L’Allemagne franchit un nouveau seuil historique : selon les chiffres officiels publiés cette semaine par l’Office fédéral de la statistique (Destatis), plus de 21,2 millions de personnes résidant en Allemagne sont désormais issues de l’immigration, soit plus d’un quart de la population.
Ce chiffre record reflète une hausse de 4 % par rapport à 2023, soit 873 000 personnes supplémentaires ayant un « arrière-plan migratoire » – une catégorie qui inclut tout individu ayant au moins un parent immigré, ou étant lui-même né à l’étranger.
Une immigration massive et continue
En 2024, 16,1 millions de personnes vivant en Allemagne étaient nées à l’étranger, représentant 19,4 % de la population totale. Autrement dit, près d’un habitant sur cinq est un immigrant de première génération, et plus d’un sur quatre si l’on compte la deuxième génération.
Depuis l’année charnière de 2015, marquée par la crise migratoire européenne, près de 6,5 millions de personnes ont immigré en Allemagne. Les principales vagues migratoires se répartissent ainsi :
- Syrie : environ 700 000 personnes entre 2015 et 2021,
- Ukraine : 843 000 personnes entre 2022 et 2024, en lien avec la guerre.
Un pays jeune… mais étranger
Fait frappant : dans la tranche d’âge 20-39 ans, les personnes ayant un passé migratoire représentent plus d’un tiers des effectifs. Une mutation démographique qui redessine la jeunesse allemande en profondeur, et soulève de nombreuses questions sur l’identité culturelle du pays à moyen et long terme.
Les motifs d’installation restent constants :
- Demande d’asile : 31 %
- Emploi : 23 %
- Regroupement familial : 21 %
Des chiffres qui illustrent non seulement l’ampleur des flux, mais aussi la fragilité du modèle d’intégration, régulièrement mis en cause, notamment en raison de l’échec scolaire, de la délinquance ou de l’hostilité culturelle d’une partie des nouveaux arrivants.
Malgré des discours politiques successifs promettant un contrôle accru des frontières, la tendance ne faiblit pas. Le chancelier conservateur Friedrich Merz, successeur d’Olaf Scholz à la tête du pays, a d’ailleurs récemment tranché toute ambiguïté en affirmant :
« L’Allemagne est un pays d’immigration. Elle l’a toujours été, elle l’est, et elle le restera. »
Une déclaration qui entérine une vision assumée du multiculturalisme, et qui risque de creuser davantage le fossé avec les franges de la population inquiètes de la transformation rapide de leur pays.
Dans ce contexte, l’Allemagne devient, au fil des ans, l’exemple paradigmatique d’une Europe occidentale confrontée à une immigration de peuplement. Les dirigeants de ce pays devront un jour rendre des comptes à leur peuple.
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