Et si ce que nous considérons comme une gêne ou une saleté pouvait en réalité sauver des vies ? C’est ce que révèle une série d’études scientifiques fascinantes autour du cérumen qui pourrait bien révolutionner la médecine préventive.
Le cérumen, miroir insoupçonné de notre santé
Longtemps ignoré par la recherche médicale, le cérumen, cette substance sécrétée naturellement dans notre conduit auditif, s’avère être un réservoir biologique riche en informations. Il ne se contente pas de protéger l’oreille des poussières et des insectes : il est désormais démontré qu’il reflète l’état métabolique global du corps humain.
Depuis 2019, le professeur Nelson Roberto Antoniosi Filho, chimiste à l’université fédérale de Goiás (Brésil), mène des recherches pionnières sur ce qu’il nomme le « Cérumenogramme » : une méthode d’analyse du cérumen permettant d’identifier des marqueurs biologiques liés à des maladies graves comme le cancer, le diabète, ou même Alzheimer. Le cérumen permet de détecter un cancer à n’importe quel stade, voire même avant qu’il ne se déclare affirme le professeur, qui a analysé plus de 1 000 échantillons pour valider ses résultats.
Une précision qui dépasse les tests classiques
Dans une étude récente, 27 biomarqueurs présents dans le cérumen ont permis de distinguer à 100 % les patients atteints de cancer des individus sains. Mieux encore, ces analyses permettent de savoir si une tumeur est bénigne ou maligne, si un patient est en rémission, ou si une rechute est en cours.
C’est une avancée majeure face aux limites des examens traditionnels souvent coûteux, invasifs et inaccessibles dans certaines régions du monde. Le cérumen, lui, est stable, se conserve bien, et s’extrait facilement.
L’un des enjeux était de rendre cette technologie accessible. C’est ce à quoi travaille le Dr Andrés Herane-Vives, psychiatre et chercheur basé à Londres, qui a mis au point un dispositif d’auto-prélèvement de cérumen. Les patients peuvent collecter leur propre échantillon, l’envoyer par la poste à un laboratoire, et obtenir un diagnostic complet, notamment pour surveiller le diabète ou le stress chronique.
Selon Herane-Vives, le cérumen reflète les taux de glucose dans le sang avec 59 % plus de précision que le test HBA1c, pourtant utilisé mondialement pour diagnostiquer le diabète.
Une révolution silencieuse… pour l’instant
Si certaines personnes produisent peu ou pas de cérumen, les chercheurs travaillent déjà sur des moyens de pallier cette limite. Au Brésil, cette méthode est d’ores et déjà utilisée dans de grands hôpitaux publics comme l’hôpital Amaral Carvalho pour diagnostiquer et suivre les patients atteints de cancer.
D’ici quelques années, le « cérumenogramme » pourrait devenir aussi courant qu’un test sanguin dans les systèmes de santé. Les chercheurs vont même jusqu’à imaginer un futur où nos écouteurs audio intégreraient des capteurs analysant notre santé en continu via notre cérumen, nous alertant en cas de déséquilibre, au rythme d’un air de samba pour signifier une bonne santé.
Dans un monde médical en quête de diagnostics précoces, de traitements personnalisés et de réduction des coûts, l’analyse du cérumen apparaît comme une solution simple, peu coûteuse, non invasive et d’une redoutable efficacité. En France comme ailleurs, il est probable que les années à venir voient se développer ce nouveau champ de la médecine préventive. Une preuve de plus que parfois, les plus grands trésors médicaux se cachent là où l’on regarde le moins.
Crédit photo : pixabay (cc)
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