Alors que les urgences hospitalières sont régulièrement au cœur des débats sur la crise du système de santé, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié une fiche détaillée de son panorama 2025 des établissements de santé, consacrée à la médecine d’urgence. Elle révèle une légère baisse de l’activité en 2023, mais aussi une pression toujours très forte sur les structures existantes, en particulier les plus grandes.
Moins de passages, mais une fréquentation toujours massive
En 2023, 20,8 millions de passages ont été enregistrés dans les 685 structures d’urgences générales et pédiatriques situées dans 615 établissements de santé en France, soit une baisse de 3,4 % par rapport à 2022 et de 4,9 % par rapport à 2019 (avant-Covid). Cette baisse, particulièrement marquée dans les services pédiatriques (-10,6 %), est en partie liée à des mesures de régulation (fermetures nocturnes, filtrage par appel au 15 ou au SAS) et à une diminution des naissances.
Malgré cette baisse conjoncturelle, l’activité reste élevée : sur le long terme, elle a progressé de 11 % entre 2013 et 2023, tandis que le nombre de structures diminuait de 5 %. Conséquence directe : le nombre moyen de passages par structure continue d’augmenter, atteignant 30 400 en 2023. Un quart des services enregistrent plus de 40 000 passages par an, concentrant à eux seuls 47 % de l’activité totale.
Une médecine d’urgence dominée par le secteur public
Le maillage territorial de la médecine d’urgence repose toujours très majoritairement sur le secteur public. En 2023, 77 % des structures d’urgences en France étaient publiques, contre 18 % privées lucratives et 5 % privées non lucratives. Ce déséquilibre est encore plus marqué pour les SMUR (structures mobiles d’urgence et de réanimation), à 99 % publics, et les 100 Samu français, exclusivement publics.
Les services pédiatriques sont minoritaires (seulement 12 % des structures d’urgences), mais les urgences générales assurent tout de même 19 % de leurs passages pour des patients de moins de 18 ans, via des filières spécifiques de prise en charge.
Samu et SMUR : des acteurs indispensables
En parallèle des urgences hospitalières, les 100 Samu ont traité 20,7 millions de dossiers de régulation en 2023, dont 16,3 millions avec intervention d’un médecin régulateur. Ces chiffres sont quasi stables par rapport à 2022, après une forte hausse post-Covid, signe d’une utilisation mieux intégrée dans le parcours de soins. Les 402 SMUR, quant à eux, assurent le transport et les soins en amont des urgences hospitalières.
Le rapport souligne une tendance préoccupante : alors que le nombre de passages reste élevé, les fermetures ou restrictions d’accès se multiplient. Entre mars et juin 2023, 8 % des points d’accueil des urgences ont dû fermer temporairement, et près d’un quart ont mis en place un filtrage des entrées.
Dans un contexte de pénurie de personnels médicaux et paramédicaux, la médecine d’urgence, essentielle à l’hôpital, voit son organisation évoluer rapidement. La création du Service d’accès aux soins (SAS), le développement des plateformes téléphoniques et des Samu vise à désengorger les urgences. Mais cela suppose un pilotage serré et des moyens humains renforcés.
Les prochaines publications traiteront de la consommation de médicaments onéreux, de la situation économique des cliniques, ou encore des enjeux autour des ressources humaines hospitalières.
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