En Bretagne, alors que les prélèvements fiscaux, les taxes et les charges sociales ne cessent d’augmenter de manière inversement proportionnelle au pouvoir d’achat des ménages, les services publics de santé continuent de se déliter. La fermeture programmée de lits au centre hospitalier de Guingamp, accompagnée de la réorganisation qui ressemble de plus en plus à un modèle « tout ambulatoire« , illustre une fois de plus cet abandon progressif du service public. Ce choix, dicté par des logiques budgétaires et administratives, sème colère et inquiétude au sein d’une population déjà fragilisée.
Fermeture de lits : un symbole du désengagement
Le 3 décembre, la CGT du centre hospitalier de Guingamp dénonçait la fermeture programmée pour février 2025 du service de chirurgie de semaine, qui compte 18 lits. Une mesure accompagnée de l’augmentation du nombre de lits en chirurgie complète (service des hospitalisations supérieures à six jours) qui passera de 19 lits, ouverts 7 jours sur 7 et 24 heures/24, à 30 lits. Soit une perte de sept lits au final.En parallèle, une unité de post-urgences verra le jour, mais pour le comité de défense de l’hôpital public, ce projet n’est qu’un « écran de fumée » masquant une politique de réduction de l’offre de soins.
Cette fermeture s’ajoute à une série de décisions similaires, notamment la suspension des accouchements à la maternité de Guingamp, justifiée par une prétendue pénurie de personnel. Selon le comité de défense, cette pénurie est « provoquée et entretenue » par un manque d’investissements dans les ressources humaines et l’infrastructure.
Une population abandonnée dans une région en difficulté
Guingamp est la ville la plus pauvre de Bretagne, selon un rapport récent de l’Observatoire des inégalités. Dans ce contexte, la fermeture de lits apparaît comme une trahison envers une population particulièrement vulnérable et peu motorisée, pour qui l’accès aux soins est déjà un défi.
Le choix d’imposer un modèle « tout ambulatoire » est d’autant plus critiqué qu’il impose une charge supplémentaire aux familles, souvent obligées de se déplacer vers d’autres centres hospitaliers pour des soins nécessitant une hospitalisation prolongée. « On tire sur l’ambulance », déplore le comité de défense, qui rappelle que l’accès aux soins est un droit fondamental.
La Bretagne, comme le reste de la France, subit une pression fiscale parmi les plus lourdes d’Europe, avec des prélèvements obligatoires représentant une part importante du revenu des ménages. Pourtant, ces recettes fiscales ne semblent pas se traduire par un renforcement des services publics, notamment dans le domaine de la santé. Au contraire, les fermetures de lits et la diminution des services essentiels se multiplient, provoquant un sentiment d’injustice et d’abandon. Pendant ce temps, des milliards d’euros sont jetés par les fenêtres, chaque année, comme le rappelait encore hier cette sénatrice de l’Orne.
Pour les soignants et les syndicats, cette situation est le résultat d’une gestion technocratique qui ignore les réalités du terrain. La CGT du centre hospitalier dénonce une décision imposée sans concertation, vécue comme une véritable injustice par les équipes médicales, qui voient leurs efforts et leur engagement dévalorisés.
Mobilisation pour un plan d’urgence
Face à cette situation, les acteurs locaux se mobilisent. Le comité de défense de l’hôpital public et le collectif Initiative Urgence Armor Santé appellent à une grande consultation publique et à remplir des cahiers de doléances pour dénoncer l’abandon du service public de santé. Une manifestation est prévue le 1er février 2025 à Guingamp, où ces doléances seront déposées en sous-préfecture.
Cette mobilisation vise à rappeler aux autorités que l’accès aux soins est une priorité, en particulier dans les territoires ruraux et défavorisés. Les revendications portent sur le maintien d’une offre de soins complète, le soutien aux soignants et une véritable prise en compte des besoins des habitants.
L’abandon progressif des services hospitaliers dans des villes comme Guingamp reflète une vision court-termiste de la santé publique, focalisée sur des économies immédiates au détriment des populations locales. À l’heure où la Bretagne, comme d’autres régions, subit une désertification médicale croissante, ce désengagement est perçu comme un non-sens.
Dans un pays où les taxes et les prélèvements restent parmi les plus élevés au monde, la question se pose : où va l’argent public ?
Photo d’illustration : DR
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Une réponse à “L’hôpital de Guingamp et ses usagers abandonnés par les pouvoirs publics : fermeture de lits et déclin du service public de santé”
Oui ok c’est noté : la manif a lieu un samedi premier février 2025 et je pense que j’irai et j’ai répondu au questionnaire pour ma pauvre maman de presque 87 ans qui dépend de cet hôpital et j’en profite pour remercier une nouvelle fois tous les soignants dévoués corps et âmes de cet hôpital.