La gauche et ses génocides préférés

Les chroniqueurs de Libération, dans leur fureur de dénonciation sélective, s’indignent moins de l’odeur du sang que de l’origine des couteaux. L’article que Victor Boiteau consacre à Bruno Retailleau dans l’édition du vendredi 31 mai est un parfait condensé de ce que la gauche sait faire de mieux : haïr le souvenir quand il ne lui appartient pas, et n’accorder le statut de victime qu’à ceux qui flattent ses mythologies.

Retailleau, devenu ministre de l’Intérieur sans renier les fidélités enracinées dans le bocage vendéen, réveille à intervalles réguliers le spectre des colonnes infernales et le souvenir tragique des noyades de Nantes. Pour Libération, voilà qui fait de lui un manipulateur du souvenir, un homme à la mémoire capricieuse. On lui reproche non pas d’inventer, mais de rappeler. Et cette simple fidélité à son héritage régional, ce courage tranquille de nommer un crime d’État pour ce qu’il fut — une entreprise d’extermination à visée politique — suffit à en faire un fauteur de guerres mémorielles.

L’historien Reynald Secher, dont les travaux documentent avec rigueur ce que certains osent nommer génocide, est présenté comme « controversé », ce terme commode que l’on accole aux dissidents pour éviter de discuter leurs arguments. Loin des considérations académiques, on sent poindre derrière chaque ligne de l’article une sourde angoisse : et si la droite retrouvait la parole historique ? Et si elle cessait de n’être qu’un rouage du libéralisme managérial, pour redevenir une puissance d’incarnation ?

L’offense n’est pas dans les faits rapportés. Ils sont connus, parfois admis. Ce qui déplaît, c’est l’usage qu’en fait Retailleau. Il ne se contente pas de gérer. Il raconte. Il raconte une autre histoire de France, dans laquelle les héros ne sont pas toujours ceux de la Bastille. Or, la gauche, qui a fait du monopole du récit un bastion imprenable, ne supporte pas que l’on plante d’autres étendards sur ses hauteurs.

Ce réflexe est ancien. Lorsque la droite traditionnelle s’émancipe du programme gestionnaire imposé par le centrisme ou la technocratie, lorsqu’elle entend gouverner non seulement les chiffres mais les âmes, elle devient pour la gauche un danger existentiel. Ce fut le cas avec Donald Trump, dont la croisade contre le wokisme ne fut pas moins redoutée que ses baisses d’impôts. C’est le cas de Javier Milei, qui dynamite les mythes commémoratifs de la gauche argentine — notamment celui, fragile, des trente mille desaparecidos — avec une verve digne d’un pamphlétaire de la Restauration.

En France, le laboratoire pionnier de cette reconquête culturelle fut le GRECE. Dans les années 1970, Alain de Benoist, Guillaume Faye, et quelques autres avaient compris que le pouvoir véritable n’était pas à l’Élysée mais dans les mots, les images, les écoles et les mémoriaux. Que l’on ait ridiculisé ou diabolisé ce combat ne change rien à sa nécessité. Retailleau, sans en adopter les formules, s’en fait le continuateur discret. Il sait que la mémoire, dans un pays qui n’a plus de religion commune, est la dernière liturgie du politique.

Et pourtant, dans l’immonde silence de Libération, pas une ligne sur les crimes réels et actuels de certains de ses anciens alliés politiques. Pierre-Alain Cottineau, ancien candidat de La France Insoumise, mis en examen pour des faits d’une cruauté indicible sur une enfant de quatre ans, ne semble pas mériter un entrefilet. Le journal, si prompt à flétrir l’ombre d’un regard ou d’un mot déplacé, reste muet devant les actes les plus ignobles — pourvu qu’ils soient commis par ceux qui votent bien.

La gauche aime les génocides comme on aime les romans : pourvu qu’ils soient à son image. Elle pleure Gaza à longueur de colonnes — et il faut bien pleurer les enfants morts — mais détourne les yeux de ceux que l’on brûla vifs à Savenay ou que l’on égorgea à Luçon. Elle a le deuil partial, et la mémoire conditionnelle.

Ce que Retailleau incarne, et que Boiteau redoute, c’est une droite qui n’a plus peur de nommer, plus peur de rappeler, plus peur de croire. Une droite qui cesse d’être honteuse de son passé et qui regarde en face les crimes fondateurs de la République, non pour abolir la République, mais pour l’obliger à reconnaître ses dettes. Une droite qui ne réclame pas l’oubli, mais la justice du souvenir.

Il se pourrait, comme l’aurait dit Moeller van den Bruck, que l’histoire n’appartienne qu’à ceux qui la racontent. Il est temps que d’autres voix, d’autres récits, d’autres mémoires se lèvent. Le silence est aussi une forme de mensonge.

Balbino Katz — chroniqueur des vents et des marées —

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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12 réponses à “La gauche et ses génocides préférés”

  1. Marche à terre dit :

    Labération a tjs un média de journalopes 😉

  2. Prétet Yvette dit :

    Il faut rappeler que le gouvernement de Vichy, qui a activement participé à la Shoah, était composé essentiellement de socialistes (François Mitterrand était membre de ce gouvernement et que Hitler, qui a fondé  »le National SOCIALISME » était un socialiste ainsi que Mussolini..Pendant  »La Guerre d’Algérie » les gauchistes donnaient des armes et des bombes aux terroristes du FLN afin que ceux-ci tuent des  »civils innocents » et des soldats français, les gauchistes étaient aussi  »porteurs de valise du FLN » c’est-à-dire qu’ils transportaient, dans des valises, l’argent que le FLN avait volé à de pauvres Algériens afin que le FLN achète des armes avec cet argent …et des villas en Suisse!..Inutile aussi de rappeler le  »génocide » fait par Staline!…et celui fait par le FLN(les  »copains » des gauchistes) sur les harkis après la signature des  »Accords d’Evian »!..

  3. An dit :

    Le début de l’article est pourtant très intéressant: pendant longtemps, le BBR n’était pas en odeur de sainteté dans le 85.
    Retailleau, ça revendique le terroir quand il est vendéen mais déni l’identité bretonne du 44, et une réunification.
    La Vendée, premier département de consommation de Pastis et Ricard par habitant (très local tout ça), est un réduit folklorique français qui arrange bien Paris.
    La Bretagne en est un autre mais l’épine celtique n’est pas si arrangeante.
    Encore assez peu dense, le 85 va devenir le département de prédilection de tous les Français de souche indifférenciés qui ne se sentent plus chez eux chez eux, mais en dehors du Puy du Fou et de la gâche, ne vont pas faire d’efforts pour s’intéresser au Marais breton (rebaptisé « vendéen », même logique en cours au niveau local qu’au niveau national) et aux commémorations des massacres républicains.
    Il faudrait d’ailleurs un jour parler de cet abus de langage autour de la Vendée. Encore une manip républicaine pour circonscrire le totalitarisme révolutionnaire à une zone départementale, soit une de ses créations, quand cette révolte était surtout liée aux marches de Bretagne. Il y a eu autant, si ce n’est plus, de combats et massacres dans les Mauges. Si la guillotine ne suffisait plus à Nantes, c’est qu’elle avait déjà rétrécit beaucoup de Nantais. La chouannerie vient du Mayennais Jean Chouan. La Vendée militaire est une évidente réalité et mérite sa reconnaissance, mais elle brouille la réalité en prenant le pas sur la résistance au totalitarisme révolutionnaire. Elle permet à la République française d’instiller dans les esprits que seule un département peu peuplé, particulièrement rural s’est opposé à elle. Alors que des oppositions, réglés dans le sang et les massacres, il y en a eu dans tout l’Hexagone. La Vendée n’aura eu pour seule originalité que d’avoir levé une armée.
    Et deux siècles plus tard, ce département est le premier à revendiquer son héritage, notamment en brandissant son drapeau.
    Je simplifie, certes, mais l’essentiel est là.
    C’est un tour de passe-passe remarquable.
    Que la Vendée commence d’abord par appuyer les demandes légitimes du 44 à rejoindre sa Bretagne et là, elle pourra être crédible.
    En attendant, que Libé taille Retailleau, cela ne suffit certainement pas pour faire du 2nd une caution de justice et de réhabilitation.

  4. Ar Vran dit :

    Ce constat s’applique également avec l’histoire de la Bretagne où le roman national français écrit par les jacobins gauchistes nous fait croire que la Bretagne a toujours voulu être française

  5. MORASSE dit :

    Très bon article… Notons que l’admirable Secher est encore de sortie. C’est oublier quelques autres… à commencer par Jacques Villemain qui a publié, cette année, aux éditions du Cerf, un considérable ouvrage sur les raisons historiques (et politiques) de parler de GENOCIDE…
    Pas la peine d’insulter l’adversaire… Il faut aller au fond des textes qui le confondent… Et c’est tant mieux.

  6. petitjean dit :

    la gauche enragée de 1793 est toujours là !
    pourquoi la France n’a-t-elle jamais été purgée de cette engeance criminelle ?

  7. Pierre dit :

    Très bon article.
    Reste que le fait que Bruno Retailleau ait accédé aux fonctions qu’il remplit signifie qu’il n’a pas l’amour de la vérité jusqu’au dédain de lui-même mais l’amour de lui-même jusqu’au dédain de la vérité, par conséquent il use de la vérité à son avantage ou son bénéfice.

    Je connais très bien certains hommes politiques, y compris très haut placés, ils ont tous cette corruption intrinsèque, cette infection, cette pourriture de ne plus voir que les échéances électorales, même s’ils l’acquièrent tardivement et sous la contrainte de leurs nouvelles fonctions pour certains.

  8. Pierre dit :

    @petitjean pour que la France puisse être purgée de cette engeance criminelle il faut qu’elle le mérite.

