Les pelouses parfaitement taillées des terrains de golf cachent peut-être une menace silencieuse pour la santé de leurs voisins. C’est ce que suggère une étude américaine publiée récemment dans la revue JAMA Network Open, qui établit un lien entre la proximité d’un golf et un risque accru de développer la maladie de Parkinson.
Un risque doublé à moins d’un mile d’un golf
Les chercheurs ont étudié les dossiers de plus de 400 patients atteints de Parkinson et 5 000 personnes témoins, dans le sud du Minnesota et l’ouest du Wisconsin, entre 1991 et 2015. Résultat : vivre à moins de 1,6 km (un mile) d’un parcours de golf multiplierait par deux le risque de contracter cette maladie neurodégénérative.
Le lien serait encore plus net pour les personnes dont l’eau potable provient de nappes souterraines situées dans des zones où la pollution des sols par les pesticides est connue. Là encore, le risque de Parkinson serait significativement augmenté.
Les scientifiques n’ont pas mesuré directement les taux de pesticides dans le sang ou dans l’eau potable des participants. Toutefois, ils soulignent que plusieurs études antérieures ont déjà mis en cause des substances couramment utilisées pour l’entretien des terrains de golf, comme le chlorpyrifos, le 2,4-D et le mancozèbe.
Ces produits, utilisés en grandes quantités pour maintenir une herbe impeccable, sont soupçonnés d’endommager les cellules nerveuses impliquées dans la maladie de Parkinson. Selon une autre étude menée en 2020, les golfs utiliseraient même plus de pesticides à l’hectare que l’agriculture traditionnelle, en raison de leur exigence esthétique.
Une étude à prendre avec prudence
Des experts indépendants appellent toutefois à la prudence. Le Dr Michael Genovese, médecin à New York, rappelle que l’étude ne démontre pas de lien de causalité formel, car aucune mesure directe d’exposition n’a été réalisée. Il parle néanmoins de résultats « troublants », en phase avec d’autres recherches.
David Dexter, directeur de la recherche de Parkinson’s UK, note aussi que la maladie se développe souvent dix à quinze ans avant l’apparition des premiers symptômes, ce qui rend l’évaluation de l’exposition environnementale complexe. Par ailleurs, la répartition géographique des groupes étudiés était inégale, avec une majorité de patients urbains dans le groupe Parkinson, contre un tiers seulement chez les témoins.
Malgré ses limites, l’étude sonne comme un avertissement. Dans un contexte où les préoccupations environnementales et sanitaires se rejoignent, elle met en lumière les effets potentiels de la pollution diffuse, souvent invisible mais persistante, sur la santé des populations.
Les amateurs de golf n’ont peut-être pas à s’alarmer dans l’immédiat, mais les habitants des lotissements bordant les greens pourraient être légitimement inquiets, d’autant plus que la maladie de Parkinson ne connaît aujourd’hui aucun remède curatif.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine