Wegovy et Mounjaro, deux médicaments récemment commercialisés en France, marquent une rupture dans la prise en charge de l’obésité sévère. Réservés jusqu’ici à des spécialistes en endocrinologie-nutrition, ces traitements pourraient bientôt être prescrits par des médecins généralistes. Selon Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé, l’élargissement de la prescription est en cours de finalisation « avant l’été », dans le cadre du futur plan national de lutte contre l’obésité prévu pour septembre.
Ces traitements hebdomadaires, administrés par injection, sont des analogues du GLP-1. Ils induisent une perte de poids significative : « les essais cliniques ont montré une perte de 15 % en moyenne pour Wegovy, et de 21 % pour Mounjaro », a indiqué début juin le professeur Emmanuel Disse, spécialiste à Lyon, auprès du magazine 60 Millions de consommateurs. Pour un patient de 120 kg, cela correspond à 18 à 25 kg de poids en moins, des résultats proches de ceux obtenus par chirurgie bariatrique. Toutefois, leur coût élevé (jusqu’à 336 € par mois) et l’absence de remboursement en France en limitent l’accès. Leur usage est réservé aux patients dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur ou égal à 35.
Appels à la prudence face aux risques de dérive
Du côté des professionnels de santé, l’accueil reste prudent. Luc Duquesnel, président de la branche généralistes de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), rappelle via Le Figaro : « Nous prescrivons déjà l’Ozempic […], qui possède le même ingrédient actif que le Wegovy. » Mais Jean-Christophe Nogrette, président du syndicat MG France, prévient : « Ces médicaments ne sont pas des Doliprane, ils ne doivent pas être pris de façon anodine. »
L’enjeu est d’éviter les usages détournés, comme ceux observés avec l’Ozempic, prescrit pour le diabète mais utilisé à des fins esthétiques. En France, « 30 % des prescriptions » seraient « hors des clous », selon Jean-Christophe Nogrette. Le risque de reprise de poids en cas d’arrêt est également élevé : « au bout d’un an, environ 70 % du poids perdu est repris », explique le professeur Disse. Il s’agit en effet d’un traitement au long cours . Plusieurs voix appellent à instaurer une formation spécialisée pour les prescripteurs et à sanctionner les usages abusifs.
Des effets secondaires rares, mais pris au sérieux
Une vigilance accrue s’impose aussi sur le plan médical. Des études récentes ont mis en lumière un risque accru de troubles oculaires liés aux médicaments à base de sémaglutide (principale molécule du Wegovy et de l’Ozempic). Une recherche publiée dans JAMA Ophthalmology rapporte un risque plus que doublé de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) chez les diabétiques âgés. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a confirmé un effet indésirable très rare : la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION), susceptible d’entraîner une perte de vision brutale.
Le comité de pharmacovigilance de l’EMA (PRAC) recommande une mise à jour des notices et l’interruption immédiate du traitement en cas de symptômes visuels inexpliqués. Bien que le risque soit faible (environ un cas supplémentaire pour 10 000 années-personnes de traitement, une année-personne correspondant à une personne prenant du sémaglutide pendant un an), il justifie un suivi attentif, en particulier pour les patients âgés ou à antécédents cardiovasculaires.
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3 réponses à “Médicaments contre l’obésité : avancée médicale ou risque mal encadré ?”
Vouloir guérir d’une maladie sans éliminer les causes qui l’ont produites, ne sert qu’à enrichir bigpharma ! Mais il est plus simple de prendre des médocs que de se prendre en charge !
Au lieu de promouvoir un nouveau médicament miracle contre l obésité qui va encore enrichir les labos, il serait préférable d initier la population – et ceci dès l’enfance- à une bonne hygiène alimentaire.
Tout à fait d’accord mais…il faut changer d’alimentation et malheureusement ces grosses pièces d’artillerie on les trouve à peupler les HLM. L’alimentation c’est aussi l’éducation.