Il fallait une victoire pour continuer d’y croire. Il y a eu une déroute. Samedi 31 mai, dans un stade de La Rabine pourtant chauffé à blanc, le RC Vannes a sombré face à une Section Paloise bien supérieure, s’inclinant 26 à 52. Une défaite lourde de sens, à la fois dans le score et dans la manière, qui précipite les Bretons au bord du gouffre. À une journée de la fin du championnat, le spectre de la relégation en Pro D2 plane désormais plus que jamais sur le club morbihannais.
Une première mi-temps encore vivante
Les premières minutes avaient pourtant tout du sursaut attendu. Un essai rapide de Uhila, des intentions, de la combativité, et un public debout pour porter son équipe. Mais Pau n’a pas tardé à refroidir l’ambiance. Grâce à ses trois-quarts incisifs, Brau-Boirie et Gailleton notamment, les Béarnais ont rapidement recollé puis pris l’ascendant (mais aussi à noter une nouvelle pénalité non prise par le RCV…) Malgré quelques éclairs — un essai de Lafage, un sauvetage de Porch — les Vannetais ont rejoint les vestiaires avec déjà cinq points de retard (12-17).
Rien n’était perdu à ce moment-là. Mais le pire était à venir.
Le second acte a ressemblé à un enterrement, et c’est Pau qui en a rédigé l’oraison. Sept essais encaissés au total, une défense en lambeaux, des fautes bêtes, des touches perdues, des décisions incompréhensibles (comme ce ballon porté dans les 22m transformé en pénalité… jouée à la main puis perdue), et surtout, un manque de révolte criant.
Car là est bien le drame : ce n’est pas seulement la défaite, c’est la manière. La résignation. L’impuissance. La 25e journée de Top 14 devait être celle du combat de la dernière chance. Elle a tourné à la correction, voire à l’humiliation.
Le prix d’une saison de petites erreurs
Au-delà du revers contre Pau, c’est toute une saison que le RC Vannes risque de payer au prix fort. Il ne s’agit pas ici de refaire le match, mais la saison. Car les points perdus bêtement s’accumulent. Ils sont au moins seize :
– des pénalités refusées face aux perches pour jouer des touches non concluantes,
– des faits de jeu mal gérés dans les dernières minutes,
– une seconde période catastrophique contre l’UBB à La Rabine,
– des bonus défensifs laissés en route sans combativité,
– et cette incapacité chronique à gagner les matchs serrés.
Vannes a joué à se faire peur toute la saison. Le couperet est désormais sur le point de tomber.
Un miracle ou la Pro D2
Mathématiquement, tout n’est pas encore terminé. Vannes devra aller chercher une victoire bonifiée à Bordeaux lors de l’ultime journée. Et dans le même temps, espérer une défaite sèche de Perpignan ou du Stade Français. Autant dire que le salut ne tient plus dans les mains des Bretons. Il s’écrit désormais en pointillés, sur un coin de prière ou de statistique improbable.
À La Rabine, samedi, les larmes de Lafage et de Blanchard disaient tout. Le sentiment d’un adieu. Le sentiment aussi d’avoir laissé filer trop d’occasions de se sauver.
Si la relégation se confirme, il faudra reconstruire car la Pro D2 n’est pas synonyme de remontée immédiate. Oyonnax, Brive, Biarritz, Agen..pour ne citer que ces clubs, en savent quelque chose. Mais aussi, tirer les leçons. Un club qui veut s’installer durablement dans l’élite ne peut plus se permettre d’enchaîner les fautes stratégiques, les obstinations idiotes, les absences de cadres non compensées, les erreurs d’arbitrage non digérées, ni les moments de flottement collectif. Le Top 14 est impitoyable. Vannes en a fait l’expérience, et risque d’en payer le prix fort.
Rendez-vous est pris la semaine prochaine à Bordeaux. Mais c’est tout un peuple vannetais qui se prépare, déjà, au retour en Pro D2. Avec le goût amer de ce qui aurait pu être, mais ne fut pas. Il sera là néanmoins, derrière une équipe qui a, quoi qu’on en dise, fait vibrer le coeur des Bretons cette saison.
YV
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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