Situé dans les marches de la Bretagne, près de la cité fortifiée de Fougères, aux lisières de la Sarthe et de la Normandie, le parc botanique de Haute Bretagne reste encore relativement méconnu.
Une anomalie de notoriété d’autant plus incompréhensible, que ce parc délivre un très haut niveau de prestation au regard du tarif demandé (10 euros).
Toutefois, la récente visite de l’émission « Silence ça pousse », va sans doute finir de lever le voile sur l’une des destinations secrètes, les plus insolites de la Bretagne. Longtemps demeuré dans l’ombre d’illustres concurrents comme le célèbre parc oriental de Maulévrier près de Cholet, le parc botanique Haute Bretagne cultive en toute discrétion sa singularité.
Fort de ses 25 hectares et de ses 24 jardins à thèmes, ce parc de haute volée, fait pourtant jeu égal avec les plus grands, et la réputation encore confidentielle, de ce lieu improbable devrait gagner en ampleur dans les années à venir.
Un projet fou
En 1994, l’agronome Alain Jouno fait l’acquisition du manoir de la Foltière, moins pour le sinistre bâtisse grisâtre du 19ème siècle, tout juste mis en relief par un austère fronton au style néo-classique, mais davantage pour son parc de 25 hectares, livré depuis plusieurs décennies à la friche.
Alain Jouno, se lance dès lors, dans un projet pharaonique de création d’un parc botanique avec une ambition d’ouverture fixée sur un délai très succinct.
À cette fin, le vaste étang qui occupe une position centrale dans le parc est curé, s’ensuit la constitution d’un réseau émissaire d’alimentation des étangs adjacents, donnant lieu au cadre du jardin oriental notamment.
La vaste programmation des plantations se poursuit sur les premières années à un rythme effréné, visant à permettre une ouverture rapide du parc. Car dès le début de son titanesque dessein, Alain Jouno est en butte avec les impératifs d’autofinancement du parc, que peine à garantir la faible affluence des débuts. Engagé dans une œuvre au long-cours, il doit ainsi sacrifier à de lourds investissements.
L’entreprise est d’autant plus risquée et méritoire, qu’Alain Jouno ne s’appuie sur aucuns subsides de l’Etat et porte sur ses deniers personnels, les risques de ces investissements colossaux. Malgré tout, les premières années de fonctionnement parviennent à alimenter un petit fonds de roulement qui maintiendra au fil du temps, la continuité du grand programme de plantation.
24 jardins à thème disséminées sur 25 hectares
La longue déambulation de 2 heures parmi les différents tableaux agrestes procure un ravissement pour les yeux, mais aussi pour l’odorat, sur la période idéale de la floraison du début du printemps (mars et avril). L’étonnante diversité des jardins à thèmes, transpose ainsi le visiteur dans des univers floraux à la croisée des cultures du monde. On laissera au visiteur la primauté des nombreuses surprises qu’offrent ce parc, tout juste pouvons-nous évoquer quelques temps forts qui scandent la longue flânerie de deux heures.
Le parc obéit à une partition géographique qui distingue les jardins du levant d’inspiration orientale, de ceux du couchant relevant de la culture méditerranéenne. Le cheminement débute dans les jardins antiques à l’ordonnancement rigoureux, le jardin des 1001 nuits se découvre avec son alignement de bassin et dépayse d’emblée le visiteur. C’est en mars que le labyrinthe de Dionysos requiert que l’on s’y perde, au milieu de son dédale de camélias.
La spectaculaire bambouseraie établit la transition avec les jardins orientaux aux arbres magnifiquement taillés. Les jardins orientaux offrent par leur magnificence arboricole le point d’orgue de cette longue pérégrination au milieu de d’un écrin de nature ouvragé par la main de l’homme. La visite s’achève par une halte au château de la Foltière, qui propose une petite restauration, et à l’heure du Tea -Time, la possibilité de prendre le temps d’une pause gourmande. L’intérieur du château au lustre plus convaincant que son extérieur abrite aussi quelques chambres d’hôtes.
Démiurge du passé et legs au patrimoine national
Sans conteste, Alain Jouno fait partie de cette grande collection d’originaux qui dédient leur vie à une œuvre vouée à rejoindre les petits bijoux de notre patrimoine national. Le parallèle avec le facteur Cheval est assez tentant, celui qui a érigé dans la Drôme, de ses propres mains, un palais oriental complètement fou, devait partager la même abnégation pour parvenir avec des moyens dérisoires, à construire un ouvrage d’art voué à lui survivre. Outre la beauté des réalisations, l’admiration qui en découle participe de ce décalage entre la faiblesse des moyens consacrés et le caractère spectaculaire de ces chefs d’œuvre issus de la sphère privée, il ne tient qu’aux curieux de partir en quête de ces réalisations improbables…
Raphno
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2 réponses à “Le Parc botanique de Haute Bretagne, le trésor caché des marches de Bretagne”
J’en ai fait la visite il y a quelques années, ce parc vaut assurément le détour.
Toutes mes félicitations à Monsieur Jouno.
La Sarthe, la Mayenne… c’est pareil, c’est le Maine :D