Une nouvelle étude scientifique parue dans la revue Circulation: Cardiovascular Quality and Outcomes vient de lever un voile inquiétant mais porteur d’espoir : après un infarctus ou un épisode cardiaque sévère, rester assis plus de 14 heures par jour double le risque de rechute ou de décès dans l’année qui suit. À l’inverse, remplacer seulement 30 minutes de sédentarité par une activité physique – même légère – pourrait diviser ce risque par deux.
Quand rester assis tue à petit feu
Menée par une équipe de chercheurs de l’Université Columbia à New York, l’étude a suivi plus de 600 patients ayant survécu à une crise cardiaque ou souffert de douleurs thoraciques sévères. Équipés de capteurs portés au poignet pendant un mois après leur sortie de l’hôpital, les participants ont vu leurs niveaux d’activité physique scrutés avec précision.
Les résultats sont sans appel : les patients les plus inactifs (15,6 heures de sédentarité par jour en moyenne) ont présenté un risque de décès ou de nouvel événement cardiaque (de type syndrome coronarien aigu) deux fois plus élevé que les patients les plus actifs (11,7 heures de sédentarité).
Bouger un peu, c’est déjà beaucoup
L’un des enseignements majeurs de cette étude est qu’il n’est pas nécessaire de courir un marathon pour améliorer ses chances de survie. Remplacer une demi-heure assise par du ménage, une balade ou même une sieste entraîne déjà une baisse significative des risques :
- −50 % de risque en remplaçant la sédentarité par une activité légère
- −61 % de risque avec une activité plus soutenue (marche rapide, jardinage)
- −14 % même en remplaçant le temps assis… par du sommeil !
Car le repos joue aussi un rôle crucial dans la récupération, rappelle le professeur Keith Diaz, auteur principal de l’étude. Le sommeil favorise la réparation du corps et du cerveau, essentielle après une atteinte cardiaque.
Le docteur Robert Segal, cardiologue à Manhattan, explique le mécanisme physiologique : rester assis longtemps diminue le flux sanguin dans les jambes, ce qui augmente les risques de caillots, élève la pression artérielle et fatigue les vaisseaux sanguins. Il compare le système circulatoire à un tuyau d’arrosage : « Tant que l’eau circule, tout va bien. Mais s’il est pincé trop longtemps, la pression monte, les déchets stagnent, et le tuyau finit par céder. »
Des recommandations simples et applicables
L’étude plaide pour un changement de paradigme : aujourd’hui, les recommandations médicales après un accident cardiaque misent essentiellement sur le sport et la rééducation. Mais ce message peut décourager les patients âgés, fatigués ou peu enclins à reprendre une activité intense.
À travers cette recherche, un autre chemin se dessine : celui d’un mode de vie un peu plus actif au quotidien. Se lever plus souvent. Bouger un peu. Dormir mieux. Autant de gestes simples qui ne nécessitent ni abonnement à une salle, ni performance physique, mais qui peuvent faire une différence vitale.
En complément : mieux vivre pour mieux survivre
Pour compléter les effets de l’activité physique, les spécialistes recommandent aussi :
- Une alimentation de type méditerranéen (poissons gras, légumes, huile d’olive)
- Une réduction des aliments ultra-transformés, sucres ajoutés et graisses trans
- Une meilleure gestion du stress chronique
- Une bonne observance des traitements médicaux prescrits
En résumé, le retour à la vie après un infarctus n’est pas réservé aux athlètes ou aux participants aux programmes de rééducation cardiaque. Il peut commencer simplement, chez soi, par le choix de ne pas rester assis trop longtemps. Le mouvement devient alors un médicament, gratuit, accessible, vital.
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