments ne sont évidemment pas rappelés par la presse mainstream, très prompte à brocarder les « extrémistes catholiques » et les « intégristes » qui sont allés contre la décision de l’évêque Mgr Percerou, alors que ce type de concert n’a pas sa place dans une église, quelle qu’elle soit.

D’ailleurs le document romain de 1987 qui encadre l’expression artistique dans les églises est très clair : « Il n’est pas légitime de programmer dans une église l’exécution d’une musique qui n’est pas d’inspiration religieuse et qui a été composée pour être exécutée dans des contextes profanes précis, qu’elle soit classique ou contemporaine, d’un haut niveau ou populaire : cela ne respecterait ni le caractère sacré de l’église ni l’œuvre musicale elle-même, qui serait exécutée dans un contexte qui ne lui est pas naturel. ». Il est complété, en France, par un texte du conseil permanent de l’épiscopat français du 13 décembre 1988 qui renvoie à la loi de 1905. Cette dernière indique qu’une église doit conserver sa vocation cultuelle, sous peine d’être désacralisée.

Si Mgr Percerou, l’abbé Hubert Vallet et l’abbé Sébastien de Groulard, vicaire général (depuis 2019 quand même) avaient pris la peine de lire le cadre légal, ils se seraient épargnés toute cette polémique qui a pour principale conséquence locale de fragiliser le lien de confiance qui est censé les lier à leurs fidèles.

Quoi qu’il en soit, la mobilisation a porté ses fruits, et le concert n’a pas eu lieu.

Crédit photo : Flick (cc)https://www.flickr.com/photos/deepskyobject/29002129408
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8 réponses à “« J’ai fait l’amour avec le diable ». Pourquoi des Catholiques se sont opposés au concert d’Anna Von Hausswolff à Nantes”

  1. Pschitt dit :

    Manifester, très bien, bloquer c’est idiot. Les catholiques n’ont pas le monopole du diable. Et s’ils estiment que cette chanteuse songe au même diable qu’eux, ils devraient prier pour le salut de son âme au lieu de l’empêcher de se confesser en public.
    Et sur le plan de l’opportunité, le moment choisi est désastreux. Les antifas et autres nervis auront beau jeu de dire : puisque les cathos le font, on peut bien interdire à qui on veut de s’exprimer.

  2. Elettra dit :

    Vous n’avez pas compris pourquoi ces jeunes catholiques s’opposent à ce concert donné dans une église cultuelle et non pas dans un bâtiment laïc.
    La responsabilité des prêtres et évèques français qui se prêtent à une telle injure à la foi de leurs fidèles est grande.
    Nombre de lieux peuvent accueillir ce genre de concert.
    Pourquoi choisir une église ? La réponse est dans la question.
    Bonne journée

    • Pat dit :

      tout à fait d’accord. Une église n’est pas faite pour des concerts de rock. Elle est faite pour des fidèles et l’exercice de leur culte (pas du culte opposé d’ailleurs).
      Des lieux, il y en a beaucoup. Pourquoi justement une église ?

    • Franck dit :

      Tout simplement parce qu’elle est organiste et que trouver une salle de concert équipé d’un orgue est quasi impossible en France ? Pour rappel, et ceci n’est malheureusement pas rappelé dans cet article (voir presque nié), il y a très régulièrement en France des concerts de musique profane, à l’orgue, dans différentes églises et cathédrales. La musicienne à d’ailleurs déjà joué dans plus d’une quarantaine d’églises (dans différents pays dont l’Italie par exemple) sans que cela ne pose de problèmes particuliers
      Pour rappel, la plupart de nos églises sont gothiques (comme Notre Dame de Paris par exemple) comme quoi on peut faire dire ce qu’on veut à ce mot. Et ce n’est pas parce que les amateurs de musique sataniques apprécient sa musique que celle ci glorifie forcément Satan. Déjà parce que le mouvement satanique est en fait plus une philosophie qu’une religion (https://fr.wikipedia.org/wiki/Satanisme_LaVeyen) et qu’il ne vénère aucune entité divine ou démoniaque. Et surtout parce qu’ils peuvent tout simplement apprécier la tonalité mélancolique et sombre d’une musique considéré comme issue du mouvement gothique sans que celle ci soit forcément satanique. La chanson la plus cité par les détracteurs faisant référence à Satan utilise d’ailleurs ce dernier uniquement pour symboliser la tentation à laquelle elle a succombée sans pour autant glorifier celui ci

