Le n°174 de l’Afrique Réelle est sorti. Ci-dessous l’éditorial et le sommaire.
Sommaire du n°174 – Juin 2024
Actualité
– Le Niger après la rupture avec la France et les Etats-Unis
Dossier Cameroun
– L’ethno-politique au Cameroun
– D’Ahmadou Ahidjo à Paul Biya
Dossier Sahara occidental
– Entretien avec Bernard Lugan
– Existe-t-il un « peuple sahraoui » ? Y eut-il dans le passé un Etat du nom de « Sahara Occidental » ?
Editorial de Bernard Lugan : Pourquoi l’Afrique a rompu avec l’« Occident »
Le 16 mai 2024, lors d’un discours consacré aux relations entre l’Afrique et l’Europe prononcé à Dakar devant les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop en présence de Jean-Luc Mélenchon, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a déclaré que la « promotion des droits des homosexuels alimente le sentiment anti-occidental en Afrique ».
Sur un continent où les deux tiers des pays criminalisent l’homosexualité, les injonctions occidentales en la matière sont en effet ressenties comme des attaques directes à l’ordre naturel africain. Ici, les peines contre les homosexuels vont en effet de l’amende à la condamnation à mort. L’ancien président de Gambie, Yahya Jammeh affirmait pour sa part que son pays « lutterait contre ces vermines gays de la même manière qu’il combat les moustiques responsables du paludisme, sinon plus agressivement ». Quant au défunt président Mugabe du Zimbabwe, ce fut à la tribune de l’ONU qu’en 2015, il déclara que « l’Afrique ne voulait pas de gays sur son sol » car l’homme noir se devait de « perpétuer sa race avec des femmes. »
C’est dans un ferme discours au ton très mesuré qu’Ousmane Sonko a condamné les « velléités extérieures d’imposer l’importation de modes de vie et de pensée contraires à nos valeurs et qui risquent de constituer un nouveau casus belli parce que, dans des pays comme le Sénégal, cela soulève énormément de tensions et d’incompréhensions tant cela met face à face des cultures, des civilisations et des systèmes politiques à la vision diamétralement opposée ».
Refusant ce nouveau diktat qui, à la différence des précédents, n’est ni politique, ni économique, mais « existentiel », Ousmane Sonko a déploré que « la question du genre revienne régulièrement dans les programmes de la majorité des institutions internationales et dans les rapports bilatéraux, jusqu’à se poser comme une conditionnalité pour différents partenariats financiers ».
Enfermés dans leur bulle sociétale, les dirigeants occidentaux ne mesurent pas le niveau d’exaspération, voire d’indignation et d’écœurement provoqué par la guerre morale qu’ils mènent actuellement contre les piliers des cultures africaines.
Ancrés sur leur arrogance, eux qui ne trouvent d’échos que dans le cap ouest de l’Europe et en Amérique du Nord, sont partout ailleurs balayés dans ce que le reste du monde considère comme un réflexe de survie. Cependant qu’en Afrique, sur les volutes de leur prétention morale, Russes, Chinois, Indiens, Indonésiens et Turcs tirent les marrons du feu…
Le message d’Ousmane Sonko est très clair : l’Afrique qui ne cédera pas à l’oukase existentiel du Nord a donc décidé de redevenir africaine. Un écho à ceux qui, de plus en plus nombreux, demandent quant à eux que l’Europe redevienne européenne… Ici et là, référence est donc faite à l’identité, ce qui annonce le triomphe de l’ethno-différentialisme sur les nuées de l’universalisme.
4 réponses à “Pourquoi l’Afrique a rompu avec l’« Occident ». Le n°174 de l’Afrique Réelle est sorti”
ou il est dit que macron n’en loupe pas une !
mon cher BERNARD les temps sont difficiles comment rester fier de sa nationalité avec tous ces bazards si on a pas des souvenirs hélas douloureux chevillés au corps
que le missionnaire soit fidèle a sa mission et que nous nous n’oublions pas NOS RACINES
AMITIES
Au vu de votre article, il apparaît que les différences culturelles entre nos 2 continents influent sur le sociétal et demeurent parfois incompatibles avec toutes ces nouvelles modes occidentales du wokisme teinté de la théorie du genre et LGBTQIA + etc….L’ Afrique n’est pas du tout prête à faire des concessions sur ce terrain et chez nous, seule, une minorité se fait voir et entendre de façon exaspérante.
combien de gays au gouvernement?