    « Il faut recourir à Dieu, qui a pouvoir sur le tyran.
    Que si l’on ne peut absolument pas trouver de secours humain contre le tyran, il faut recourir au roi de tous, à Dieu, qui dans la tribulation secourt aux moments opportuns.
    (…) Il promet en effet à son peuple, par la voix d’Isaïe, qu’Il lui donnera le repos, en le retirant de la peine, de la confusion et de la dure servitude à laquelle il était auparavant soumis. Et il dit, par la voix d’Ezéchiel (XXXIV, 10): « Je délivrerai mon troupeau de leur gueule », c’est-à-dire de la gueule des pasteurs qui se paissent eux-mêmes. Mais, pour que le peuple mérite d’obtenir ce bienfait de Dieu, il doit se libérer du péché, parce que c’est pour la punition des péchés que les impies, par une permission divine, reçoivent le pouvoir, comme le dit le Seigneur par la bouche d’Osée (XIII, 11): « Je te donnerai un roi dans ma fureur », et, au livre de Job (XXXIV, 30), il est dit que Dieu « fait régner l’homme hypocrite à cause des péchés du peuple ». Il faut donc ôter le péché, pour que cesse la plaie de la tyrannie. »
    Saint Thomas d’Aquin, De Regno, Chapitre VI.

  9. Roland Greuzat dit :

    La France aime les historiens qui réécrivent l’histoire dans le bon sens, surtout dans le bon sens. Ils en deviennent les références officielles comme Robert Paxton pour la seconde guerre mondiale et Benjamin Stora pour l’Algerie et la repentance

  10. Prétet Yvette dit :

     »La Gauche » est toujours dans  »le déni » ainsi, récemment, notre ministre de l’Intérieur a traité de BARBARES ceux qui ont blessé un policier, hier, sur les Champs Elysées, qui ont cassé de nombreuses vitrines de magasins, pillé ces magasins, blessé 4 personnes à Grenoble, tué un jeune homme à coups de couteau à Dax, etc.. moi, je trouve que ce terme est exact et non celui de  »petits sauvageons »!..

  11. Maury dit :

    Bravo. Notons que l’allemagne et l’Espagne ong subi le même type de mensonges : adhésion du peuple au nazisme et effacement des bienfaits de Franco. Dont la destruction de plus de 250 constructions hydrauliques qui protégeaient Valence. Faut croire que la gauche ment partout.

  12. Pierre dit :

    @Maury
    Le mensonge est tout simplement de l’ADN de la gauche: « Le mensonge n’est un vice que quand il fait mal. C’est une très grande vertu quand il fait du bien. Soyez donc plus vertueux que jamais. Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment et toujours. » (lettre de Voltaire à Thiriot du 21 octobre 1736)
    Cela était déjà annoncé par les anciens: « Les hommes en vinrent, pour qualifier les actes, à modifier arbitrairement le sens habituel des mots » (Thucydide, III, 82). C’est dans cela que nous sommes plongés, dans une forme follement prégnante de mensonge qui tend à rendre impossible l’usage de son intelligence et à favoriser l’arbitraire.

    La conséquence est évidente: « Tous les grands hommes ont été intolérants, et il faut l’être. Si l’on rencontre sur son chemin un prince débonnaire, il faut lui prêcher la tolérance, afin qu’il donne dans le piège, et que le parti écrasé ait le temps de se relever par la tolérance qu’on lui accorde, et d’écraser son adversaire à son tour. Ainsi le sermon de Voltaire, qui rabâche sur la tolérance, est un sermon fait aux sots ou aux gens dupes, ou à des gens qui n’ont aucun intérêt à la chose. » (Correspondance de Grimm, 1er juin 1779.)
    « Qu’il croie toujours être le maître et que ce soit toujours vous qui le soyez. Il n’y a point d’assujettissement si parfait que celui qui garde l’apparence de la liberté ; on captive ainsi la volonté même. Le pauvre […] qui ne sait rien, qui ne peut rien, qui ne connaît rien, n’est-il pas à votre merci ? […] Ses travaux, ses jeux, ses plaisirs, ses peines, tout n’est-il pas dans vos mains sans qu’il le sache ? Sans doute, il ne doit faire que ce qu’il veut ; mais il ne doit vouloir que ce que vous voulez qu’il fasse. » (Jean-Jacques Rousseau, Émile [1762], l. II) [écrit ayant les enfants à l’esprit mais s’applique à nous tout autant].

    « Les Français, par ailleurs si sceptiques, croient en leur Voltaire » (Thomas Carlyle 1837, ‘Histoire de la Révolution française’ dans laquelle il innovait en faisant du peuple de Paris et non plus des élites révolutionnaires le seul et véritable acteur de la Révolution française, ce qui, bien sûr, est un mensonge, mais qui a force d’être martelé pendant des siècles a fini par être cru, et ainsi son mot est devenu vrai)

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