    • Pschitt dit :

      Le nombre de lieux qui « peuvent accueillir ce genre de concert » n’est pas grand : il faut un orgue.
      Par ailleurs, si vous vous opposez aux concerts dans les églises nantaises, vous allez avoir du travail. Voici le programme des prochains jours (pour mémoire, Paco Ibanez a toujours affiché des opinions d’extrême-gauche).
      ■ Notre-Dame de Bon-Port
      LES DIMANCHES DE L’AVENT : CONCERTS D’ORGUE
      Dimanche 12 décembre (16h00)
      Violoncelle et orgue
      Gaëlle Coulon et Stéphane Oster (Entrée : 8€ / 4€)
      Dimanche 19 décembre (16h00)
      Trompette et orgue
      Florence Ladmirault et Simon Blanchard (Entrée : 8€ / 4€)
      ■ Basilique Saint-Nicolas
      samedi 11/12 à 20h30 : Choeur Universitaire de Nantes et Ensemble Nyx. Chants de Noël et sur le thème de la joie.
      dimanche 12/12 à 16h : Concert de Noël, Ensemble Verso l’Alto.
      samedi 18/12 à 20h30 : Concert de Noël, Maîtrise de la Cathédrale.
      mercredi 22/12 à 20h30 : Suite en si mineur de J.S Bach par l’ensemble Musicâme France (quintette à cordes + Flûte + Soprane )
      Mercredi 29/12 à 20h30 : Poèmes espagnols mis en musique par Paco Ibanez et chantés par Eddy Maucourt accompagné de sa guitare

  3. patphil dit :

    une salle de concert ou une église ?
    l’archevêché était d’accord, encore une bande de fachos misogynes zémmouriens

  4. Cadoudal dit :

    Bravo aux courageux Catholiques manifestants, et honte à l’évêque et aux curés qui auraient laissé faire une profanation.
    Voilà où en est l’Eglise vaticane actuellement, les fidèles ont plus de Foi que leurs « guides ».
    Vade rétro Satanas !

  5. Marc RICAUD dit :

    Une des conséquences de la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (1905), c’est que ce dernier qui est laïc, ne reconnait pas le caractère « Sacré » des religions, ni de leurs cultes, ni de leurs édifices. Pour l’Etat, seules les « Valeurs de la République » sont sacrées (au-dessus de tout). Par conséquent, il ne connait pas la notion de transgression , de péché ou de blasphème (au sens religieux du terme). A la limite ce n’est pas de son ressort et ce n’est pas son problème !
    Il n’est pas tenu non plus, de respecter plus une Eglise, que le bâtiment de la sécurité sociale ou l’hôtel de ville. Car, si tous les citoyens sont égaux devant la loi, tous les édifices laïcs ou religieux, le sont également….
    D’autre part certains lieux de culte n’appartiennent plus à l’Eglise, mais à l’Etat. Celui-ci peut donc y faire ce qu’il veut (du cultuel ou du culturel).
    L’Etat est tenu seulement de « respecter » ce qui relève des croyances des citoyens (ce qui est déjà, pas si mal, mais est quand même sujet à interprétation).
    Là réside le fond du problème. En effet, ce qui peut choquer les uns, ne choque pas les autres. Ce qui relève de la transgression ou du blasphématoire pour les uns, ne l’est pas forcément pour les autres. L’Etat laïc met le cultuel et le culturel sur le même plan d’égalité et il en joue. Dans le vaste domaine de la Culture, il est bien connu qu’on peut tout se permettre !
    En définitive, l’Etat républicain et laïc est cohérent avec lui-même et avec la loi 1905, c’est nous qui ne le sommes plus, qui avons perdu le sens du sacré (ce qui peut-être toléré et ce qui ne peut pas l’être) et qui l’avons bradé.

    Moralité : Le Sacré et le Profane doivent rester séparés, pas dans le sens d’étranger l’un à l’autre, mais dans le
    sens qu’ils doivent rester distincts en gardant leurs spécificités, sans se diluer l’un dans l’autre, façon
    Ying-Yang, par exemple, sinon à terme, il ne restera que du Profane…..

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